Jawan
P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 8 septembre 2023
Le parcours émotionnel d’un homme prêt à rectifier par tous les moyens les erreurs de la société.
COUP de ❤️
de la semaine
CRITIQUE
Élie Castiel
★★★★
Comme
une
traînée
de
poudres
Tel que tout Bollywood qui se respecte, le constat social est présent dans Jawan – prononcez ‘Javan’ (qui veut dire « soldat » en français, « soldier » dans sa version diffusée avec sous-titres anglais) et comporte plusieurs maux que le héros doit confronter et surtout combattre : corruption des autorités, autant gouvernementales que municipales (notamment dans les forces de police), le système endémique des castes, des classes sociales urbaines en opposition à celles des régions rurales, plus précisément ces nombreux villages éloignés – on remarquera que là aussi, on utilise des cellulaires, signes illusoires de démocratisation.
Et puis, Shah Rukh Khan, le prince des classes ouvrières, paysannes et même aussi de la nouvelle élite matérialiste. Il en est tellement conscient que malgré qu’il n’est plus à son âge d’or, se maintient physiquement assez bien pour jouer dans un film d’action, se démène pour épater la galerie, mais surtout et avant tout, participe de ce jeu étrange où son interprétation est un véritable processus d’auto-détermination puisant dans des codes, des gestuels, des comportements, des expressions du visage qui séduisent autant les femmes, pour son attrait érotique et les hommes pour sa bravoure, son enthousiasme, son refus catégorique de céder à tout danger, même à la mort.
Atlee (Kumar – le générique ne montre que le prénom) est un phénomène assez particulier. Il ne se fait aucun reproche à plagier Ennio Morricone (Pour une poignée de dollars / Per un pugno di dollari), à peine quelques touches qui ne durent que trois à cinq secondes. Mais elles sont là, limpides, circonspectes comme si le réalisateur était conscient que ce ne sont que les « connaisseurs » qui participent à ce jeu de références cinéphiliques. Et aussi la comédie musicale dramatique comme le fameux Phantom of the Opera.
Et puis soudain, la présence féminine qu’on attendait avec impatience, Deepika Padukone. Elle n’est pas très présente dans le film, mais assez pour nous montrer sa capacité de vedette (très bonne actrice) et de magnifique support au numéro dansé. Impeccable comme toujours. Elle saura attiser le regard.
Les vieux fermiers, les pauvres qui n’ont peuvent plus de créer des dettes, se suicident par pendaison lorsqu’ils sont menacés. – L’un d’eux préfère utiliser le peu d’argent qu’il a pour que sa fille face des études qui lui assureront un bel avenir. Mais…
Un autre, par un truchement qu’on préfère ne pas dévoiler décidera à la dernière minute de ne pas céder à la corde au cou… Il y a un tas de propositions narratives où nous conduit Kumar. L’ensemble est parfois trop compliqué (comme c’est le cas dans la majorité des films populaires indiens qui veulent trop dire), mais qu’importe, la finale correspond à une sorte de rédemption (tient, je viens de dévoiler plus ou moins la fin) qui, comme chacun s’y attend, propose que tout n’est pas encore fini.
La première séquence, avant le titre du film au générique) est sans contredit sublime. Dès l’apparition du roi Khan, la salle jubile et applaudit. C’est avec le public que j’ai visionné le film – les critiques n’ont pas de projection de presse pour les films ethniques; allez savoir pourquoi. Mais ça, c’est une autre histoire. C’est intentionnellement violent, fabriqué de main de maître, aucun sens de la morale occidentale.
Jawan ou un condensé orgiaque de plusieurs genres qui se côtoient parallèlement ou ensemble, énergiquement, avec une dose d’humour, de drame et d’action irréprochable.
Jawan ou de son vraie nom Vikram Rathore est entouré de femmes soldates, toutes des taulardes d’une prison de femmes, donnant lieu au beau milieu du film à une splendide chorégraphie. Elles sont par ailleurs entourées d’une petite bande de jeunes hackeuses qui sont aussi habiles en Internet que dans la gâchette.
Et des méchants, qu’importe eux, puisqu’ils doivent être combattus. Et ils le seront. Atlee Kumar s’assure qu’autant les « good guys » que les « bad guys » même dans des rôles secondaires affichent d’extraordinaires aptitudes devant la caméra. Aucun souci sur ce point.
La caméra de G.K. Vishnu, au départ ingénieur en informatique, est en état d’extase, de rage, ne cesse de bouger. Même dans les rares moments de silence ou de calme, la tension ne cesse d’augmenter.
Une histoire de famille – dont on ne vous dira rien – qui culmine sur un des films indiens les plus excitants de l’année.
Shah Rukh Kan ne recule devant rien pour ne pas céder sa place. Le public suit. Le temps n’est pas venu qu’il s’éclipse comme plusieurs l’aurait voulu. Et voir Sanjay Dutt dans un rôle inattendu est presque de la démagogie. Sans oublier Vijay Sethupathi, mélange de forces paradoxales.
Jawan ou un condensé orgiaque de plusieurs genres qui se côtoient parallèlement ou ensemble, énergiquement, avec une dose d’humour, de drame et d’action irréprochable.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Atlee Kumar
[ a.k.a. Atlee ]
Scénario
Ramanagirivasam,
Atlee Kumar
Direction photo
G.K. Vishnu
Montage
Antony L. Ruben
Musique
Anirudh Ravichander
Genre
Action
Origine
Inde
Année : 2023 – Durée : 2 h 47 min
Langue
V.o. : hindi; s.-t.a.
Soldier
Dist. [ Contact ] @
Imtiaz Mastan
[ Yash Raj Films ]
Diffusion @
Cineplex
Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]