Deux femmes en or.
La Licorne

 

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★

texte
Élie Castiel

 

En 1970, quelques mois avant la Crise d’octobre,  le film de Claude Fournier sort à Montréal, accusant un immense succès populaire. Plus de 50 ans plus tard, qu’en est-il de la libre et contemporaine adaptation pour la scène de Catherine Léger?

 

L’ennui

et sa

diversion

l’érotisme

 

Sommes-nous en mesure de sérieusement remettre en question une telle proposition? Donnons aux créateurs le libre choix; nous aurons ainsi la conscience tranquille. Deux femmes en or, la pièce, est en quelque sorte un débat en pièces détachées sur les nouveaux codes sexuels, la notion de famille traditionnelle, sur le couple, bien sûr, sur la sexualité de la femme et celle, pas si évoluée, de l’homme. Lui, le chasseur, ayant droit à tous les acquis qui se perdent dans la nuit des temps; elles, les chassées, les conquises, rêvant aujourd’hui, de sérieusement remettre en question l’éveil de « ravissement » (sic), cette partie de l’être parfois un peu oubliée.

La mise en scène de Philippe Lambert réunit quelques courts sketches, chacun finissant par un éclairage quasi éteint précédé d’une sorte de jingle musical. Comme à la radio ou à la télé.

Mise en situation pour un public populaire, encore plus justifié par le dialogue, direct, droit au but, les métaphores sexuelles on ne peut plus suggestives les unes que les autres.

Isabelle Brouillette (Florence) et Sophie Desmarais (Violette).
Apprendre des trucs en lisant et en écoutant.
Crédit : suz@zoneill.com

La Première médiatique assemble un public conquis d’avance. On rit aux bons moments, on jubile lorsque des vérités se dévoilent. Les comédiennes font tout en leur pouvoir pour apporter à leurs personnages ce côté entre la séduction contrôlé et la liberté presque totale de mouvement.

Les hommes, eux, sont plus chanceux, comme d’habitude : ils n’ont qu’à mal se tenir, comme toujours. Le conjoint de Violette (remarquable Sophie Desmarais, dans un rôle atypique qu’elle défend avec une rigueur exemplaire), donne l’opportunité à Mathieu Quesnel d’investir sur la corporalité, d’autant plus qu’il a d’autres personnages à camper. Jeu(x) solide(s).

Idem pour l’imbattable et versatile Steve Laplante, le conjoint de Florence, plus émancipée que Violette, soutenue par la verve inspirée et le verbe facile d’une Isabelle Brouillette en pleine possession de tous ses moyens.

Soudain, à l’improviste, les langues se délient, les corps s’assument, les gestes de la sexualité s’affichent au grand jour.

Et Charlotte Aubin, l’autre du mari de Violette. Aubin apporte à son personnage une sexualité ouverte et libre de tout compromis. Serait-ce là la nouvelle sexualité de la femme d’aujourd’hui.

Le cinéma et le théâtre québécois ne parle pas souvent des affaires du sexe; et s’ils le font, c’est par intermittence, symboles parfois confus, indirectement. Avec Deux femmes en or, la pièce, le public d’aujourd’hui est confronté à cette réalité. Soudain, à l’improviste, les langues se délient, les corps s’assument, les gestes de la sexualité s’affichent au grand jour.

À la toute fin, à leur façon, Violette et Florence informent le public, particulièrement féminin, que le changement peut être miraculeusement bénéfique.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Catherine Léger

D’après le scénario de Claude
Fournier & Marie-Josée Raymond

Mise en scène
Philippe Lambert

Interprètes
Charlotte Aubin, Isabelle Brouillette
Sophie Desmarais, Steve Laplante
Mathieu Quesnel

Lumières
Martin Sirois
Décor
Jean Bard
Costumes
Audrée Villeneuve
Musique
Ludovic Bonnier

Durée
1 h 20 min

[ Sans entracte ]

 

 

Diffusion & Billets
@ La Licorne

(Grande salle)
Jusqu’au 20 mai 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Landscape Grindr.
La Chapelle

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

 

N’eût été de la véritable proposition, le spectacle aurait paru superflu, banal, se dirigeant de tout côté pour nous laisser totalement désorientés.

 

La répétition
texte
Élie Castiel

 

Une âme, certes, et transperçant l’espace dramaturgique pour s’approprier ses véritables thèmes : la violence sexuelle, l’état de notre planète, le déchaînement des écrans multiples dans nos vies. Tous ces « bobos » existentiels, sociaux et politiques qui nous font mal.

Et en arrière-plan, un regard sur le métier du jeu dramatique. L’improvisation est-elle possible? Devrait-elle s’imposer partout?  Ce rapprochement intentionnel, volontaire avec le public trouve en tout cas ses adeptes, particulièrement chez les Milléniaux, aux tendances inclusives, tout à fait réceptifs à s’identifier aux personnages. On comprend l’emballement ce soir de Première médiatique.

Pour le critique, quel que soit son âge, un tour de magie pour pouvoir cerner les tenants et aboutissants de ce de drôle de spectacle qui, malgré tout, possède sa propre dose de séduction et assume sa gestuelle aussi librement que de façon provocante.

Michael Martini.
En toute conscience.
Crédit : Felix Bonnevie

Suite

Rome

 

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★ ½

Plus

dure

sera

la chute

 

« Le Politique disparaît de nos vies, de nos fictions et de notre art, il devient tabou, comme si, face au grand chambardement, nous avions peur qu’il nous donne des réponses dont nous ne voulons pas. Comme si réfléchir au Politique, en discuter, nous précipiterait dans l’effondrement. »
Brigitte Haentjens

texte
Élie Castiel

Tout est là, directement annoncé dans ce constat on ne peut plus inquiétant, insensible à la nature même de notre démocratie, de notre liberté, de nos valeurs. Et pourtant, encore aujourd’hui, partout dans le monde occidental dit « libre », des revendications de toutes sortes, des appels citoyens à une meilleure société dépourvue de pouvoir despotique comme c’est le cas dans certaines régions du monde.Suite

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