Never Rarely Sometimes Always
PRIMEUR @ 14
Sortie
Vendredi 3 avril 2020
SUCCINCTEMENT
Issue d’une petite ville de Pennsylvanie, Autumn, une adolescente, se rend à New York avec sa cousine Skylar afin qu’elle puisse subir un avortement.
VOD
de la semaine
texte
Élie Castiel
★★★★
Un titre aux résonnances prédominantes qui revendique la notion d’espace-temps, d’où son absence de ponctuation entre chaque adverbe. Dans le récit, il fait référence aux questions qu’une assistante sociale pose à Autumn (formidable Sidney Flanigan dans un premier rôle, d’une étonnante acuité) pour la préparer à subir l’avortement qu’elle décidé de faire, et par ailleurs, séquence-clé du film qui ouvre des horizons souvent nébuleux sur les rapports hommes-femmes. Effectivement, des laps de temps sans virgules comme pour signifier le dénominateur commun aux quatre, sans explications inutiles, allant directement à l’intelligence des spectateurs.
Déjà, avec Beach Rats / Les bums de la plage (2017), Eliza Hittman nous avait grandement impressionné par sa mise en scène intransigeante, aux accents parfois homoérotiques, mais savamment contrôlée, subtile, ne subissant pas les foudres du sensationnalisme.
Les tiraillements intérieurs
Ici, la réalisatrice va encore plus loin. Le gros plan et l’image rapprochée n’ont jamais été aussi puissants, mais plus encore revendiquant leur identité filmique pour mieux saisir la psyché des personnages, particulièrement dans le cas d’Autumn. Oui, en effet, Autumn, qui veut dire « automne », en accord parfait avec ce que vit la protagoniste intérieurement, un sentiment de grisaille, d’incertitude, mais en même temps une sorte de chemin de croix (sans sa signification théologique) intime qui la conduira vers une libération.
Libre de faire ses propres choix. Et il n’est pas surprenant que le film soit essentiellement tourné dans un New York tentaculaire, comme jamais filmé auparavant (excellent travail de la directrice photo, la Française Hélène Louvart, la même que dans Beach Rats. On comprend alors la complicité entre la mise en scène et l’image, comme si l’une dépendait de l’autre pour mener à bien le projet, comme si ces deux facultés filmiques se révélaient au monde.
Il y a quelque chose non seulement d’indéfectible dans ce film, mais également de candidement sulfureux dans l’atmosphère, dans sa plastique, d’une beauté radieuse malgré le propos. Comme si chaque conversation, chaque geste, chaque pas se mesurait inlassablement au destin, un fatum ingérable.
Une proposition éclatante. Un très grand film.
Et puis aucune morale, aucun jugement ; au lieu, une aventure urbaine poétique, lyrique dans des moments qu’on a rarement eu l’occasion de sentir. Car plus que tout, Never Rarely Sometimes Always est un film qui prend son temps, annonçant la finale, d’une extraordinaire beauté cathartique.
Les hommes sont également présents, mais quasi odieux dans leurs comportements. Non, il ne s’agit pas d’une proposition féministe, mais d’un projet féminin, avec tout ce que cela comporte : relation au corps, peur de l’agression, revendication de l’espace social et intime. La séquence au restaurant après le Variety Show au lycée est d’une éloquence indiscutable, notamment en ce qui a trait à la réaction du personnage principal face à l’oppression masculine. Une proposition éclatante. Un très grand film.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Eliza Hittman
Genre(s)
Drame social
Origine(s)
États-Unis
Grande-Bretagne
Année
2020
Durée
1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : anglais
Never Rarely Sometimes Always
Dist. @
[ Focus Features ]
Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]
Dès le 3 avril 2020 sur les plateformes suivantes
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