Anora
P R I M E U R
Sortie
Vendredi 25 octobre 2024
Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe.
Le FILM
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Les jours et les nuits
d’une femme-enfant futée
Avant tout, c’est bien clair : Mikey Madison illumine l’écran, régente le plan selon ses propres envies, exerce un magnétisme sensuel et encore primesautier cher à une adolescence ne laissant pas sa place à une maturité encore en élaboration.
Une femme-enfant, en quelque sorte qui s’en fiche éperdumennt des codes de conduite de la « nouvelle femme américaine ». Un rôle qui lui va à merveille, phrase-cliché, mais que peut-on dire de plus ?
Une Palme d’or cannoise cette année pour Anora, face à deux autres concurrents, dont l’un d’eux, Emilia Pérez, un Jacques Audiard inusité et formidable, doit prendre l’affiche la semaine prochaine, débutant un mois de novembre sous le signe de la course aux prochains Oscars. À vous de décider qui méritait la consécration suprême cannoise.
En attendant, Sean Barker, merveilleux responsable du mythique Red Rocket, entretient ici un rapport idyllique avec le cinéma. Tant dans la narration, qui déconstruit le conte de fées, l’imprégnant (pas du tout un jeu de mot) d’une dose de charnel, de sensations fortes, de frimes, excès gratuits ; c’est un film loin d’être timide, intentionnellement mal élevé, érigeant l’art de l’érotisme dans ses sphères les plus inespérées, soit, pour un film grand public.
Une histoire menée à bâtons rompus, forçant la caméra et le travail de montage à suivre des chemins de traverse qui, en fin de compte, s’avèrent plus longs qu’on ne l’aurait pensé. Ani, qu’on appelle Anora, et que Ivan (très décontracté Mark Eidelshtein), le fils capricieux et lubrique d’un oligarque russe aime bien. Et puis, un mariage à Las Vegas, capitale de tous les coups de tête ; par la suite…
Des situations drôles, des corps féminins qui n’ont aucun problème avec la nudité, des femmes qui affichent leur sexualité. Et la nuit, aux couleurs bleu et rouge, comme porteuse de tous les vices et les vertus qui osent s’afficher contre vents et marées.
Avant tout, c’est bien clair : Mikey Madison illumine l’écran, régente le plan selon ses propres envies, exerce un magnétisme sensuel et encore primesautier cher à une adolescence ne laissant pas sa place à une maturité encore en élaboration.
C’est libertin, sensuel, érotisant, divertissant et surtout sexy. Aucun discours politique, sauf sans doute que les sanctions économiques contre les oligarques russes ne semblent pas avoir vraiment fonctionné. Comme quoi, notre camarade, un certain Poutine, comme on dit en anglais « gets away with murder », ou s’en tire avec n’importe quoi.
Il n’est guère surprenant que Sean Baker, scénariste, assure le montage, s’autorisant, et c’est bien ainsi, un contrôle total sur la suite des images d’un film sensoriel aussi bien que tumultueux. Ça bouge de tous les côtés. L’humour côtoie le sérieux de quelques situations et mine de rien, demeure jusqu’au dernier plan, surprenant.
Et pour une des rares fois, ses messieurs-dames de l’ancienne Régie du cinéma ont bien classé le film : c’est, bien entendu, interdit aux moins de 16 ans. « 18 » ailleurs au Canada. Comme il se doit.
Succès garanti.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Sean Baker
Scénario : Sean Baker
Direction photo : Drew Daniels
Montage : Sean Baker
Musique : Matthew Hearon-Smith
Genre(s)
Comédie dramatique
Origine(s)
États-Unis
Année : 2024 – Durée : 2 h 19 min
Langue(s)
V.o. : anglais, russe; s.-t.f. / s-t.a.
& Version française
Anora
Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures /
FilmNation Entertainment ]
Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 16 ans
[ Érotisme / Langage vulgaire ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]