Hot Docs 2023
ÉVÈNEMENT.
[Présentiel & En ligne]
texte
Luc Chaput
Portraits canadiens
Une adolescente s’occupe de chevaux dans les ranch de ses parents en Alberta. Logan Red Crow est une bonne cavalière et fait donc partie de l’équipe familiale de course à relais indien au Stampede de Calgary. La réalisatrice autochtone Banchi Hanuse emploie de nombreux extraits vidéos de ces manifestations qui ont lieu aussi à Casper au Wyoming pour illustrer la dangerosité de ce sport. Le cavalier monte à cru (sans selle) et après des tours de piste, de changer de cheval dans un espace et un temps restreints. Ce relais qui prend sa source dans la relation primordiale des Amérindiens avec les chevaux est plutôt réservé aux hommes et Aitamaako’tamisskapi Natosi: Before the Sun montre donc comme cette jeune de la nation Siksika des Blackfoot participe directement à l’évolution de ce sport. La cinématographie de Ben Giesbrecht et Luke Connor embrasse les grands espaces mais aussi les lieux plus restreints dans lesquels ses parents lui apportent un soutien critique.
Une jeune femme se rend en Écosse pour comprendre la place des sorcières dans son histoire familiale. Coven est le nom donné à une réunion de sorcières et le long métrage de Rama Rau (League of Exotique Dancers) tresse les quêtes de Laura, Andra et Ayo, trois jeunes femmes de la région de Toronto, qui participent à ce mouvement de néo-sorcellerie, Wicca. La diversité des lieux de tournage, des parcours personnels et la participation de personnes ressources d’un certain type restreint quelque peu la portée de ce film d’apparence très scénarisé qui servira d’introduction aux non-initiés à la compréhension de ce phénomène.
Le réalisateur canadien Cam Christiansen, après avoir participé à un camp musical de ressourcement se met à la recherche d’explications de divers types sur le pouvoir fédérateur et transformateur de la musique dans cet Echo of Everything. Des références à Federico Garcia Lorca et à son duende soutenues par d’émouvantes prestations de flamenco s’allient à de forts moments musicaux et de danse issus de cultures variées pour donner voix avec la collaboration d’Andy Curtis à des spécialistes de la physique et des mathématiques qui intègrent science et musique avec un art consommé de la formule. L’enrobage citant l’expressionnisme allemand apparaît plutôt appuyé et l’on peut préférer sur un sujet similaire, Big Giant Wave , de Marie-Julie Dallaire.
À la suite d’un appel au 911, une mère est accusée du meurtre de sa fille handicapée, Cynara. La réalisatrice Sherien Barsoum remonte le fil des événements par des reconstitutions, des témoignages d’amis ou de membres de la famille. S’y ajoute la participation du journaliste d’enquête Jim Rankin et la présence éclairante d’un expert linguiste qui décortique une missive cruciale au dossier. Pour sa mise en scène brillante dans les recréations de certains épisodes de l’affaire et du procès, pour son personnage central de l’avocat James Lockyer et pour sa mise à nu des aprioris par les autorités policières qui dévoyèrent le processus judiciaire, Cynara est le meilleur documentaire télévisuel canadien que j’ai pu voir dans cette édition.
Le long métrage prenant de Denys Desjardins J’ai placé ma mère a remporté le prix du meilleur film canadien alors que la série Lac-Mégantic. Ceci n’est pas un accident de Philippe Falardeau a été le documentaire le mieux coté par le public dans ce festival qui encore une fois offrait de nombreux regards sur ce monde bouleversé par de nombreuses crises.