Flag Day

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 27 août 2021

SUCCINCTEMENT.
Portrait d’une jeune femme qui lutte pour guérir des blessures de son passé, tout en reconstruisant sa relation père-fille.

| CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Sorti bien bredouille de Cannes dû à critique officielle partagée, disons même négative, Sean Penn restera longtemps peiné par cet accueil alors qu’il a cru mordicus en cette proposition, un récit père-fille tiré du livre de Jennifer Vogel, Flim-Flam Man: The True Story of My Father’s Counterfeit Life.

Autobiographique, bien entendu, mais dépassant la facilité des anecdotes, ne les réduisant pas à de simples faits divers, mais au contraire les situant dans une américanité rurale, rendue mythologique par un certain cinéma hollywoodien, dans les westerns classiques, par exemple, et dès les années 70, par des cinéastes qui ont voulu, à travers leurs films, démystifier ce « rêve américain » qui, encore aujourd’hui, ne cesse de convoiter toutes les passions.

Sean Penn l’a parfaitement compris et c’est en connaissance de cause qu’il construit conceptuellement son film. Images granulées qui renvoient à un cinéma proche de celui des premières excursions de John Cassavetes, mais en même temps à celui de la plénitude, souvent vide, des espaces d’une Amérique faite de petits villages perdus, de grandes villes, d’autres territoires qui ressemblent à ces terres en construction de la découverte. Ces images de l’Homme Marlboro ou du Cowboy légendaire du Nevada qui parsème les grandes routes, ici étonnamment dessiné.

Le poids d’une

certaine Amérique

Une relation père-fille qui tente de se reconstruire malgré les bris sur sa fondation.

Ce n’est pas la « conquête de l’Ouest », mais  celle des quatre points cardinaux, le pays entier se soumettant à la vision de Penn. Et à l’intérieur de ces questionnements démographiques et culturels, un extraordinaire discours sur l’individualisme, le succès à tout prix, l’appât facile du gain grâce à l’imagination ; quitte à tricher selon les règles de l’art ou même en prenant des risques insoupçonnés. Ici, Sean Penn, comme d’habitude, se montre un habile comédien, se filme dans ce mélange de détresse, de convoitise, de naïveté adolescente et un faux sentiment de contrôle. Arrive que pourra !

Flag Day n’est pas son meilleur film, mais force est de souligner qu’il arrive à mélanger les atmosphères, se sacre de la continuité, abandonne certaines idées en cours de route. Car le script de Jezz Butterworth le permet, sacrifiant la continuité du récit au profit de parallélismes confondants qui procurent, notamment à ceux qui ont pris la décision d’adhérer à la proposition de se soumettre.

Dylan Penn, la fille de l’autre, est une révélation – elle joue ici son premier grand rôle et la caméra de Daniel Moder ne se contente pas de la suivre ; au contraire, elle la suit sans cesse, enregistrant ses moindres gestes et filmant avec une tendresse infinie ses expressions faciales et ses champs/contrechamps, notamment avec son père.

Malgré quelques incidents de parcours, quelques faiblesses inattendues, Flag Day est un film déchirant, touchant, comme ces Home Movies nostalgiques qui nous montrent les images d’un meilleur temps.

Effectivement, entre les deux Penn, s’établit une sorte de relations platoniquement incestueuse que seul le cinéma peut se permette de montrer, car subtilement, sans goût de la provocation, le plus souvent sentant le besoin de ces rapports ambigus qu’on ne questionne jamais, mais qui reste dans la mémoire jusqu’au moment d’atteindre une juste maturité. Et qui ne seront jamais consommés. Bien heureusement.

Malgré quelques incidents de parcours, quelques faiblesses inattendues, Flag Day est un film déchirant, touchant, comme ces Home Movies nostalgiques qui nous montrent les images d’un meilleur temps. Mais la réalité est tout autre car l’utopie ne se réalise jamais.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE

Réalisation
Sean Penn

Scénario
Jeff Butterworth

D’après une nouvelle de Jennifer Vogel

Direction photo
Danny Moder

Montage
Michelle Tesoro

Valdis Óskarsdóttir

Musique
Joseph Vitarelli

Nicholas Vitarelli

Sean Penn et, au centre, Danny Moder, directeur photo.
Crédit : ALLEN FRASER

Genre(s)
Drame

Origine(s)
États-Unis

Année : 2021 – Durée : 1 h 49 min

Langue(s)
V.o. : anglais

  Flag Day

Dist. [ Contact ]
Maison 4 :3
[ @ Renaissance Media ]

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]