Sankofa Danzafro
@ Place des Arts

 

Detrás del Sur
Danzas par Manuel
Rafael Palacios

CRITIQUE
[ Danse ]
Élie Castiel

★★★★

Comices africaines

 

Une frénésie contagieuse.
Crédit : Marcela Gómez

Hommage à l’afro-descendance de l’Amérique latine, autant celle de la Colombie et, en filigrane, du Brésil, les deux plus important du continent. La force, c’est bien les us et coutumes d’un peuple, la danse qui constitue non seulement une apologie du mouvement, mais un rituel qui se perd dans la nuit des temps; un rapport sensuel et vénéré entre le corps et l’esprit, là où la sexualité ne retient aucun tabou.

Comme si du coup, la Nature reprenait ses droits, attribuait à la physicalité ses attributs les plus fondamentaux, comme ceux de bouger, de sentir les viscères, les forces intérieures, comme si la communication entre les pouvoirs supérieurs de l’esprit se confondaient dans une cérémonie qui n’a d’égale que la continuité d’un ancien récit, d’où la redondance chorégraphique et le rythme musical.

Une transe en quelque sorte. C’est cela pour bien saisir ce moment d’exaltation africaine.

Si les messages politiques se terrent dans un ailleurs occulté qu’on ne saisit pas concrètement, le bruit et la fureur sont présents dans cette chorégraphie de Rafael Palacio, hommage à « l’œuvre littéraire de l’écrivain Manuel Zapata Olivella (1920-2004), Changó el Gran Putas » (sic),  un récit de l’exil africain vers le Nouveau Monde. Confirmant ainsi que dans tous les exils, des hommes et des femmes de lettres témoignent des ces déplacements de population.

Le rituel comme engagement social.
Crédit : Marcela Gómez

Dans le cas de « Danses pour Manuel », une chorégraphie qui rejoint sans doute la rage des mots, la poésie imagée, la sensualité des corps et la aux choses de l’esprit qui se dégagent des expatriés, proscrits peut-être ou allez voir les raisons.

Si le mouvement est répétitif, il est pris soin par le son de quelques musiciens magnifiquement habiles qui, sans doute, reflètent leur son sur quelques spectateurs. De la première rangée du Balcon, on constate quelques têtes bouger discrètement.

Et c’est sans doute dans ces rituels inventés, ces offrandes sanctifiées, que la souffrance humaine, l’exaspération de l’exil, les tourments de l’âme peuvent finalement trouver une sensation d’apaisement.

L’importance des costumes, surtout ceux portés par les femmes, où le blanc parfois domine, reflète l’association entre le corps vêtu et l’acharnement contre lui, ou mieux encore, dans sa disposition à faire bouger le rituel. L’entité physique, corps, esprit et déguisement, sans oublier les masques le plus souvent portés participent de cet étrange jeu de correspondances à ce qui est plus puissant que le Terrestre.

Et c’est sans doute dans ces rituels inventés, ces offrandes sanctifiées, que la souffrance humaine, l’exaspération de l’exil, les tourments de l’âme peuvent finalement trouver une sensation d’apaisement.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
Chorégraphie
Rafael Palacios
Assistance chorégraphique
Yindira Perea Cuesta
Interprètes
Danseurs et danseuses de
Sankofa Danzafro
Éclairages & Scénographie
Álvaro Tobón

Costumes
Diana Echandia
Musique
Juan Jos Luna Coha
Kevin Leandro Cortes
Harold Enrique Tenorio

Durée
1 h

[ Sans entracte ]
Public (suggéré)
Tout public
Diffusion & Billets @
Danse Danse

[ Théâtre Maisonneuve ]
Jusqu’au 24 février 2024

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]