Fred Astaire,
la haute société du spectacle
RECENSION.
[ Essai / Cinéma ]
★★★ ½
Tout
est
dans
les
pieds
texte
Élie Castiel
L’auteur de Christopher Nolan, la possibilité d’un monde et Cinémiracles, l’émerveillement religieux à l’écran se penche ici sur un mythe hollywoodien de la comédie musicale, Fred Astaire. Changement de cap spectaculaire qui nous vaut un brillant essai analytique sur un style propre au danseur-comédien, à la mentalité sociale d’une époque bien précise, et surtout à une technique qui, par le biais de la danse, unit personnages, objets, décors, thèmes, autant de facteurs filmiques qui ont pour but premier, le divertissement.
Mais non seulement. Puisque Fred Astaire, la haute société du spectacle est aussi un rapport entre le spectacle sur scène et celui sur grand écran. Le premier pour spectateurs nantis, le second pour la masse, et non seulement issue des grands centres urbains.
Gérardin, dont l’écriture et le rapport au thème abordé suit une plume, une pensée, selon une idée de la réflexion anglo-saxonne. Certains passages donnent l’impression que le texte original a été rédigé en anglais (et ce n’est pas le cas), puis parfaitement traduit dans la langue de Molière.
Peu importe, cependant, puisque nous apprenons un tas de choses sur l’artiste en question. Il y a, dans ce bel ouvrage (agrémenté de quelques codes QR nous renvoyant à des extraits chorégraphiés) non seulement une réflexion sur la danse, également sur une industrie et son rapport à l’argent, sur un artiste et ses liens professionnels, fusionnels avec une complice, puisqu’en général, on danse « à deux ». Ginger Rogers, autre icône populaire de l’Amérique et du monde occidental. Entre elle et Fred, une embellie qui se manifeste de film en film.
Gérardin s’attarde sur quelques films, évitant la liste traditionnelle. Cela lui permet de retenir les moyens les plus importants dans la « fabrication » d’un moment chorégraphique – les premières intentions – le thème est important, la construction des gestes, du comportement, d’une attitude corporelle. Et les objets, la canne, la tenue vestimentaire, le chapeau, toute une panoplie de facteurs, aux yeux de certains, peut-être superflus, mais donnant à l’ensemble dansé sa raison même d’exister.
L’auteur de l’ouvrage va aborder certaines pièces chorégraphiques avec un soin apporté au détail, au but de tel ou tel mouvement, à ce qu’il représente autant pour le danseur (et danseuse – Rogers, Cyd Charisse) que pour le spectacle dans son ensemble. Un art de la précision, de l’éphémère rendu essentiel. Du rapport entre l’art et la vie, entre le divertissement et les inoffensives fissures de l’ennui.
Saltimbanque, circassien, théâtral, bête de scène, excellent danseur, comédien aguerri, même si parfois s’autocaricaturant, Astaire illumine les planches autant que le grand écran avec une lucide détermination. Tout est dans cet ouvrage, court, certes, mais intelligemment disséqué.
On retient qu’entre les mains de Fred Astaire, l’art de la danse peut très bien s’adapter aux idées philosophiques, sociales, voire aussi politiques. Il suffit, pour le spectateur, de savoir regarder.
Saltimbanque, circassien, théâtral, bête de scène, excellent danseur, comédien aguerri, même si parfois s’autocaricaturant, Astaire illumine les planches autant que le grand écran avec une lucide détermination. Tout est dans cet ouvrage, court, certes, mais intelligemment disséqué.
Fred Astaire, la haute société du spectacle
Levallois-Perret : Playlist Society, 2023
128 pages
[ Codes QR ]
ISBN : 979-1-0960-9861-3
Prix suggéré : 14,00 €
ÉTOILES FILANTES
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½ [ Entre-deux-cotes ]