L’écoute d’une émotion
@ Espace GO

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

Les

pièges

de

l’impromptu

texte
Élie Castiel

Le texte de Marie-Laurence Rancourt renferme toute la quintessence organique des sens et des émotions. Il extirpe les mots qu’on peut penser et dire, les émois qui tentent de se cacher sous des ombres mal ajustées.

Et pour la speakerine de cette émission de radio, quotidiennement, dès la nuit tombée, au gré plus des envies que des conventions, se créé un personnage masculin. Elle le sculpte à gros traits, mais par pinces subtiles pour créer une silhouette naturelle. Elle le décortique jusqu’aux moindres détails. Notre côté « voyeur » se déploie contre notre volonté. Et on y adhère sans désobéir.

En fait, non, pas un silhouette aussi naturelle, une forme humaine surtout, comme elle aurait voulu qu’elle soit. Avant tout, il y a la comédienne, extraordinaire Larissa Corriveau, au corps acrobatique comme on voit peu au théâtre.

Le moindre geste nous touche, la même pose nous émeut. Elle conjugue ses mouvements à ses paroles. Le constat est d’autant plus jubilatoire que l’auditoire, puisque nous assistons en quelque sorte à une émission de radio, est silencieux. Les personnes présentes semblent avoir suivi les directives de la metteure en scène même si ce n’est pas le cas.

S’assurer qu’on écoute.
Crédit : @ Marlène Gélineau Payette

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Le projet Riopelle
@ Duceppe

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

texte
Élie Castiel

De

l’ombre

à

la lumière

 

Si dans le milieu de la culture, les Grecs fêtent le 100e anniversaire de la naissance de Maria Callas, au Québec, c’est sur l’incontournable Jean-Paul Riopelle que les regards se posent pour ce centenaire.

Le projet Riopelle, titre on ne peut plus ambigu pour la plupart. En somme, la pièce la plus attendue de la saison théâtrale québécoise. Plus que jeu, un tableau en format tryptique, comme dans certaines icônes byzantines, et là s’arrête l’analogie. Riopelle ou l’éclatement d’une liberté, la mise en action de l’irrévérence, la hardiesse contre certaines institutions. Un mouvement contre le liberticide institutionnalisé.

Et comme on peut s’y attendre, un rapport intellectuel à l’Hexagone où éclatent les années du dadaïsme triomphant et autres formules picturales qui, finalement, représentent en quelque sorte les points forts du 20e siècle.

Atteindre un certain universalisme.
Crédit : @ Danny Taillon

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Le rêveur dans son bain
@ Théâtre du Nouveau Monde

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★ ½

texte
Élie Castiel

Un

tour de force

magistral

De deux choses l’une : soit qu’on adhère totalement à l’univers fantasmagorique créé par l’imaginaire de Hugo Bélanger, entre pudeur et sophistication, et l’implication enthousiaste des comédiens, ou au contraire, avoir des réserves au point de ne pas se laisser convaincre par un récit qui repose sur peu, du moins en apparence.

J’ose abdiquer face au premier choix. L’inventivité de la démarche dans Le rêveur dans son bain opère comme ça avait été le cas dans l’exemplaire Le tour du monde en 80 jours, au même TNM il y a quelque temps. Sillonner le terrain de l’imaginaire, sans avoir recours à un parcours psychologique et existentiel des personnages (même si ce n’est pas totalement le cas) peut parfois être salutaire. Même le plus « rationnel » des spectateurs (et des critiques) peut se laisser séduire par l’engouement du créateur dont une des devises est de contenir l’auditoire en constante euphorie. Véritables tours de prestidigitation, projections vidéo, dessins en formes de BD qui s’incrustent quasi littéralement et viscéralement à l’intérieur des personnages, formant ainsi des mises en abyme (de plus en plus utilisées dans les spectacles sur scène) où les protagonistes semblent vivre de doubles réalités.

Une ondine (Wu-Maheux) qui prend forme humaine et Octave (René)
Crédit : @ Yves Renaud

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