Gauthier Dance
@ Place des Arts
CRITIQUE
[ Danse ]
Élie Castiel
★★★★
Finir en rythme et beauté
une saison éblouissante
Comme point final de la saison 2023-2024, une proposition alléchante de la part des programmateurs de Danse Danse, le diffuseur de danse moderne incontournable de la métropole.
Un trio des plus choyés du public. La Québécoise Marie Chouinard et les deux Israéliens Hofesh Shecter et le non moindre Ohad Naharin.
La durée de 22 minutes octroyés au Chant du cygne : Le lac sont suffisantes et bien rodés pour permettre à Chouinard de composer une œuvre post-moderne qui déconstruit le célèbre classique en lui administrant une dose de souveraineté du nouvel âge du mouvement : totale liberté dans le parcours transgressif quant au caractère pur de la chorégraphie originale, un éloge du geste animalier que procurent les bras et les mains, ceux-ci en entière harmonie avec les origines de cette œuvre célèbre. Louis Dufort, à bien y penser, tout en remettant en question la musique de Tchaïkovski en lui ajoutant une dose de modernité bien réfléchi, franchi un nouveau pas. On pourrait, à la rigueur, avouer qu’il s’agit d’un hommage bien personnel. Un geste de plus dans l’opus chouinardien.
Poursuivant avec le fameux lac, Hofesh Schechter n’y va pas de main morte. Une chorégraphie magnifiquement orchestrée où les rythmes endiablées mettent la salle, comble ce soir de Première, totalement en ébullition. Aucun message, aucun parti pris. Au contraire, autant dans les gestes que dans les musiques, signées Schechter lui-même, on sent ses origines proche-orientales si on observe comme il faut. Un chatoiement des plus raffinés et excitants à la fois d’une entente pacifique entre l’Occident et le Proche-Orient. Plus que métaphore humaine, c’est bien plus une entente cordiale d’une humanité irréprochable. Son Swan Cake est onctueux et savoureux.
[ … ] une fin de saison sous le cygne du mouvement perpétuel et de l’abandon. On en avait bien besoin. Gauthier Dance ou simplement les gestes de tous les possibles.
Et puis, la pièce de résistance, l’inmanquable Minus 16, un ensemble de 16 danseurs et danseuses qui s’éclatent au son de musiques variées où les époques reprennent vie et, comme toujours chez Naharin, la danse possède une connotation participative – quelques membres du public (femmes et hommes) sont invités sur scène à participer à cette douce folie chorégraphique d’Ohad Naharin, un des plus maître danseurs de la danse contemporaine de sa génération. Chacun des mouvement de cette pièce reçoit une ovation debout (standing ovation) et les applaudissements bien mérités d’une salle en délire. Mais plus que tout, dans ses chorégraphies, Naharin revendique le droit à une mise en scène qu’il assure comme si l’art dramatique s’invitait sans s’annoncer.
Comme mentionné, une fin de saison sous le cygne du mouvement perpétuel et de l’abandon. On en avait bien besoin. Gauthier Dance ou simplement les gestes de tous les possibles.
Durée
1 h 55 min
[ Incluant entracte ]
Public (suggéré)
Tout public
Diffusion & Billets @
Danse Danse
[ Théâtre Maisonneuve ]
Jusqu’au 4 mai 2024
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]