Maria

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 7 février 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Maria n’est plus une enfant et pas encore une adulte lorsqu’elle enflamme la pellicule d’un film sulfureux devenu culte : Le Dernier tango à Paris, d’un certain Bernardo Bertolucci.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★

Jeune fille bien

sur tous rapports

 

Deux longs métrages avant Maria, Les yeux fermés (2012) et le remarqué Revenir (2019), attestant l’idée selon laquelle Jessica Palud s’intéresse notamment au social et à ses imbrications sur l’individu, particulièment en ce qui concerne la femme.

En adaptant Tu t’appelais Maria Schneider, le roman de Vanessa Schneider, cousine de la principale protagoniste dans Maria, le pari était gagné d’avance, quitte à laisser récalcitrants quelques spectateurs et une partie de la critique institutionnalisée.

Et pourtant, force est de souligner que dans ce troisième long métrage, probablement son meilleur, Palud aborde un cas de mise en scène biographique rarement facile à illustrer : un miroir jeté aux yeux des spectateurs selon le point de vue d’une femme, ici, la principale intéressée, et non pas toutes ces anecdotes que nous avons pu lire sur le sujet à travers le temps, jusqu’à la fin tragique de Maria Schneider, en 2011.

Une chose rarement montrée au cinéma, sans artifice, par un geste, une expression du visage de l’étonnante et très douée Anamaria Vartolomei, promise au plus bel avenir, quelque chose qu’on sent plus qu’on voit. C’est ça aussi le cinéma, et particulièrement la façon de mener la réalisation dans ses retranchements les plus secrets.

Faire subir aux spectacteurs les codes complexes du regard, de ce qu’il peut absorber comme renseignement. Entre chaque partie, ou chapitre, ou séquence, dites comme vous le sentez, un fondu (écran) au noir investit l’écran quelques brèves secondes pour passer à autre chose. Comme si on feuilletait les pages d’un livre (sans doute le roman de Vanessa du même nom) en choisissant quels extraits retenir.

Des petits jeux qui pourraient mal tourner.

Un choix chromatique, le brun foncé, glauque, pour envelopper les images d’un film imparfait qui, justement, est valorisé par ses imperfections, à l’image même de son héroïne, puisqu’il s’agit d’une battante, accumulant les choses du sexe et de la vie avec un étonnante résilience, non pas par un sentiment d’échec, mais au contraire, retenant de ces expériences de vie, une sorte d’endurance, ou mieux encore esprit de résistance face à un rapport hommes-femmes, dans certains cas, peu favorables, notamment dans le milieu artistique, et notamment dans les cercles cinématographiques de l’époque – les étranges années 1970 – Sur ce point, Jessica Palud tente de se rapprocher le plus proche de cette époque.

Pourquoi un film sur ce sujet aujourd’hui ? Alors que le mouvement #moiaussi semble de nos jours battre de l’aile, du moins en apparence, la réalisatrice ramène le sujet sur la sellette, comme s’il était question de ne pas se laisser abattre par ces nouvelles tendances actuelles voulant laisser croire que le phénomène a fait son temps.

Le film de Jessica Palud, une œuvre presque fantomatique, de par ses images, la musique ambivalente d’un Benjamin Biolay totalement atteint par le sujet, mais surtout par la présence d’une jeune comédienne dont la physicalité extraordinaire et la grâce lui cèdent une longueur d’avance sur d’autres comédiennes de sa génération.

Pour mettre en évidence, même si à notre avis, Maria est finalement un film pudique, les remous de la célèbre scène dans Le dernier tango à Paris, Bernardo Bertolucci n’y va pas de main morte ; le réalisateur du film est joué par Giuseppe Maggio, convaincant, et qu’on ne verra que peu dans Maria ; Marlon Brando, le partenaire dans ces ébats sexuels qui, à l’époque avaient fait grande sensation auprès du grand public pour son accès au film interdit aux moins de 18 ans est campé par un Matt Dillon plus vrai que nature.

Et on se demande qu’avant le tournage du film, il était clair que le vrai sujet du film était de mettre en scène l’éblouissement sexuel incontrôlé entre un homme d’un certain âge et une jeune femme dans un appartement parisien quasi vidé de son ameublement. Autant Brando que Schneider avaient consenti.

En fin de compte, la mise en abyme entre Le dernier tango à Paris et le film dont il est ici question, n’est pas aussi claire que nous aurions voulu, mais c’est là où l’astuce de la mise en scène laisse voir ses limites. Mais peut-être aussi que c’est un rappel que Palud avait été assistante de Bertolucci dans Dreamers, la dernière réalisation de taille du metteur en scène italien.

Le film de Jessica Palud, une œuvre presque fantomatique, de par ses images, la musique ambivalente d’un Benjamin Biolay atteint par le sujet, mais surtout par la présence d’une jeune comédienne dont la physicalité extraordinaire et la grâce lui cèdent une longueur d’avance sur d’autres comédiennes de sa génération.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jessica Palud

Scénario : Jessica Palud, Laurette Polmanns.
D’après le roman de Vanessa Schneider
Tu t’appelais Maria Schneider
Direction photo : Sébastien Buchmann

Montage : Thomas Marchand
Musique : Benjamin Biolay

Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
France
Année : 2024 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)
V.o. : français, anglais; s.-t.a. / s.-t.f.
Being Maria

Jessica Palud

Dist. [ Contact ] @
Immina Films
[ Les Films de Mina ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Visa de classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]