SUCCINCTEMENT. En allant avec sa tante rendre visite à son père dans un village de l’Ouest, Lucky Prescotts, qui vit avec son grand-père depuis la mort de sa mère, se lie d’amitié avec Spirit, un étalon farouche qu’elle entreprend de dompter.
CRITIQUE.
★★ ½
texte Luc Chaput
Des racines et des ailes amincies
Une jeune fille, voyageant dans un train vers l’Ouest américain, aperçoit de sa fenêtre du wagon un splendide étalon galopant. Elle décide de l’admirer de plus près d’un autre endroit dans le train.
Cette jeune appelée Lucky a comme prénom original Fortuna puisque sa mère est une hispanophone cavalière vedette dans un cirque disparue trop tôt. La famille paternelle anglophone est bien connue dans l’Est industriel et Lucky va donc passer chez son père un été à Miradero (Belvédère) dans une région montagneuse mal définie géographiquement. Le cheval vu au début est une variation sur celui du bien meilleur long métrage d’animation de 2002 par Dreamworks, la même société de production Spirit: Stallion of the Cimarron(Spirit : L’étalon des plaines) réalisé par Kelly Asbury et Lorna Cook. Comme il arrive souvent, l’histoire fut reprise sous une autre forme récemment dans une série télé sur Netflix Spirit Riding Free et ce Untamed est donc une troisième mouture et même une quatrième puisqu’il y eut aussi des jeux vidéo.
Un décor naturel mis en scène dans une riche palette.
Le scénario des quatre idéateurs, s’il intègre des éléments hispaniques à l’environnement culturel, loue l’amitié fondatrice entre des jeunes issues de diverses ethnies et la communauté d’esprit entre un animal et un être humain. Il devient rapidement prévisible à la fois à cause du personnage exagéré du vilain et de la fin attendue des aventures. Le décor naturel est mis en scène dans une riche palette.
Certaines séquences de courses-poursuites ou de marches la nuit sur de minces falaises relèvent quelque peu le plaisir de ce long métrage d’Elaine Bogan et Ennio Torresan, aux racines et aux ailes amincies destiné essentiellement à un jeune public. Sur un sujet similaire, Calamityde Rémi Chayé constitue un bien meilleur choix reconnu d’ailleurs par le grand prix d’Annecy l’an dernier.
Sur un sujet similaire, Calamity de Rémi Chayé constitue un bien meilleur choix reconnu d’ailleurs par le grand prix d’Annecy l’an dernier.
SUCCINCTEMENT. Le 18 juillet 1981, Ed et Lorraine Warren se rendent chez la famille Glatzel pour documenter l’exorcisme du petit David, âgé de 8 ans. Dès lors, les forces du mal commencent à se manifester.
SANS COMMENTAIRES.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Michael Chaves
Scénario David Leslie Johnson-McGoldrick D’après une idée de Johnson-McGoldrick et James Wan
Direction photo Michael Burgess
Montage Peter Gvozdas Christian Wagner
Musique Joseph Bishara
Genre(s) Suspense d’épouvante
Origine(s) États-Unis
Année : 2021 – Durée : 1 h 52 min
Langue(s) V.o. : anglais / Version française La conjuration : Sous l’emprise du diable
Dist. [ Contact ] @ Warner Bros. Canada
Classement Interdit aux moins de 13 ans [ Violence / Horreur ]
SUCCINCTEMENT. La dévotion sans faille d’un musicien en quête miraculeuse de la divinité et le courage de combattre sa propre médiocrité par la recherche de l’absolu.
LE FILM de la semaine
CRITIQUE.
★★★★
texte Élie Castiel
Celui de la création, de l’art comme moyen d’affronter la vie, de se faire valoir non pas pour atteindre la célébrité, mais pour qu’une forme ancestrale de musique perdure. Le râga (mot indien à plusieurs significations, attrait, couleur, parfum, passion, selon les circonstances dans lesquelles on se trouve ou on crée. Une musique issue des mythes associés à l’hindouisme, mais spirituelle, métaphysique puisqu’elle correspond à une espèce de transe intérieure, quoique sereine, qui se perd dans la nuit des temps et dans l’Inde actuelle, de plus en plus occidentalisée, qui n’a plus sa raison d’être, sauf pour une infime partie de la population. D’où ces concerts donnés par des vieux maîtres du genre devant une salle pleine, certes, mais ne dépassant pas quelques personnes. D’une autre génération ou une poignée de jeunes conscients de l’importance de cette musique.
De l’impossibilité d’un monde
Et une voix-off qui ne cesse de suivre ce récit sur un jeune chanteur, sans vraiment de talent, qui n’arrive jamais à la prestation parfaite, mais qui persiste dans sa quête selon les enseignements de son père, héritier de cassettes d’une certaine Maai (Maîtresse Sindhubai Jadhav, la voix hors-champ, artiste qui aurait existé et connu une certaine reconnaissance de ses pairs. Le contenu de ces audiocassettes sont une réflexion sur l’art de la création, sur la musique râga en particulier, sur la façon de l’aborder, de la transmettre, de la vivre. Un cadre ascétique auquel le personnage de Sharad Nerulkar – un premier rôle sciemment désincarné pour Aditya Modak, épousant les formes et les contorsions d’une musique particulière – tente d’y accéder pour des raisons qui nous dépassent.
Et Chaitanya Tamhane, dont nous avions hautement apprécié Court / Kort / En instance (2014), proposant ici un courant tout à fait différent, registre qui le conduit dans le monde de la pureté en opposition à celui de l’effet – comme ces concours de Voix de la télé-réalité calqués en Inde comme dans tous les coins du globe, confirmant jusqu’à quel point les bons points marqués par les hordes populistes ont atteint des proportions inimaginables.
Un discours sur l’art en général, sur ce qu’il se défend d’être… sur la spiritualité qu’il accomplit.
Mais Tamhane ne jette pas la pierre sur ce monde de l’affect, du glamour, de la célébrité immédiate à tout prix – séquences du spectacle télévisé – de la publicité de plus en plus envahissante – celle qui attire Sharad au beau milieu de l’autoroute, arrêtant sa moto, réfléchissant sur sa propre vie. Fait-il partie des vivants?
À deux ou trois reprises, on assistera à une scène de masturbation devant son ordinateur, comme preuve qu’il a encore des sensations et que son intérêt pour la musique classique n’a rien à voir avec ce détail. Car épouser un ascétisme légendaire, voire mythique n’est sans doute plus de l’ordre des vivants.
Mais plus que cela, The disciple est avant tout un discours sur l’art en général, sur ce qu’il se défend d’être, de son influence sur la société; sur ce point, le discours de la chanteuse Jadhav sur la spiritualité qu’il accomplit se situe dans une compréhension philosophique du monde, et par extension, de l’existence.
Le parallèle entre les différents âges de la vie de Sharad constitue un parcours chronologique intéressant comme approche de mise en scène. D’une époque à l’autre, pour revenir au point initial et finalement, le désir de prendre épouse et d’avoir un enfant. Scène conciliatrice avec la société, ce qu’elle attend de chaque individu et finalement, se libérer de l’immense complexe de ne pas pouvoir accéder au monde de la création en optant pour une autre façon de concevoir l’art, celui de la passation, ou mieux encore de la transmission par les moyens qu’offrent les nouvelles technologies.
La catharsis se produit, mais pas à la hauteur de nos véritables attentes, précisément à l’image de la vie. Le réalisme, pour Chaitanya Tamhane, emprunte la route de notre éternelle condition.
La séquence avec un critique de musique connu du milieu des arts, est un moment de pure narration dans le film. Il montre jusqu’à quel point les influents peuvent changer la donne. Blâme d’une certaine critique trop imbue d’elle-même? Sans doute, et avec raison. C’est partout dans le monde.
Et puis, la question fondamentale. Disciple, mais de qui? D’un vieux chanteur de ce genre de musique/chant qui croit en lui mais déchante éventuellement lorsqu’il s’aperçoit que le véritable talent est absent. Un vieil artiste qui a vécu seul, et pour son art. Et aujourd’hui, Sharad s’occupe de lui.
De l’anti-Bollywood? Pas nécessairement, puisque ce genre idéalisé a quand même produit des petites perles. Mais un regard autre sur le cinéma indien (ou hindou peut-être), ouvert désormais à toutes les possibilités, comme jadis. Et dans ce sens, Satyajit Ray ne nous avait-il pas honoré avec Le salon de musique / Jalsaghar (1958), une autre variation sur l’attrait de la musique classique indienne.
Un film incomparable à sa propre façon, rectiligne dans sa forme, sinueux dans ses contours, mais comme un rêve éveillé qu’on n’a nulle envie de voir disparaître. Il n’est guère surprenant que le film ait obtenu, en 2020, le Prix du meilleur scénario à la Mostra de Venise.
La catharsis se produit, mais pas à la hauteur de nos véritables attentes, précisément à l’image de la vie. Le réalisme, pour Chaitanya Tamhane, emprunte la route de notre éternelle condition.