Laboratoire sur la pièce de Larry Tremblay « Abraham Lincoln va au théâtre »

PRIMEUR
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Sortie
Jeudi 1er avril 2021

CRITIQUE.

★★★★

texte
Élie Castiel

La pièce imaginée par Larry Tremblay sera présentée au large public, du moins nous l’espérons du fond du cœur, en 2023. Le temps que cette fichue bestiole disparaisse de nos vies une fois pour toutes.

En attendant, Eliot Laprise et Catherine Vidal, celle dont nous avions été épatés par son brillant Le miel est plus doux que le sang, sur un texte de Simone Chartrand et de Philippe Soldevila qui, eux, nous conduisaient dans les univers particuliers de Luis Buñuel, Salvador Dalì et Federico García Lorca, ont réalisé un projet des plus inusités.

Comme une double mise

en abyme de la création

Des pièces et autres collaborations artistiques plus tard, Vidal s’inscrit  comme metteuse en scène dans le monde de Larry Tremblay, auteur québécois des plus respectés, une première pour le TNM, bientôt, dans deux ans (on souhaite beaucoup moins) en situation post-pandémique. Et quelle belle façon de renouer avec ces multiples questionnements de l’ordre du social, du politique et du racisme systémique que de parler d’Abraham Lincoln. Est-il nécessaire de présenter l’Homme d’État? Abraham Lincoln va au théâtre ou les dessous d’un crime singulier. Le Président américain tué sous la balle de John Wilkes Booth, comédien de la pièce Our American Cousin, donnée en présence de Lincoln au Théâtre Ford de Washington. Une sorte de mise en abyme entre l’imaginaire et le réel, entre le plaisir du moment et le destin.

Comme d’ailleurs cette captation d’un projet singulier, atteint du syndrome particulier de l’inventivité comme antidote aux maux que nous traversons. Et là encore, une double mise en abyme théâtrale, entre les créateurs, et le public qui attend. Et quelques plans filmés par une caméra impétueuse, intransigeante, qui ne s’attarde pas trop à ce qu’elle filme, montrant la salle du TNM, vide de gens, mais pleine d’idées.

En tout, environ soixante minutes que dure ce Laboratoire expérimental où les jeux s’installent dans un format entre les répétitions, les idées qui viennent de partout, les prises de position parfois souveraines. Et une metteuse en scène qui garde son sang-froid malgré quelques crises de caractère émanant des artisans.

Non seulement une expérimentation scénique, mais une pure leçon d’art dramatique. CRÉDIT : @ Yves Renaud

Pour une des rares fois, pour ne pas dire la première fois, du moins en ce qui me concerne, les chefs-maîtres d’un imposant spectacle à venir nous sont présentés dans des moments furtifs, certes, comme si leurs présences ne devaient être qu’occultées aux yeux des spectateurs. Seuls comptent la mise en scène, la musique, le jeu des comédiennes et des comédiens et les décors. Des éléments concrets à tout spectacle théâtral.

Le son aussi, nous rappelle Catherine Vidal, magnifique personnifiée par Olivia Palacci, d’un charme et d’une bonhomie indiscutables, est également important… et les éclairages. Nous sommes face non seulement à une expérimentation scénique, mais à une pure leçon d’art dramatique que les étudiantes et étudiants de l’ÉNT devraient visionner absolument.

Pour les autres protagonistes du récit de Tremblay (nom prédestiné sans doute): Patrice Robitaille (Lincoln, blanc), Didier Lucien (Lincoln, noir), ainsi que Luc Bourgeois (Laurel) et Mani Soleymanlou (Hardy) – nous attendrons encore quelque temps avant de les voir dans une version fignolée, finale, prête à sentir le pouls des spectateurs… et j’oubliais (car on les oublie souvent, sauf les influents), les critiques qui devront se prononcer.

En tout, environ soixante minutes que dure ce Laboratoire expérimental où les jeux s’installent dans un format entre les répétitions, les idées qui viennent de partout, les prises de position parfois souveraines. Et une metteuse en scène qui garde son sang-froid malgré quelques crises de caractère émanant des artisans.

FICHE TECHNIQUE DE LA
CAPTATION NUMÉRIQUE
Réalisation
Eliot Laprise
Catherine Vidal

Direction photo
Matthew Fournier

Eliot Laprise
Yannick Nolin

Montage : Matthew Fournier

Musique : Francis Rossignol

Mixage son : Colin Gagné

Avec
Olivia Palacci (metteuse en scène)
Luc Bourgeois (Laurel)
Mani Soleymanlou (Hardy)
Didier Lucien (Abraham Lincoln, noir)
Patrice Robitaille (Abraham Lincoln, blanc)
Ainsi que la présence de…
Catherine Vidal (mise en scène, observatrice)
Alexandra Sutto (assistante à la mise en scène)
Étienne Lepage (conseiller à la mise en scène)
Geneviève Lizotte (Scénographie)
Julie Charland (Costumes)
Alexandre Pilon-Guay (Lumières)

Genre(s)
Documentaire

Origine(s) : Canada [Québec]

Année : 2021 – Durée : 59 min

Langue(s)
V.o. : français
Laboratoire sur la pièce de Larry Tremblay
«Abraham Lincoln va au Théâtre»

Dist.[ Contact ] @
[ Théâtre du Nouveau Monde ]

Classement (suggéré)
Tous publics

Diffusion @
TNM
Jusqu’au 18 avril 2021