Le Bodyguard

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★

Pour…

Houston

texte
Élie Castiel

Même si son nom évoque des origines grecques, Alexander Dinelaris est né d’un père arménien et d’une mère cubaine, lui attribuant sans aucun doute des influences en matière de goûts musicaux. En 2012, il signe néanmoins le livret de l’adaptation musicale du film The Bodyguard (1992), le grand succès populaire de Lawrence Kasdan.

Dix ans plus tard, Première à Montréal, en français (sauf, bien entendu, pour les chansons), sur une mise en scène de Joël Legendre. Comme si on assistait à film américain doublé en français. Là n’est pas l’intérêt du spectacle. Car presque toutes les répliques ou évènements majeurs (enfin, façon de parler) sont auréolés de chansons célèbres, dont la plupart accompagnées de chorégraphies.

Le décor et l’apport vidéo, créé par le groupe Normal Studio opte pour le spectaculaire, vouant à l’influence-Broadway une sorte de culte; comme une liturgie du spectacle qui ne vise qu’au pur divertissement.

Le fil conducteur de ce projet intéressant, ce sont les chansons, dont I will always love You (nous avons droit aux deux versions, la Dolly Parton et bien sûr, la Whitney Houston). Sous Legendre, fan avéré de la star de la chanson, ces moments sont autant de matière à rêve que de faire plaisir à un auditoire conquis d’avance.

Crédit : Annie Diotte

Ce soir de Première médiatique, une ivresse, un rendez-vous avec cet étrange rapport qui lie amoureusement public et scène. Et lorsque le tout est rassembleur, grand public, toutes classes sociales confondues, hommes et femmes, hétéros comme LGBTQ, l’énergie est farouche, la compatibilité du point de vue tout à fait contagieuse et plus que tout, un refus catégorique de ne pas briser l’atmosphère.

Les problèmes du quotidiens disparaissent. Les problèmes politiques, connaît pas. Les crises sociales, au Diable! Seule compte cette ardeur aussi furieuse que contenue, ces sons qui nous parviennent comme des promesses tenues.

Ça s’appuie sur des recettes et des codes bien établis. Dans le rôle de Rachel Marron, Jennifer-Lee Dupuy brille par son rapprochement étonnant avec la Grande Dame de la chanson pop . Dans celui de Frank Farmer, Frédérik De Grandpré est convaincant, assez droit pour se laisser tenter par un rôle taillé sur mesure. Sans oublier le reste du casting, impeccable, mais conscient que les chansons sont le principal sujet du spectacle.

Les problèmes du quotidiens disparaissent. Les problèmes politiques, connaît pas. Les crises sociales, au Diable! Seule compte cette ardeur aussi furieuse que contenue, ces sons qui nous parviennent comme des promesses tenues.

On pense aussi que, peut-être, une partie du public aurait préféré assister à une version anglaise, donc originale, du spectacle, quitte à surtitrer le dialogue. Dans ce type de show-à-la-Broadway, c’est moins crédible dans une autre langue. Mais bon, les choses sont telles aujourd’hui que…

Les chorégraphies, endiablées, toutes parfaitement exécutées. Les chansons… comme si on assistait à des versions-Houston, la vraie. Et dans l’ensemble, une proposition qui honore et assume avec goût et sensibilité son statut grand public. Mais surtout avec enthousiasme et sincérité.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Livret
Alexander Dinelaris

D’après le film The Bodyguard
(1992), de Lawrence Kasdan

Traduction
Christophe Ladan

Mise en scène / Adaptation
Joël Legendre

Interprètes principaux
Jennifer-Lee Dupuy, Frédérick De Grandpré

Sharon James, Maëva Grelet
Bill Devaney, Normand Carrière
Mathieu Lévesque, Jeyden Henry
Roman Viau Diadhiou, Tommy Durand

Éclairages
Martin Boisclair

Décor
Normal Studio
Costumes
Sylvain Genois
Chorégraphie
Steve Bolton

Durée
1 h 50 min

[ Incluant entracte ]

Diffusion & Billets
@ Espace St-Denis

(Théâtre St-Denis)
Jusqu’au 15 avril 2023

Supplémentaires
du 23 novembre au
 03 décembre 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Insoutenables longues étreintes

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Bleu

nocturne

On se connaît ou on se rencontre. On baise ou à peu près. Ou complètement. Autant les femmes que les hommes décrivent leurs intimités. Si l’on se fie à la réaction ce soir de Première, ça parle aux spectatrices et aux spectateurs d’une salle remplie à craquer.

Avant le début, le présentateur évoque brièvement la guerre en Ukraine et précise que l’auteur de la pièce, le Russe Ivan Viripaev comptait, dans son pays, verser ses droits d’auteur à un fonds pour aider les Ukrainiens. Cause perdue, comme on le sait, avec ce que cela comprend comme conséquences.

À compter de ce moment, du moins pour l’auteur de ces lignes, on ne peut enlever sa pensée de la situation actuelle et tenter de trouver des parallèles avec la pièce.

Viripaev, proche de la cinquantaine, marginal, séjours fréquents en prison. Par intuition, une plume libre, dévergondée, parallèle, sans retenue, prête à provoquer, intentionnellement ou pas, le plus entêté des récalcitrants.

De New York à Berlin, quatre jeunes adultes, mûrs et vaccinés, sentent le besoin de se soumettre à une sorte d’auto-confession, particulièrement en ce qui a trait aux affaires du sexe : je le fais, je le fais pas, je jouis, je ne jouis pas, par en arrière ou pas, j’avale à peine ou presque pas et toutes sortes d’afféteries qui débanalise le quotidien.

Vers une fusion incontournable.
Crédit : Maxim Paré Fortin

Si d’une part, ces joutes érotiques peuvent finir par laisser (bien que certains spectateurs ce soir-là semblaient, constamment, avoir les oreilles bien tendues), on se rabat sur la magnifique mise en scène de Philippe Cyr, expert en la matière.

Une construction architecturale où domine le bleu, parfois agrémenté vicieusement de rouge. Dans le jeu, une pure chorégraphie des corps, des éloignements l’un et l’une des autres. Soudain, des rapprochements. On se raconte, on parle sur les autres. On devine les suites de ces histoires d’amour et de « simple cul », de « baise ». Qu’importe, la mise en scène se joint inlassablement à l’écriture de Viripaev.

Impulsion (comme le manifeste si bien le personnage tenu par Christine Beaulieu), intuition… C’est autour de ce constat que la pièce de Viripaev amoncelle les objets de son propos, comme il le fait pour les personnages dans une sorte d’apothéose finale qui les unit dans une sorte d’univers parallèle en devenir.

Toutes ces propositions, pour survivre, pour épater la galerie et s’épater soi-même. Bien entendu, comme on peut s’y attendre, d’un point de vue hétéronormatif; de nos jours, c’est important de le soulever.

Deux comédiennes sensationnelles, Christine Beaulieu et Joanie Guérin. L’espace scénique (une sorte de quadrilatère qui tourne parfois en rond) leur appartient et elles s’amusent à le déconstruire à leur guise.

Ne pas ignorer l’autre.
Crédit : Maxim Paré fortin

Il y a aussi Marc Beaupré et Simon Lacroix. Pour eux, ce polygone leur donne le droit d’exister. Ils infusent leur goût, comme tous les hommes, du sexe jouissif. Des moments de tendresse, existent-ils dans ces Insoutenables longues étreintes? Peut-être que oui, mais pas dans l’univers présent.

Déjà, le titre avertit le public des véritables intentions. Encore une fois, la mise en contexte de Cyr exploite merveilleusement bien les arcanes d’un récit qui n’en est pas un.

Impulsion (comme le manifeste si bien le personnage tenu par Christine Beaulieu), intuition… C’est autour de ce constat que la pièce de Viripaev amoncelle les objets de son propos, comme il le fait pour les personnages dans une sorte d’apothéose finale qui les unit dans une sorte d’univers parallèle en devenir.

Et pour l’auteur de ces lignes, il y a peut-être là des signes avant-coureurs d’un conflit armé qui cherche inépuisablement à retrouver ces territoires presque perdus d’une démocratie atteinte.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Ivan Viripaev

Traduction
Galin Stoev, Sacha Carlson
À partir de Nevynosimo dolgiye ob’’yatiya

Mise en scène
Philippe Cyr

Interprètes
Christine Beaulieu, Marc Beaupré

Joanie Guérin, Simon Lacroix

Lumières
Cédric Delorme-Bouchard
Décor
Odile Gamache
Costumes
Wendy Kim Pires
Musique
Vincent Legault

Durée
1 h 50 min

[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets
@ Prospero

(Salle principale)
Jusqu’au 22 avril 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Aladdin

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

texte
Élie Castiel

Broadway

Forever

Qu’importe, quoi qu’on en dise, qu’importe les réserves que nous voudrions émettre, « Broadway » restera « Broadway ». Chorégraphies, effets visuels, humour bon enfant. Nous sommes au royaume du rêve, de l’insouciance et du pur spectacle.

Marcus M. Martin (Génie).
Crédit : Deen Van Meer
(@ Disney)

Et lorsqu’il s’adresse également aux enfants, comme c’est le cas pour Aladdin, tiré du film éponyme d’animation, le plaisir est d’autant plus garanti. La mise en scène, autant celle dramatique que des combats, s’ajuste aux mouvements du cinéma, plus précisément aux images animées : mêmes rythme, cadence, mesure, un tempo qu’on décèle dès le début et qu’on observe jusqu’à la fin.Suite

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