Garçon chiffon

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 09 avril 2021

SUCCINCTEMENT
En attente de décrocher un rôle important, le comédien parisien Jérémie Meyer peine à contenir ses élans de jalousie à l’endroit d’Albert, son conjoint vétérinaire.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Élie Castiel

En 2019, Pascal Bonitzer lui donne un rôle dans Les envoûtés, mais Nicolas Maury accumule les prestations dans une quarantaine de productions. Tourner était une évidence, et encore plus, un défi lorsque le sujet est d’autant plus controversé dans un territoire hexagonal de plus en plus dirigé vers la droite. Du moins, c’est ce que l’on sent sans doute à l’étranger. Et dire qu’on avait pensé que les Français étaient les gens les plus libres du monde en matière de choses liés à l’amour et à la sexualité. C’est vrai, mais d’un point de vue hétéronormatif. Point, à la ligne.

La relation qu’entretient Jérémie avec Albert, son amant, est faite d’affections, de je-t’aimes sporadiques, mais aussi de crises de jalousie de la part de Jérémie qui, lui, « aurait voulu être un artiste » dans un grand film.

L’enfant

presque

sage

Une intime sensation d’amour maternel… de regret ou de colère.

Et à partir de ce canevas aussi loufoque que quasi improbable, Maury crée une méthode. Il s’agit d’un dispositif qui a directement à voir avec l’art de l’interprétation. Tati est convoqué à chaque instant. Pour sa désinvolture, son panache, son élégance parfois outrancière, mais dans le corps de Nicolas Maury, qui se donne humblement le rôle principal, une tendance volontaire à l’excès, à une forme d’exhibitionnisme latent qui consiste à paraître mieux que ce que l’on est. Maury ne pèche pas par excès de démonstration, mais bien au contraire, s’arrange pour que la-dite-méthode fonctionne à merveille.

D’aucuns trouveront ce jeu narcissique à souhait, mais ne faut-il pas voir en cela la nette confirmation propre à la majorité des acteurs : jouer un rôle, vivre un personnage; encore une fois, dans le cas de Maury, un personnage inventé de toutes pièces, mécaniquement, osant la démesure, le débordement et pourquoi pas, la provocation.

Une chose est certaine : la virilité à la sauce macho-vieux-monde en prend pour son rhume, disparaît de la carte sociale, question de remettre les pendules à l’heure.

Face à lui ou parfois contre (malgré) lui,  un Arnaud Valois personnifiant Albert, maîtrisant un rôle ingrat, mais costaud, avec toute la volonté du monde.

Soulignant la présence de Jean-Marc Barr jouant un réalisateur qui doit prendre la décision à savoir si Jérémie obtiendra un rôle dans son prochain film. Loin de s’inscrire en faux face une carrière quand même bien remplie, il abandonne tout acte de vedettariat pour que Maury ne se laisser pas éclipser.

Et bien sûr, Nathalie Baye, la mère complice de Jérémie, entière, habitée, nourrissant une totale compréhension du monde que son fils a créé; et impériale, souveraine, lorsqu’elle laisse entrevoir une intime sensation d’amour maternel, mais aussi de regret peut-être ou de colère face à ce qui lui arrive, ou pas.

Une chose est certaine : la virilité à la sauce macho-vieux-monde en prend pour son rhume, disparaît de la carte sociale, question de remettre les pendules à l’heure.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Nicolas Maury

Scénario
Maude Ameline
Sophie Fillières
Nicolas Maury

Direction photo : Raphaël Vandenbussche

Montage : Louise Jaillette

Musique : Olivier Marguerit

Un moment de tournage.

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s) : France

Année : 2020 – Durée : 1 h 52 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

My Best Part

Dist. [ Contact ] @
Axia Films

Classement
Tous publics
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]