Houda Rihani

ENTREVUE.
[ SCÈNE ]

proposée par
Élie Castiel

   Elle décroche finalement un rôle important, l’humilité nous empêche de dire « majeur », dans une création québécoise. Un texte (et mise en scène) de Simon Boudreault, le même concepteur de Comment je suis devenu musulman. Houda Rihani campe le personnage de Jihane (dont il faut prononcer le ‘h’ comme il faut), une immigrée marocaine qui, simplement, cherche sa place. C’est dans Je suis un produit (critique ici), titre on ne peut plus générique qui plus que rien, transforme la sphère du théâtre québécois, celui des nouvelles créations, en une aventure de l’inclusion. Cette démarche va-t-elle se transformer en un « grand remplacement ». Nullement, car les dits Québécois de souche seront toujours plus nombreux. D’autant plus que, parmi les groupes ethniques minoritaires, celles et ceux intéressé(es) par le milieu des arts et des médias peuvent se compter sur les doigts de la main. Nous avons rencontré Houda tout de suite après la représentation qui, en passant, elle tenait le rôle d’Amina, dans Les vieux chums, le film de Claude Gagnon. Comme quoi, les choses commencent à bouger.

Éviter les clichés

de la victimisation

Pour Houda Rihani… porter le voile ou pas… une question d’arbitrage personnel.
Crédit : Patrick Lamarche

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Anthony Giacchino & Alice Doyard

ENTREVUE.

Réalisée et traduite
en partie de l’anglais
par Élie Castiel

Quelques questions et des réponses qui définissent en quelque sorte l’idée derrière la proposition d’Anthony Giacchino pour Colette, un des courts métrages documentaire nommés aux Oscars cette année. Un récit de courage, certes, mais surtout d’entêtement, de détermination, de quelque chose qui évoque la mémoire retrouvée, cet instinct indicible face à l’Histoire.

Et pour les protagonistes, Colette et son frère (qu’on ne verra que dans le souvenir), faire partie de ce 1 % de Français qui ont résisté à l’Occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Héros ? Combattants ? Amour inconditionnel d’une France libre fidèle à sa tradition millénaire ? Qu’importe, le cinéaste américain s’est penché sur ce sujet jamais abordé au cinéma, ou du moins rarement, sans faire trop de bruit. Comme si la mémoire était complice de l’ineffable oubli, ennemi du regret.

Pandémie oblige, nous avons rencontré par Zoom le réalisateur et une des productrices, Alice Doyard, proche non seulement du projet en termes de réalisation, mais également du thème dont il est question. C’est ce qui explique aussi à quel moment l’un ou l’autre répond à la question posée.

Renouer les fils

                     de la mémoire

Anthony Giacchino, réalisateur.

Anthony Giacchino, quelle a été la genèse de ce projet ?
Giacchino : En fait, à un certain moment, j’ai rencontré Alice et lui ai parlé du projet. J’étais allé en France pour trouver un récit à monter sur la Seconde Guerre mondiale. Avec Alice, j’ai abordé la question de la langue du fait que je ne parle pas français. En 2018, Colette s’est imposée comme une évidence. Du fait de son parcours, de son caractère, de son sens épique des évènements. C’était la première fois que nous étions devant une femme aussi remarquable. Bien entendu, 90 printemps, mais d’une jeunesse à la limite de l’éternel. Une fois les problèmes de la langue résolus, nous avons commencé le tournage.Suite

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