English

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Signes

prometteurs

d’ouverture

Une équipe de Canadiens originaires d’Iran. Belle percée, ici, dans le domaine de la diversité dans le domaine culturel, également une approche directe et sentie avec le sujet. Mais dans le même temps, peut-être un inconvénient.

Le décor de Anahita Dehbonehie, également metteure en scène avec le Canado-argentin Guillermo Verdecchia, est parfait : vieille salle où ont lieu les cours de TOEFL si connus des nouveaux arrivants. On suit les hauts et les bas d’une classe en particulier – toutes des femmes, et un seul homme.

Rires, explosions de bonne humeur, accents excédants, anglais approximatif, petites flèches d’amour subtilement lancées du seul mâle envers l’enseignante, plutôt réservée.

Et puis English, la seule langue qu’il faut utiliser.Suite

Ainadamar

CRITIQUE.
[ Opéra ]

★★★★

texte
Élie CASTIEL

Entre

réalisme sobre

et

lyrisme percutant

Marguerita Xirgu, une des actrices préférées de Federico Garcia Lorca, une muse spirituelle qui inspire son écriture, sa pensée, sa façon de voir le monde. Quelque temps avant le déclenchement de la guerre civile espagnole, en 1936, elle s’exile en Amérique Latine.

Aujourd’hui, le compositeur argentin Osvaldo Golijov (de mère roumaine et de père ukrainien) s’est-il inspiré de ses racines étrangères pour mettre en musique un opéra sur les liens intellectuels entre la comédienne et l’écrivain? Ou peut-être bien que poussé par la force d’écriture de David Henry Hwang. Une question de convergence.

Toujours est-il que musicalement, Aidanamar (tiré de l’arabe : la fontaine des larmes), la première incursion-opéra de Golijov se démarque par cet amalgame de sonorités classiques et de pièces flamenco (musique et chants). Quelque chose inscrit dans l’ADN national d’un pays qui, malgré les quelques dissensions dans l’idéologie politique (même au sein d’une même famille), conserve inconsciemment des élans culturels communs, notamment en termes d’héritage musicale.

Les dérives de l’emprisonnement et la fougue du flamenco comme force motrice.
Crédit : Opéra de Montréal

Œuvre hybride que Aidanamar, évoquant parfois le riche passé arabo-andalou d’une Espagne plurielle où les trois religions monothéistes s’assemblent et se ressemblent dans leur cause commune : la conviviensa.
Ce n’est peut-être pas trop évident dans l’œuvre en question, mais à force de réfléchir à ses origines (comme c’est le cas de l’auteur de ces lignes), ces particularités ne peuvent s’empêcher de transparaître.

Le chœur, totalement féminin, renvoit à deux aspects bien précis : celui  important des femmes dans la guerre civile (on doit se rappeler de la célèbre Pasionaria) et en quelque sorte, l’homosexualité (à peine effleurée ici) de Lorca, une particularité qui lui permet accès à la créativité et en même temps, malgré le danger, le pousse à demeurer en Espagne – n’avait-il pas une prédilection pour les Gitans? Entre désir caché et danger imminent, le poète préfère le risque.

Une exécution symbolique.
Crédit : Opéra de Montréal

La mise en scène de Brian Staufenbiel, entre celle bien codée de l’opéra traditionnel et la zarzuela ne cesse de se chevaucher au cours de ses 80 minutes que dure le spectacle. Chant, zapateado et musiques hybrides se conjuguent au même temps, s’incrustent aux personnages et donnent à cette finale, d’une force dramatique inégalée, puissante, toute la culture d’une Espagne, certes catholique, mais libérée malgré tout du dogme fondamentaliste.

Le chœur, totalement féminin, renvoit à deux aspects bien précis : celui important des femmes dans la guerre civile (on doit se rappeler de la célèbre Pasionaria) et en quelque sorte, l’homosexualité (à peine effleurée ici) de Lorca…

En somme, la durée est importante dans Aidanamar. Son court trajet renvoit à son propre sujet : pouvait-t-on vraiment s’étendre largement sur une idée, une pensée, quelque chose qui traverse notre esprit, comme ça? C’est ce qui a sans doute prédisposé David Henry Hwang a composer le libretto d’une œuvre, dans un sens, figée dans le temps.

Voyez bien ce qu’il se passe aujourd’hui dans la planète.

FICHE ARTISTIQUE PARTIELLE
AIDANAMAR

Compositeur
Osvaldo Golijov

Livret
David Henry Hwang
Cheffe d’orchestre
Nicole Paiement

[ Orchestre symphonique de Montréal
& Chœur de l’Opéra de Montréal ]
Mise en scène
Brian Staufenbiel

Distribution
Emily Dorn (Margarita Xirgu)
Luigi Schifano (Federico Garcia Lorca)
Alfredo Tejada (Ramón Ruiz Alonso)
Alain Coulombe (José Tripaldi)
Jaime Sandoval (Torero)
Geoffrey Schellenberg (Maestro)

Décors
Brian Staufenbiel

Pierre Massoud
Costumes
Dominique Guindon
Éclairages
Claude Accolas
Vidéo
David Murakami
Chorégraphie
Rocio Vadillo

Production
Opéra de Montréal

 

Durée
1 h 20 min

 [ Sans entracte ]

Diffusion @
Place des Arts
[ Théâtre Maisonneuve ]

Représentations
 Jusqu’au 26 mars 2023

19 h 30

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Abraham Lincoln va au théâtre

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★ ½

 

Par les temps qui courent, une curiosité. Une énigme théâtrale. Intentionnellement déjanté. Énigmatique. Toutes narrations ou le manque de narration dans le désordre. Tous les excès sont permis. Une pièce dans tous ses états qui se permet mille et une variations. Déséquilibre.

Univers

distinctement

parallèles

texte
Élie CASTIEL

Larry Tremblay ou l’excès dans l’écriture. Une imagination sans bornes qui, le temps de cet essai expérimental, joue avec la forme, les codes de la mise en scène, les allusions à divers sujets (La bohème de Puccini, Laurel et Hardy, Al Pacino… et qui ou quoi d’autre).

Pour les uns, débile. Pour les autres, un coup de génie. Pour mettre un peu d’ordre dans tout cela, des comédiens survoltés, totalement convaincus par la proposition. Prêts à tout pour se laisser guider par l’imaginaire de Catherine Vidal, totalement absorbé par le texte de Tremblay.

Une question de contrôle.
Crédit : Yves Renaud

Une scénographie des plus brillantes (bien que pas innovante). Le miroir sur fond de scène renvoit aux spectateurs assis au balcon. Une véritable déconstruction de la célèbre « mise en abyme », cette fois-ci théâtrale. Entre le projet et l’auditoire, une complicité qui s’établit sans peine.

En 2008, à Espace Go, ils étaient trois comédiens. Dans la version-TNM, ils sont quatre. Luc Bourgeois (Laurel, le mince), Manly Soleymanlou (Hardy, le gros), Bruno Marcil (Lincoln) et une sorte d’alter ego de lui-même, mais rendu afro-canadien, Didier Lucien – un autre Abraham L. qui se bat contre vents et marées et, faut-il l’admettre, vole la vedette en peu de temps.

Un échange totalement déconstruit.
Crédit : Yves Renaud

Entre le comique vaudeville, la farce impudique, le mélodrame burlesque, cette entreprise de déconstruction se digère assez bien ou le contraire, selon votre tempérament. Pourtant, à chaque univers créé, sa propre logique.

Qui joue Marc Killman, le metteur en scène dans la pièce? Bruno Marcil (c’est certain) ou Didier Lucien (c’est évident). Ou les deux? – dans le programme de la soirée, il n’est pas indiqué. Tremblay désorganise notre logique et nous somme d’entrer dans son univers où les apparences sont trompeuses.

Et à quelle pièce assistait Abraham Lincoln le soir de son assassinat? : Our American Cousin, en français, Lord Dundreary : Notre cousin d’Amérique, de Tom Taylor.

Pour ne pas répéter le cliché : une pièce exigeante. Mais au-delà de cet adjectif, sans doute aussi qu’une métaphore politique, un regard sur la vacuité des institutions, des valeurs sociales et des projets individuels.

Une impressionnante maturité dans la proposition, mais sciemment bercée par le jeu du risque, à la fois casse-gueule et pourtant si créatif si on ose s’y aventurer.

ÉQUIPE DE CRÉATION
Texte
Larry Tremblay

Mise en scène
Catherine Vidal

Assistance à la mise en scène
Alexandra Sutto

Interprète(s)
Luc bourgeois (Laurel)
Mani Soleymanlou (Hardy)

Bruno Marcil (Abraham Lincoln)
Didier Lucien (autre Abraham Lincoln)

Décor
Geneviève Lizotte

Costumes
Julie Charland

Éclairages
Étienne Boucher
Vidéo
Thomas Payette (Mirari Studio)

Durée
1 h 50 min

[ Sans entracte ]

 

Diffusion & Billets
@ TNM

Jusqu’au 08 avril 2023

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

 

 

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