BARDO.
False Chronicle of a Handful of Truths

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 18 novembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Silverio, journaliste et documentariste mexicain réputé vivant à Los Angeles, doit recevoir un prix international prestigieux, celui-ci rentre dans son pays natal, sans savoir que ce simple voyage va le confronter à une terrible crise existentielle.

Filmer

son

for

intérieur

est

une

question

de

morale

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel
Dans la terrasse d’un hôtel gratte-ciel huppé
de Mexico, on fête le retour au pays d’un
journaliste devenu documentariste alors
que les autorités lui remettent un Prix
honorifique. Le dialogue, en privé, entre
lui et un ancien collègue et camarade
devenu animateur-télé pour des émissions
populaires de grande écoute, s’envenime
pour des raisons que les deux évoquent
sans ambages, droit au but. Pas vraiment
de joute entre les deux, mais se dire enfin
« les quatre vérités ».

Qui n’a jamais, dans le métier, rêvé de ces moments où les crachats qu’on garde en soi, les humiliations retenues, les injustices perçues comme des hasards de la vie alors qu’elles sont, en vérité, le produit de pure discrimination, et toutes ces velléités que nous nous jurons, un jour, de réaliser, finalement s’affranchissent plutôt que de rester au point mort ?

Jamais film d’Alejandro González Iñárrittu ne fut aussi intime, personnel, presque autodestructeur, s’en prenant à son égocentrisme, le narcissisme que de nombreux détracteurs lui accordent, ce retour vers une poésie imagée du Grand cinéma latino-américain. Il parle de lui et de tout, du cinéma et de son rapport à la finitude.

Alejandro G. Iñárritu convoque les Jodorowsky, les Buñuel d’une certaine époque et ces autres cinéastes de la latinité convertie, au cinéma, en un dialogue entre l’art et la vie, entre la métaphore et la réalité transcendée. Cette prise de conscience est présente dans BARDO, qu’on ne verra jamais, que le cinéaste présente comme endroit mythique, là où toutes les réalisations sont permises.

Aujourd’hui, le succès des autres, même si justifié par des réalisations solides et un travail assidu, blesse, déconcerte, se voit comme des atteintes à notre propre travail qui ne sera jamais reconnu. Vrai et faux, car dans un monde majoritairement populiste, comment séparer le bon grain de l’ivraie ?

Le film fonctionne grâce notamment à la resplendissante et magnifique direction photo du franco-iranien Darius Khondji. Ses envolées lyriques parcourent les paysages, les lieux, filmant la gestuelle des individus comme des bouts de chorégraphie rêvée, transcendée par une réalité que seules les images en mouvement s’inventent.

Daniel Giménez Cacho dans une interprétation bouleversante

Beaucoup de paroles. Des silences aussi, explosifs. Du temps pour la fiction traditionnelle. Soudainement reconduite dans la proposition originale par ce refus des conventions.

Disons-le sans ambages. Alejandro G. Iñárritu déconne, emmerde, s’en fiche éperdument de notre réaction. Sa liberté est totale, assumée, souveraine. L’instant est purement cinématographique. Le propos, qu’importe s’il est confus, mêlé comme tous ces instants de vie qui s’amoncellent le plus souvent sans donner du sens.

Car BARDO est une histoire de renaissance (ce corps de bambin qui ne désire que retourner dans le ventre de sa mère, là où il échappera aux sévices du monde), de prise de conscience, d’auto-analyse, et surtout d’observation.

Iñárritu n’a jamais était aussi mélancolique, se posant des questions sur son travail, sur ses réalisations – il en fait état subtilement dans des parties du dialogue – sur le temps qu’’il lui reste à vivre. Pourquoi pas ?

Observer l’état des lieux de la mouvance culturelle, alors que le populisme a atteint des objectifs où la vraie nature de l’art a perdu tout son sens.

Iñárritu n’a jamais était aussi mélancolique, se posant des questions sur son travail, sur ses réalisations – il en fait état subtilement dans des parties du dialogue – sur le temps qu’’il lui reste à vivre. Pourquoi pas ?

BARDO est un rêve sur sa vie, sur son travail, sur sa famille, sur ses amours, ses enfants, ses parents. En fait, tout ce qui réunit tout grand artiste aux communs des mortels.

Constamment dans BARDO, le plan est une question de morale. Quant à la signification du sous-titre, à chacun, à chacune des tirer ses propres conclusions.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Alejandro González Iñárritu

Scénario
Alejandro G. Iñárritu
Nicolás Giacobone

Direction photo
Darius Khondji

Montage
Alejandro González Iñárritu
Monica Salazar

Musique
Bryce Dessner

Alejandro G. Iñárritu

Alejandro González Iñárritu.
Vers un ailleurs soigneusement imaginé.

Genre(s)
Drame poétique

Origine(s)
Mexique

Année : 2022 – Durée : 2 h 40 min

Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.a. ou s.-t.f.

BARDO.
Fausse chronique de quelques vérités
BARDO.
Falsa crónica de unas cuentas verdades

Dist. [ Contact ] @
Netlix
[ Equinoxe Films ]

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]