Respect

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Retour sur la vie complexe et la carrière d’Aretha Franklin, la Reine du Soul.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

            Une petite fille, amenée par son père, descend de sa chambre puis seule, se promène dans les différentes pièces du rez-de-chaussée, reconnaissant certaines personnes et écoutant des anecdotes. Retrouvant son paternel, celui-ci la présente à ses invités comme une chanteuse prometteuse. La prestation d’Aretha à 10 ans ravit l’auditoire.

Les jalons d’une vie

C’est par cette séquence que la réalisatrice et metteure en scène de théâtre Liesl Tommy lance cette biographie de la chanteuse. Le scénario de la dramaturge Tracey Scott Wilson est très chronologique menant l’héroïne par monts et par vaux. La reconstitution de l’époque est bien menée, nous entraînant de la grosse maison du père ministre baptiste influent de Détroit aux manifestations religieuses dans certaines églises dans lesquelles tous les ressorts de la liturgie dans ces offices, prêches, chants gospel et réponses rapides des paroissiens participent à la réunion des corps et des âmes.

C’est dans ce terreau qu’Aretha a grandi, souvent éloignée de Barbara, une mère aimante, musicienne et chanteuse de gospel. Une mort et d’autres événements traumatisants minent la confiance de la jeune femme qui s’affranchit tout d’abord de la dictature paternelle. La cinéaste Tommy réussit à recréer avec art et précision les conditions de production et d’échange au Studio Muscle Shoals en Alabama.

Hudson apparaît déjà comme une candidate sérieuse à l’Oscar.

Apprendre des autres pour réussir.

L’accord timide puis grandissant entre la chanteuse et ces musiciens villageois du Sud mènera ensuite à l’enregistrement d’albums majeurs, de chansons iconiques et à l’attribution de haute lutte à Franklin du surnom mérité de Queen of Soul. Les joies et les peines continuent de surgir et de se combattre dans une existence où l’artiste travaille trop également pour participer directement et financièrement à la lutte des droits civiques.

Jennifer Hudson, par son implication de tous les instants, recrée une Aretha complètement plausible, habitée dans laquelle les divers étapes de l’existence sont reflétées dans des changements de coiffure, de lunettes et d’habillement. Hudson apparaît déjà comme une candidate sérieuse à l’Oscar. Forest Whittaker qui, naguère fut un très grand Charlie Parker dans Bird de Clint Eastwood, oppose le mur de son opacité à cette fille qui veut sortir de son emprise. Les autres acteurs apportent un soutien constant à ce portrait plus complexe qu’il apparaît à première vue de cette Grande Dame de la chanson.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Liesl Tommy

Scénario
Tracey Scott Wilson

D’après une idée de Callie Khouri
et de Tracey Scott Wilson

Direction photo
Kramer Morgenthau

Montage
Avril Beukes

Musique
Kris Bowers

Genre(s)
Drame biographique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2020 – Durée : 2 h 26 min

Langue(s)
V.o. : anglais & Version française
Respect

Dist. [ Contact ]
Universal Pictures Canada

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Seize printemps

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Suzanne, 16 ans, étudiante au lycée, se lie d’amitié avec un homme qu’elle croise souvent devant le théâtre du quartier. Que peut-il arriver dans cette relation?

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

De grâce chatoyante

et candide impudeur

            Fille de deux sommités du cinéma français, Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon. Mais bon, ça arrive dans le meilleur des mondes possibles. Charlotte Gainsbourg, heureux partage entre Jane Birkin et Serge Gainsbourg.

De son père, Suzanne Lindon a appris le métier de comédienne, mais elle est aussi, ici, derrière la caméra. Objectif proche d’elle presque de façon continue, comme si l’appareil devenait une sorte d’instrument de protection. Elle est présente dans Seize printemps, une histoire d’amours interdites comme les Français savent si bien les raconter, car ils sont friands de tout ce qui se rapporte à l’amour et aux affects de l’âme. Une tradition qui ne se perd pas. Et nous ne sommes que plus contents.

La 16e année de l’existence, c’est la découverte d’un corps féminin, d’un voyage à entreprendre vers la sexualité, vers l’attrait de l’autre, de l’homme, de l’autre sexe [ sur ce point, une relation homosexuelle intergénérationnelle aurait sans doute provoquer un scandale, mais cela est une autre histoire ]vers un univers où les compromis et particulièrement avec les codes de la morale peuvent être enfreints au nom du passage d’un âge de la vie à l’autre. Résister à tout.

Séduire et se laisser séduire. Entrer dans la peau d’un personnage de 16 ans alors que dans la vraie vie, lors du tournage, elle en avait, si je ne me trompe, 21 ans. Qu’importe puisque le cinéma est aussi un jeu de miroir, un puzzle qu’on tente de reconstruire ou encore même de déconstruire, selon les formes qu’exige notre imagination.

Frôler subtilement l’excitation de l’interdit.

Il y a elle, Suzanne (magnifique Suzanne Lindon), toute de délicatesse savoureuse et de calculs implicites, de manigances adolescentes et de chatoiements innocents. Et puis Raphaël (très convaincant Arnaud Valois), l’homme de théâtre, bien entendu plus âgé, mais pas excessivement quand même, frôlant l’excitation de l’interdit, l’infamie inavouée de la transgression. Encore une fois, des maux dont traite souvent le cinéma hexagonal.

N’oublions pas les parents de Suzane, campés par deux interprètes que nous vous laissons le soin d’apprécier, Florence Viala et Frédéric Pierrot, investis autant dans leurs rôles respectifs que subtilement perdus dans celui de leur parentalité.

Mais surtout un film de cinéma, non pas de façon directe, mais nourri de quelques nuances comme une affiche de film dans la chambre de Suzanne, nous rappelle que c’est d’un film qu’il s’agit et qu’au cinéma tout est permis (ou presque). Et qu’on se laisse influencer, même indirectement par ses cinéastes qui furent.

Et dans le même temps, la nette conviction que cette incursion dans les mêmes métiers que ses parents est une proposition sérieuse, à ne pas prendre à la légère, un geste d’amour et de partage entre les images en mouvement et la vraie vie.

Et comme cadeau, Lindon-fille jongle merveilleusement bien avec la comédie musicale, question d’essayer le tout pour le tout. Quelques pas dansés comme pour marquer le rythme d’une relation paradoxale à la fois impossible et pourtant souhaitée.

Pour Suzanne Lindon, un geste non pas pris au hasard d’une débordante imagination, mais au contraire, savoir jouer avec le corps, sa propre physicalité qui change sans cesse et ces désirs qui se chamaillent pour finalement atteindre un équilibre sain. Et comme cadeau, Lindon-fille jongle merveilleusement bien avec la comédie musicale, question d’essayer le tout pour le tout. Quelques pas dansés comme pour marquer le rythme d’une relation paradoxale à la fois impossible et pourtant souhaitée.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Suzanne Lindon

Scénario
Suzanne Lindon

Direction photo
Jérémie Attard

Montage
Pascale Chavance

Musique
Vincent Delerm

Genre(s)
Chronique sentimentale

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 17 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Spring Blossom

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Annette

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 06 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Le couple formé de Ann et Henry accueille la naissance d’un premier enfant, Annette, une fillette qui va bouleverser leur vie.

| LE FILM
de la semaine.

| CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

            Le film surprend, étonne, hante, désoriente et dans le même temps agace. Des sentiments contraires qui font le cinéma de Leos Carax ; à 60 piges, il demeure fidèle à une tradition qui a forgé son œuvre, éclectique puisque ses goûts visuels et narratifs sont multiples, homogènes dans leur continuité ou mieux vaut dire, la quête d’une cohésion ou encore assiduité qu’il s’est construite depuis 1984 avec le sidéral Boy Meets Girl.

           Presque quatre décennies d’une carrière longue d’à peine six longs métrages, incluant le film d’ouverture au récent Festival de Cannes, Annette, gagnant du prix de Meilleur réalisateur. Comme d’autres cinéastes de sa génération et de sa stature, Carax résiste au temps, c’est-à-dire à l’âge qui ne semble pas avancer, maintenant non pas une jeunesse éternelle, mais plus encore une sensibilité et une intelligence de l’esprit qui, elles, ne se comptabilisent pas.Suite

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