Io Capitano

PRIMEUR
Sortie prévue
Vendredi 16 février 2024

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Seydou et Moussa, deux jeunes sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple.

 

COUP de ❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

 

Une odyssée

africaine

De deux choses l’une, soit qu’on se laisse bercer par l’émotion qui émane du nouveau film de Matteo Garrone, illustre responsable de purs joyaux, Gomorra et Dog Man, soit que nous restons de glace et admettons méchamment que le cinéaste s’est, cette fois-ci, trompé, docilement envahi par l’émotion qui, parfois, dépasse toute chose.

Optons pour le premier choix pour la simple raison que le sujet, qui ne cesse de faire les manchettes des médias du monde entier depuis le début du nouveau siècle, participe, par défaut, de notre relation avec le regard, une puissance qui colonise notre pensée sans qu’on s’en rende compte, du moins dans l’immédiat, des mécanismes qu’elle suscite.

La projet pour Seydou (remarquable Seydou Sarr, brillant dans ses multiples transformations tout au long du périple) et son cousin Moussa (photogénique à souhait et compagnon de route idéal que campe Moustafa Fall) rejoint celui de milliers de ces nouveaux migrants qui rêvent de l’Occident comme certains latino-américains rêvent de l’Amérique. Y parvenir, prendre le risque de disparaître et quitter une Afrique (ou un autre ailleurs) qui, peut-être, pour ne pas dire, sans aucun doute, ne gère pas les aides accordées par les pays occidentaux comme il aurait fallu le faire; même si, sur cette question, les enjeux, d’un côté ou de l’autre, sont encore plus compliqués.

C’est ce qu’a compris un Matteo Garrone qui carbure au réalisme poétique, à une idée du cinéma qui, du coup, s’égare de la logique de ses sujets précédents, plus insulaires. Ce qui explique que le plan large, un cinémascope superbe et imposant, contraste avec la gravité des situations après un début, au Sénégal, plutôt calme.

Filmer l’âme humaine, c’est avant tout une question de rapport à l’autre, plutôt même, « aux autres », savoir se laisser guider par l’émotion tout en restant sur ses gardes pour ne pas céder à la facilité de l’affect intempéré.

Une complicité dans l’accomplissement du rêve de partir.

Non pas une critique de ce monde dit « civilisé » qui, souvent, ne saisit pas les véritables enjeux de ce phénomène, mais une illustration quasi documentaire sur la question. Et si le « sujet » devenait lui-même, le principal protagoniste du film. En le personnage de Seydou, qui domine l’ensemble, et l’idée de base du film, une sorte de mise en abyme réflexive alors que l’un et l’autre s’enchevêtrent constamment pour laisser libre court à l’imagination, aux mécanismes qui s’ensuivent, à la caméra même qui, par moments, ne peux plus suivre comme affectée par les évènements.

Le plan, ainsi, n’est plus de la sphère du réalisme, mais là ou l’imaginaire se fraie un passage. Comme lorsque le même Seydou laisse s’envoler dans les airs d’un erg aux sables ondulés cette dame Sénégalaise, soutenue grâce à un voile protecteur resplendissant.

Le cri de victoire final, magnifique moment d’effervescence et d’exaltation existentielle, est avant tout la réalisation d’une idée de soi.

Dans ce moment de pure extase émotionnelle, la réalité dure et intolérable n’a plus droit de cité. Si par la suite, le drame s’accomplit, survient alors un acte d’héroïsme qui, par la force des circonstances, oblige le principal intervenant à devenir celui auquel il n’avait jamais pensé.

Le cri de victoire final, magnifique moment d’effervescence et d’exaltation existentielle, est avant tout la réalisation d’une idée de soi.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation

Matteo Garrone

Scénario
Matteo Garrone, Massimo Ceccherini
Massimo Gaudioso, Andrea Tagliaferri

Direction photo
Paolo Carnera

Montage
Marco Spoletini
Musique
Andrea Ferri

Matteo Garrone

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Belgique / France / Italie
Année : 2022 – Durée : 2 h 02 min
Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.f.

Moi, Capitaine
Me Captain

Dist. [ Contact ] @
Immina Films
[ Pathé ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
 Cinéma du Parc
 Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]