Gabor

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie

SUCCINCTEMENT.
Un photographe de 94 ans, qui a commencé sa carrière au Canada après avoir émigré de la Hongrie en 1956, continue de prendre des photos de la vie quotidienne.

COUP de ❤️
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

Szilasi, l’homme, le mari, le père, mais surtout l’artiste, toujours l’artiste puisque sa conjointe et leur fille poursuivent ce même parcours de vie où l’art devient « art de vivre ». Gabor, celui qui a choisi, pour des raisons politiques, de quitter sa Hongrie natale et de s’établir, ultimement, dans des cieux plus cléments, ici, au Québec. Et surtout continuer à pratiquer son art, la photographie, l’enseignant aussi. Mais ne faut-il pas préciser qu’il est arrivé à une époque où au Québec, celles et surtout ceux venus d’ailleurs arrivaient à s’intégrer plus facilement dans tous les milieux, incluant celui culturel. Mais ça, c’est une autre sujet qu’il faudra un jour débattre.

Force est de souligner l’apport inconditionnel et soutenue de sa compagne de vie, Doreen Lindsay, conjuguant avec un souci sans faille l’art au quotidien; et de leur fille, Andrea Szilasi, nouant avec ses parents des liens complices depuis toujours. L’art et la vie se juxtaposent au sein de cette famille iconoclaste et pourtant si proche du commun des mortels.

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le temps

qui passe

Capter l’éternité et un jour.

Des amis, plusieurs. La reconnaissance du milieu artistique, sans aucun doute, ce qui lui permet de poursuivre une carrière ininterrompue et de se distinguer. Et pourtant, si l’on en juge par Gabor lui-même, l’homme affable, à l’humour particulier, néanmoins insaisissable, une volonté de fer à s’intégrer à sa terre d’accueil; chaque cliché, chaque instant capté sont autant de récits d’une région du Québec ou de Montréal, la grande ville. La petite histoire rejoint la grande à travers quelques décennies.

Le film devient plus captivant dès le moment où Gabor Szilasi nous parle de ses origines juives, de son enfance dans une Hongrie antisémite des années 20 du siècle dernier alors que nombreux Juifs hongrois devaient se convertir pour pouvoir rester au pays. Il ajoutera qu’il a dû poursuivre ses études dans une école confessionnelle chrétienne. Gabor prend son élan à partir de ce témoignage et devient un geste biographique bouleversant transformant le film jusqu’à sa toute fin.

Pour Joannie Lafrenière, habituée aux portrait singuliers – Snowbirds (2017), King Lajoie (2019), une rencontre, une façon originale de situer le sujet. Deux approches à l’opposé l’une de l’autre : les documents d’archives, témoins d’une vie, d’un parcours artistique, de la découverte d’une passion (la photographie), et aussi celle d’un homme intéressé aux communs des mortels, ceux et celles de toutes les classes sociales.

Un rapport ludique, intellectuel et tout aussi édifiant s’établit entre Lafrenière et Szilasi. Il jouent « à jouer ». Aucun rapport de force, mais une identification qui ne dément pas.

Il dira à maintes reprises qu’il a toujours aimé les gens, expliquant son désir de les capter pour la postérité. Pour Lafrenière, une deuxième partie du film qui privilégie la prise frontale lorsque le photographe est lui-même capté par l’objectif de la caméra. Il comprend le médium, s’en accommode, comprend les différences entre l’image fixe et l’animée. Sa présence à l’écran n’est pas celle d’une « tête parlante ». Il refuse ce cliché, tout autant que la cinéaste. Il impressionnent même s’il prend quand même ses distances, animé par une pudeur démesurée tout en conservant une humeur extraordinairement touchante et enjoué.

Un rapport ludique, intellectuel et tout aussi édifiant s’établit entre Lafrenière et Szilasi. Il jouent « à jouer ». Aucun rapport de force, mais une identification qui ne dément pas.

Pour arriver à une fin bouleversante alors que les témoins muets et circonspects de la mémoire s’éparpillent avec un vague à l’âme subtilement douloureux.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Joannie Lafrenière

Scénario
Joannie Lafrenière

Direction photo
Joannie Lafrenière

Montage
Emmanuelle Lane

Musique
Gervaise

La cinéaste (droite) et son sujet (gauche).
Documenter le dialogue complice.

Genre(s)
Documentaire

Origine(s)
Canada.qc

Année : 2021 – Durée : 1 h 41 min

Langue(s)
V.o. : français, anglais; s.-t.f. / s.-t.a.

Gabor

Dist. [ Contact ] @
Maison 4 :3

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
Cinémathèque québécoise

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]