Dans une petite ville de l’Empire colonial français en Afrique a lieu le soir une projection extérieure d’un film à laquelle assiste une bonne partie de la population dont le statut est révélé par leur habillement et leur place dans cet événement. Nous sommes en 1938 et dans le film Coup de torchonde ce cinéaste. Le choix du film Alerte en Méditerranéede Léo Joannon et de la publicité de meubles le précédant, très étonnante par son style, implique le spectateur dans un univers dans lequel d’autres pistes s’ouvrent subrepticement selon son bon vouloir.Suite
SUCCINCTEMENT Depuis qu’il est tout-petit, Alexandre désire participer au concours Miss France. Alex, qui ne se sent ni homme ni femme, a mis de côté ses ambitions après la mort de ses parents et le temps passé dans des foyers d’accueil.
CRITIQUE.
[ Sphères LGBT ]
★★★
texte Élie Castiel
La société est largement binaire, et peu remettent en cause les deux divisions qu’elle comporte. Sauf en cette deuxième décennie du nouveau siècle où les revendications LGBT ont quand même réussi à heurter un certain conscient social, politique et sexuel. Signe d’un nouveau monde où les genres sont multipliés, ne faisant plus deux, incluant du même coup les entre-deux, les tendances ambigües et les diverses altérités auxquelles on ne pouvait pas se permettre de rêver il n’y a pas si longtemps puisque la binarité restait coincée en notre ADN collectif depuis la nuit des temps.
On comprend donc que c’est par le biais de la comédie dramatique que Ruben Alves, après le charmant et spirituel La cage dorée (2013), propose un second long métrage de fiction où le ton est donné dès le début, comme une évidence, quelque chose qu’on ne choisit pas, mais qu’on vit, de l’intérieur, même s’il s’agit d’un petit garçon de neuf ans qui rêve très tôt d’accéder un jour au titre de « Miss France ».
Et pourtant, c’est la rencontre avec un ami d’enfance devenu boxeur qui déclenche la décision d’Alex. Un choix qui sonne comme un message dépassant même le récit, à la fois enchanteur et agréable, notamment pour ses prises de position revendicatrices subtilement illustrées.
L’hétéronormativité comme base du comportement social. Le seul, du moins si l’on observe attentivement, qui apparaît aux yeux de la majorité, nonobstant ce degré de tolérance si haut-clamé depuis quelques années. Et pourtant, Alves se permet d’argumenter sur la chose, même si pas au même niveau sophistiqué que le Chilien Sebastián Lelio, en 2017, avec Une femme fantastique (Una mujer fantástica).
L’altérité des apparences
Dans ce film agréable et sympa, on peut compter sur la présence charismatique d’Alexandre Wetter, entier, entière, homme lorsqu’il sent le besoin; femme, toujours. Mannequin et maintenant comédien androgyne. Voudra-t-il composer avec le jeu de la virilité?
Le 21e siècle sera-t-il celui de la reprogrammation des identités de genre?
Si la mise en scène évite catégoriquement le côté militant du sujet, c’est pour la simple raison qu’il veut conscientiser le plus grand nombre par la voie de l’ouverture à l’autre, sans agressivité, profitant dans le même temps de certaines séquences loufoques, parfois même peu crédibles et qui n’existent qu’au cinéma – c’est déjà quelque chose.
Ce qu’il remet en cause, également, c’est la virilité excessive – naturelle selon l’ordre du monde? Apprise par besoin d’appartenir au groupe? Fabriquée en accord avec les principes familiaux? Et son contraire, être soi-même, suivre ses instincts, se comporter le plus normalement du monde selon ses convictions dès qu’on apprend à avoir une conscience, même si juvénile.
Dans ce film agréable et sympa, on peut compter sur la présence charismatique d’Alexandre Wetter, entier, entière, homme lorsqu’il sent le besoin; femme, toujours. Mannequin et maintenant comédien androgyne. Voudra-t-il composer avec le jeu de la virilité? La réponse se trouve dans le film de Ruben Alves. Libre, irrévérencieux, jubilatoire et se prenant au sérieux malgré ses airs faussement candides.
Les récentes revendications féminines ou féministes, selon votre regard sur la chose, ont sans doute engendré des récriminations d’ordre identitaire. Les quelques prochaines décennies du 21e siècle seront-elles celles de la reprogrammation des identités de genre? Brouillage ou démocratisation?
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Ruben Alves
Scénario Elodie Namer Ruben Alves, sur sa prore idée En collaboration avec Cécilia Rouaud
Images : Renaud Chassaing
Montage : Michael Laguens
Musique Lambert
Alexandre Wetter (à gauche) & Ruben Alves (à droite)
SUCCINCTEMENT Autour du milliardaire et politicien Silvio Berlusconi, de nombreuses personnes s’agitent.
CRITIQUE.
★★★
texte Luc Chaput
Dans son immense propriété de Sardaigne, un milliardaire italien pousse la sérénade devant un auditoire majoritairement féminin conquis d’avance. Le cinéaste Paolo Sorrentino et Umberto Contarello, son complice à la scénarisation, rappellent ainsi avec componction les débuts de Berlusconi comme chanteur de charme dans des croisières. Il a d’ailleurs pondu quelques airs connus.Suite