Nomadland

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 09 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Veuve, face au chômage qui sévit dans la petite ville d’Empire, au Nevada, Fern adopte une existence de vie nomade, survivant grâce à de petits boulots.

LE FILM
de la semaine.

★★★★

texte
Luc Chaput

Une sexagénaire a un pneu de sa camionnette crevé et cherche de l’aide. Dans le campement, une voisine âgée lui porte secours mais la morigène ensuite parce qu’elle n’a pas de rechange alors qu’elle parcourt les États-Unis dans ce véhicule essoufflé qui est son domicile.

Fern, veuve, vient de quitter cette ville au nom ronflant d’Empire au Nevada maintenant dégonflé par la crise. Elle rencontre, au gré de ses pérégrinations, des habitués de ce type d’existence. Ils et elles font des migrations intérieures chaque année, au gré des saisons et des emplois. La caméra de Joshua James Richards nous fait partager en Scope les beautés sauvages et plus domestiquées de cette immense contrée que sont les États-Unis. Des Badlands des Dakota aux falaises du Pacifique, des immenses champs de l’agriculture industrielle du Midwest entre autres jusqu’aux parcs nationaux ou d’états, ces personnes trouvent des emplois ponctuels, saisonniers au salaire le plus souvent minimum et aux conditions de travail éreintantes.

RENCONTRES

VAGABONDES

Cet aspect documentaire du livre, reportage au long cours de Jessica Bruder, NOMADLAND Surviving America in the Twenty-First Century, est remarquablement intégré par la réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao qui trouve en Frances McDormand, interprète de Fern, le canal idéal pour aller à la rencontre de ces gens du voyage. Le visage sans maquillage de Frances et son rapport simple aux êtres s’accorde remarquablement avec ceux de Linda May, de Charlene (celle de l’épisode du pneu) et de Bob Wells qui sont des personnes rencontrées par Bruder pour son bouquin. Fern s’immisce donc naturellement dans ce groupe, difficile à chiffrer, des laissés pour compte de la crise économique qui n’ont pas retrouvé d’emploi stable à cause de leurs âges et de leurs éducations non adaptées.

 Fern s’immisce dans ce groupe, des laissés pour compte de la crise économique.

Nomadland, western moderne sur l’errance nécessaire ou voulue de ces individus qui ont trouvé cette réponse hétérodoxe aux diktats décriés par Ken Loach dans Sorry We Missed You (Désolé de vous avoir manqué), prend donc naturellement sa place dans la cinématographie américaine aux côtés de Bound for Glory (En route pour la gloire) d’Hal Ashby et The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère) de John Ford, comme balises iconiques d’un monde en mutation.

Ils n’ont pas eu de veine et sillonnent les artères petites et grandes de l’Amérique dans leurs camionnettes ou leurs camping-cars. Fern y croise également Dave, dont David Strathairn souligne par son jeu le côté gauche de son désir plus qu’amical et ces deux esquifs font ainsi un bout de chemin ensemble.

La très petite équipe autour de la cinéaste Chloé Zhao, auteure du remarqué The Rider (Le cowboy), s’est intégrée simplement à ces gens du voyage qui se retrouvent en janvier nombreux à Quartzite en Arizona au Rubber Tramp Rendezvous, où ils partagent astuces, anecdotes et indications pour d’autres lieux de séjour plus ou moins long. Fern, comme Charlene ou Linda, se retrouve également à certains moments seule et ce va-et-vient entre solitude et rencontres module également le long métrage porté par le piano de la musique de Ludovico Einaudi.

Nomadland, western moderne sur l’errance nécessaire ou voulue de ces individus qui ont trouvé cette réponse hétérodoxe aux diktats décriés par Ken Loach dans Sorry We Missed You (Désolé de vous avoir manqué), prend donc naturellement sa place dans la cinématographie américaine aux côtés de Bound for Glory (En route pour la gloire) d’Hal Ashby et The Grapes of Wrath (Les raisins de la colère) de John Ford, comme balises iconiques d’un monde en mutation.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Chloé Zhao

Scénario
Chloé Zhao
[ D’après le roman de Jessica Bruder ]

Direction photo : Joshua James Richards

Montage : Chloé Zhao

Musique : Ludovico Einaudi

En plein tournage. Chloé Zhao à gauche de la photo.

Genre(s)
Drame social

Origine(s)
États-Unis
Allemagne

Année : 2020 – Durée : 1 h 47 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Nomadland

Dist. [ Contact ] @
Buena Vista Films
Fox Searchlight

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

 

Big Giant Wave

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Des scientifiques et des artistes des quatre coins du monde posent un regard sur les bienfaits des sons et des rythmes dans leur quotidien et leur domaine d’expertise.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Nourrir les sons de l’affect

L’importance des divers sons dans les films, aussi bien que dans nos vies, qu’il s’agisse de bruits de fond, de musique, de chants, de toutes sonorités valables. C’est à cela que s’intéresse Marie-Julie Dallaire, cinéaste d’ici, qui prend un soin considérable à décortiquer ce qui compose l’aspect acoustique de notre existence.

Configuration qui passe le plus souvent inaperçue, mais au visionnement de Big Giant Wave, ou Comme une vague, si vous préférez, on n’écoutera plus de la même façon. Aucun rapport entre les intervenants si ce n’est que la relation qu’ils entretiennent avec le son est une de plus intimes car elle participe à une vision de la vie et des choses où l’ouïe n’est plus qu’un simple moteur auditif, mais une outil complice, une entité virtuelle qui traverse autant l’esprit que le cerveau.Suite

French Exit

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
Une veuve excentrique, habituée des milieux mondains new-yorkais, voit sa vie basculer par l’annonce de son insolvabilité imminente.

CRITIQUE.

★★★ 

texte
Élie Castiel

Michelle Pfeiffer, qu’on n’avait pas vue au grand écran depuis quelque temps dans un rôle important alors que Hollywood n’est pas trop friand de rôles principaux pour actrices dépassant la quarantaine, s’impose finalement – En 2019, elle se cache sous des maquillages grandiloquents dans Maleficient: Mistress of Evil / Maléfique : Maîtresse du mal (2019). Ici, elle se permet un cadre propice à toutes éventualités dans le jeu d’interprétation. Pour l’occasion, un mélange de cynisme aguerri, de fausse méchanceté et de sensibilité occultée. Et pour cadres, un New York mondain et une ville de Paris idéalisée.

Face au sous-utilisé Lucas Hedges, entre autres, du sensible et intelligent Waves (2019) de Trey Edward Shultz, elle ne vole pas la vedette, partageant ce goût pour le champ/contre champ équitable, chacun situant son personnage dans un univers entre l’imaginaire et la réalité, résultat du travail de scénarisation singulier de Patrick DeWitt, merveilleusement coupable de l’inusité The Sister Brothers / Les frères Sisters (2018).

La veuve joyeuse

tristement ruinée

Michelle Pfeiffer dans un décor désuet mais chaleureux.

Une petite communauté se crée à la suite d’évènements qui dépassent l’entendement, mêlant occultisme, réincarnation et réalité. Dans la majeure partie du film, dans ce Paris quasi fabriqué qui ressemble à celui qu’aurait choisi Woody Allen, presque de carte postale, là où même les itinérants, surtout lorsqu’ils sont des migrants, s’en tirent malgré les coups bas des forces de l’ordre.

Et une maison prêtée, assez grande pour accueillir des excentriques. Tous formant une commune, un rassemblement de gens partageant, comme par miracle, la même notion de vie,  des personnages issus du théâtre, de la comédie burlesque.

Là où le dialogue se permet des disparités, des contre-sens et ce jeu de rôles et d’influences qui finit par se dénouer dans la plus triste tradition. Puisque French Exit, titre annonciateur, est un film malheureux comme peuvent être ceux qui pensent et se comportent autrement. Car derrière ces accoutrements de faux bonheur, de oisiveté maladive et plus que tout, d’une envie de vivre qui peine à s’affirmer, ce cache un monde de déceptions.

Sous la forme d’un salon mondain, le film d’Azazel Jacobs (plusieurs inédits) impose comme cadre un décor désuet mais chaleureux, une commune excentrique composée de protagonistes d’une richesse inoubliable. Singuliers, humains, correspondant à une idée détachée, mais salvatrice, du monde.

Michelle Pfeiffer profite de cet instant qu’on lui octroie pour magnifier une veuve fallacieusement joyeuse, tristement abandonnée en termes d’argent et particulièrement d’abandon.

Sous la forme d’un salon mondain, le film d’Azazel Jacobs impose comme cadre un décor désuet mais chaleureux, une commune excentrique composée de protagonistes d’une richesse inoubliable. Singuliers, humains, correspondant à une idée détachée, mais salvatrice, du monde.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Azazel Jacobs

Scénario
Patrick DeWitt

[ d’après son roman ]

Images : Tobias Daturn

Montage : Hilda Pasula

Musique : Nicholas deWitt

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
Irlande / Canada

États-Unis

Année : 2020 – Durée : 1 h 54 min

Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

Sortie côté tour

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 558 559 560 561 562 687