Alcarràs

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 24 février 2023

SUCCINCTEMENT.
Depuis des générations, les Solé passent leurs étés à cueillir des pêches dans leur exploitation à Alcarràs, un petit village de Catalogne. Mais la récolte de cette année pourrait bien être la dernière car ils sont menacés d’expulsion.

CRITIQUE.

★★★★ 

texte | Élie CASTIEL

Les fruits défendus

 

Quel beau film que Nos soleils, Alcarràs dans sa version originale, se référant à la commune, quelque part en Catalogne, où cette famille d’agriculteurs, les Solé, voit, du jour au lendemain, leur avenir menacé.

Film politique, bien sûr, mais non pas militant, plutôt axé sur l’émotion, le souvenir de jours meilleurs, sur une époque révolue en raison d’intérêts économiques autres que l’amour de la terre.

Œuvre nostalgique aussi pour la réalisatrice, dont c’est ici le deuxième long métrage, après quelques courts et Été 1993 / Estiu 1993 / Verano 1993 (2017). Si un thème émane de ce second film ample et significatif, en plus d’être actuel, c’est bel est bien les rapports que la jeune cinéaste exerce, thématiquement, entre valeurs sures attachées à la terre nourricière modernité.

Le regard posé vers un horizon incertain.

Caractéristique qui se manifeste également chez les personnages : leurs comportements, leur choix de vie, leur résignation ou au contraire, leur indignation intériorisée. Un plan en particulier, chargée d’émotion palpable et magnifiquement photographié, rassemble les membres de cette famille, les petits comme les grands, de profil, regardant vers un horizon incertain. Image métaphorique d’un monde en pleine transformation, qui ne cesse de s’agiter.

Le 20e siècle ou les fruits de la Terre de ceux et celles qui les récoltent. Le 21e ou celui qui voit tout ce monde disparaître au profit de quelque chose de peut-être éphémère, car jusqu’à présent, toutes nouvelles tentatives de réformes, de changements, de transformations ne durent que peu de temps. C’est sans doute ce qu’a voulu dire Carla Simón, proche du sujet, des personnages, de ce monde qui disparaît pour être remplacé par n’importe quoi.

Seuls restent les membres de cette famille unie, comme toutes les familles du monde, sujette aux disputes et aux différents, mais toujours unie par cet amour des origines.

Le film de Carla Simón est une fable morale, un discours sur une certaine forme de résilience, mais dans le même temps, une ouverture vers un rapprochement à des valeurs faussement regardées comme révolues.

Cet attachement à un environnement rural qui permet, également aux enfants, de créer des mondes parallèles, des petits jeux interdits, à l’instar des magnifiques premiers plans du film, aussi ludiques que pleins d’imagination et qui, dans un certain sens, annonce paradoxalement quelle sera la suite.

Le film de Carla Simón est une fable morale, un discours sur une certaine forme de résilience, mais dans le même temps, une ouverture vers un rapprochement à des valeurs faussement regardées comme révolues.

Un grand merci aux programmateurs du Cinéma du Parc qui prennent le risque de présenter des films que d’autres n’osent pas suggérer. Soyons francs : la culture cinéphilique au Québec est-elle aussi prolifique qu’on le laisse croire? À moins qu’elle ne se trouve dans l'(in)confort individualiste des foyers.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Carla Simón

Scénario
Carla Simón
Arnau Vileró
Direction photo
Daniela Cajiás

Montage
Ana Pfaff
Musique
Andrea Koch

Carla Simón.
Une proposition socialement engagée.

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
Espagne

Italie
Année : 2022 – Durée : 2 h
Langue(s)
V.o. : catalan, espagnol; s.-t.a ou s.-t.f.

Nos soleils

Dist. [ Contact ] @
Cinéma du Parc
[ MUBI ]

Diffusion @
Cinéma du Parc

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]