Illusions perdues
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 25 février 2022
SUCCINCTEMENT.
Lucien, un jeune poète inconnu dans la France du XIXe siècle a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il décide de tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice.
CRITIQUE.
★★★★ ½
texte
Élie Castiel
Le grand désenchantement
Peut-on en vouloir à Xavier Giannoli de ne pas avoir adapté le roman complet de Balzac, grand de la littérature française adaptable au cinéma si on se donne la peine de bien choisir uniquement les moments aptes à être transposés à l’écran.
L’originalité du film de Giannoli repose essentiellement sur le côté linéaire du récit en même temps que son aura classique. Car qu’on le veuille ou pas, lorsque les récits conventionnels accumulent autant de moments de pure grâce, d’émerveillement et de rigueurs, en plus de compter sur des solides performances de la part des comédiens, nul doute qu’on se laisse séduire par ce côté grand public qu’on a parfois tendance à bouder..
Effectivement, Illusions perdues est un film spectaculaire où ne lésine pas dans la direction artistique, où la caméra n’évite pas de se rapprocher des personnages, octroyant aux comédiens « leurs » moments de présence imposante devant la caméra. C’est aussi vrai dans le cas de Lucien Chardon, dit Lucien de Rubempré, dignement interprété par un Benjamin Voisin conjuguant les préceptes de la droiture avec les exigences malencontreuses de l’ambition.
Mais une surprise de taille, la présence lumineuse d’un Xavier Dolan (Nathan d’Anastazio), et sans aucune intention de sa part, quasi volant la vedette. Il illumine l’écran d’une vaillance chevaleresque et dans le même temps tempérée par un sens inné de l’élégance et du bon goût.
Giannoli n’est pas vraiment tendre avec les médias, leurs genèses parfois rudimentaires, les ambitions démesurées qui en découlent, leur orgueil urbain face aux petites localités, ces villes de province qui sont pourtant parvenus à engendrer des personnalités brillantes dans tous les domaines. Face à ce pouvoir, il vocifère, quitte à s’attirer des foudres. On ne peut que louer ses intentions.
La mise en scène de Giannoli ne cesse de se réinventer à chaque transition entre un évènement et l’autre; le film se construit ainsi à partir de moments entre le drame, l’humour et les velléités propres à la Restauration, une atmosphère qu’il crée en lui administrant une sorte de tendresse opaque et pourtant incarnée.
Il est question bien entendu de la presse, mais aussi du théâtre, de l’art d’interprétation, de cette volonté de l’individu de se dépasser ou, pour un comédien, comme c’est le cas de Jean-François Stévenin, de livrer une dernière performance à l’écran : grandiose, intentionnellement caricaturale, oscillant entre le mime intempestif et le désir impitoyable d’exister.
Xavier Giannoli signe une œuvre intemporelle, grave, splendide, d’une majestuosité sidérante. Ce genre de film qui laisse le spectateur, comme on dit, pour ne pas employer un cliché, « les yeux rivés sur l’écran ». Pas un moment d’ennui. Chaque séquence possède son propre attrait, son salut face à l’aventure humaine. Un film réussi sur toute la ligne.
Tout se négocie arbitrairement dans Illusions perdues, comme à notre époque. Le talent n’est plus nécessairement une marque de commerce. Tout circule dans les rumeurs, les hauts et les bas des marchés boursiers des grandes puissances mondiales. Le public dans tout ça : il suit. Hier, selon les rumeurs de la parole; aujourd’hui, Internet s’en occupe.
Xavier Giannoli signe une œuvre intemporelle, grave, splendide, d’une majestuosité sidérante. Ce genre de film qui laisse le spectateur, comme on dit, pour ne pas employer un cliché, « les yeux rivés sur l’écran ». Pas un moment d’ennui. Chaque séquence possède son propre attrait, son salut face à l’aventure humaine. Un film réussi sur toute la ligne.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Xavier Giannoli
Scénario
Jacques Fieschi
Avec la collabaration d’Yves Stavrides
D’après le roman d’Honoré de Balzac
Direction photo
Christophe Beaucarne
Montage
Cyril Nakache
Riwanon Le Beller
Musique
Pièces classiques de Lekeu. Schubert
Rameau, Vivaldi et Purcell
Genre(s)
Drame
Origine(s)
France
Année : 2021 – Durée : 2 h 30 min
Langue(s)
V.o. : français
Illusions perdues
Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale
Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]