Eiffel
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 22 avril 2022
SUCCINCTEMENT.
Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la Statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu’il crée quelque chose de spectaculaire pour l’Exposition Universelle de 1889 à Paris, mais Eiffel ne s’intéresse qu’au projet de métropolitain. Jusqu’à ce qu’une idée lui vienne en tête.
CRITIQUE.
★★★
texte
Élie Castiel
Si la Tour m’était contée
Il faut toutefois reconnaître qu’un carton, au début, indique que le film est « librement adapté de faits réels »; point essentiel pour générer une juste évaluation plutôt que de se concentrer sur les possibles lacunes du scénario. Et pourtant !
Comme première idée scénaristique de long métrage, Caroline Bongrand (seulement un court, un téléfilm) prend un risque énorme en abordant un sujet aussi atypique que la fameuse tour. Une proposition louable jusqu’à un certain point, mais ouverte à des chemins de traverse qui pourrait affaiblir le principal propos. Comme cette histoire d’amour, fort belle mais torturée, entre Gustave Eiffel et Adrienne Bourgès – très « charismatique » et sculpturale Emma Mackay, même si parfois tendant vers un statisme distant.
Force est de souligner néanmoins la présence d’un Romain Duris totalement absorbé par son personnage, mettant en repos forcé quelques-uns de ces rôles précédents, comme, pourquoi pas, celui de Lester dans La grande noirceur de Maxime Giroux (récemment Norbourg) qui en plus de ses forces narratives et formelles, confirmait que la coproduction peut parfois être salutaire. Également, de très bons points à souligner pour Pierre Deladonchamps, formulant le rôle d’Antoine de Restac avec une faconde tragique exemplaire.
Ici, c’est comme si on assistait à deux films. Les aléas d’un rêve de création, une folie pour une administration composée, comme souvent à l’époque, de personnes d’un autre siècle, repoussant les nouvelles idées et pas prêtes à annoncer un « nouveau siècle » qui se profile à l’horizon. De l’autre, une histoire d’amour comme on en voit souvent.
Si Martin Bourboulon filme ces « travailleurs de la construction » avec la caméra fortement picturale plutôt que documentaire de Matias Boucard (plus alerte dans L’odyssée, de Jérôme Salle), ces portrait sporadiques pourraient vaguement appeler ces vieilles photos en noir et blanc prises lors de la construction des gratte-ciel newyorkais.
On peut se demander quel est l’apport du scénariste Thomas Bidegain dans Eiffel ; lui, responsable tout de même de petits « chefs-d’œuvre » comme The Brothers Sisters / Les frères Sisters, de Jacques Audiard, ou encore, plus loin, l’excellent De rouille et d’os, du même signataire. Trop de scénaristes et de dialoguistes se sont impliqué dans ce projet, laissant pour ainsi dire une sensation d’inachèvement. Encore plus, de « véritable » vision.
Reste quand même une biographie romancée qui se laisse conduire amoureusement par la musique du franco-grec Alexandre Desplat, multipliant l’image d’Épinal qu’on peut se faire du film.
À un moment où les revendications sociales deviennent de plus en plus évidentes dans l’Hexagone, les auteurs auraient dû parier davantage sur cet aspect social, comme la grève des travailleurs revendiquant un meilleur salaire, rapidement évacuée, une façon comme une autre d’établir une analogie, un parallèle sur les rapports de force dans les gestes de nos dirigeants du passé et ceux d’aujourd’hui.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Martin Bourboulon
Scénario
Martin Bourboulon, Thomas Bidegain
Natalie Carter, Martin Brosselet
Caroline Bongrand
Direction photo
Matias Boucard
Montage
Virginie Bruant
Valérie Deseine
Musique
Alexandre Desplat
Genre(s)
Drame biographique
Origine(s)
France / Belgique
Allemagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 49 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.
Eiffel
Dist. [ Contact ] @
Les Films Séville
Classement
Visa GÉNÉRAL
Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]