Seize printemps

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 13 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Suzanne, 16 ans, étudiante au lycée, se lie d’amitié avec un homme qu’elle croise souvent devant le théâtre du quartier. Que peut-il arriver dans cette relation?

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

De grâce chatoyante

et candide impudeur

            Fille de deux sommités du cinéma français, Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon. Mais bon, ça arrive dans le meilleur des mondes possibles. Charlotte Gainsbourg, heureux partage entre Jane Birkin et Serge Gainsbourg.

De son père, Suzanne Lindon a appris le métier de comédienne, mais elle est aussi, ici, derrière la caméra. Objectif proche d’elle presque de façon continue, comme si l’appareil devenait une sorte d’instrument de protection. Elle est présente dans Seize printemps, une histoire d’amours interdites comme les Français savent si bien les raconter, car ils sont friands de tout ce qui se rapporte à l’amour et aux affects de l’âme. Une tradition qui ne se perd pas. Et nous ne sommes que plus contents.

La 16e année de l’existence, c’est la découverte d’un corps féminin, d’un voyage à entreprendre vers la sexualité, vers l’attrait de l’autre, de l’homme, de l’autre sexe [ sur ce point, une relation homosexuelle intergénérationnelle aurait sans doute provoquer un scandale, mais cela est une autre histoire ]vers un univers où les compromis et particulièrement avec les codes de la morale peuvent être enfreints au nom du passage d’un âge de la vie à l’autre. Résister à tout.

Séduire et se laisser séduire. Entrer dans la peau d’un personnage de 16 ans alors que dans la vraie vie, lors du tournage, elle en avait, si je ne me trompe, 21 ans. Qu’importe puisque le cinéma est aussi un jeu de miroir, un puzzle qu’on tente de reconstruire ou encore même de déconstruire, selon les formes qu’exige notre imagination.

Frôler subtilement l’excitation de l’interdit.

Il y a elle, Suzanne (magnifique Suzanne Lindon), toute de délicatesse savoureuse et de calculs implicites, de manigances adolescentes et de chatoiements innocents. Et puis Raphaël (très convaincant Arnaud Valois), l’homme de théâtre, bien entendu plus âgé, mais pas excessivement quand même, frôlant l’excitation de l’interdit, l’infamie inavouée de la transgression. Encore une fois, des maux dont traite souvent le cinéma hexagonal.

N’oublions pas les parents de Suzane, campés par deux interprètes que nous vous laissons le soin d’apprécier, Florence Viala et Frédéric Pierrot, investis autant dans leurs rôles respectifs que subtilement perdus dans celui de leur parentalité.

Mais surtout un film de cinéma, non pas de façon directe, mais nourri de quelques nuances comme une affiche de film dans la chambre de Suzanne, nous rappelle que c’est d’un film qu’il s’agit et qu’au cinéma tout est permis (ou presque). Et qu’on se laisse influencer, même indirectement par ses cinéastes qui furent.

Et dans le même temps, la nette conviction que cette incursion dans les mêmes métiers que ses parents est une proposition sérieuse, à ne pas prendre à la légère, un geste d’amour et de partage entre les images en mouvement et la vraie vie.

Et comme cadeau, Lindon-fille jongle merveilleusement bien avec la comédie musicale, question d’essayer le tout pour le tout. Quelques pas dansés comme pour marquer le rythme d’une relation paradoxale à la fois impossible et pourtant souhaitée.

Pour Suzanne Lindon, un geste non pas pris au hasard d’une débordante imagination, mais au contraire, savoir jouer avec le corps, sa propre physicalité qui change sans cesse et ces désirs qui se chamaillent pour finalement atteindre un équilibre sain. Et comme cadeau, Lindon-fille jongle merveilleusement bien avec la comédie musicale, question d’essayer le tout pour le tout. Quelques pas dansés comme pour marquer le rythme d’une relation paradoxale à la fois impossible et pourtant souhaitée.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Suzanne Lindon

Scénario
Suzanne Lindon

Direction photo
Jérémie Attard

Montage
Pascale Chavance

Musique
Vincent Delerm

Genre(s)
Chronique sentimentale

Origine(s)
France

Année : 2020 – Durée : 1 h 17 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Spring Blossom

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]