L’acrobate
PRIMEUR
Semaine 06
du Ven 07 au Jeu 13 fév 2020
SUCCINCTEMENT
Dans une ville nord-américaine en plein boom de la construction, un professionnel d’âge moyen amorce une relation intime avec un acrobate russe alors qu’il visite un appartement.
Réalisation
Rodrigue Jean
[ as Rod Jean ]
COUP DE CŒUR
de la semaine
Élie Castiel
★★★★½
Nul doute que L’acrobate aura son lot de détracteurs, ceux peu habitués à tant de liberté face à l’homosexualité masculine. Nul doute aussi qu’il s’agit d’un film élégant dans sa forme, minimaliste dans son approche, plus viscéral que démonstratif, vachement courageux par les temps qui courent, osant montrer ce qu’il ne faut pas sans demander la permission. Jouissif malgré sa présentation clinique de l’acte sexuel.
Au masculin, pour tenter le diable plus que tout, sans vraiment le vouloir. Au menu : érection, fellation, masturbation assistée, pénétration et autres ingrédients du genre peu communs. Le plus ouvert des spectateurs est surpris, presque choqué avant de saisir comme il faut la démarche particulière d’un cinéaste, timide dans la vraie vie, mais risquant le tout pour le tout à l’écran.
L’amour sans béquilles
C’est montré tel quel, mais pas comme dans les productions porno. Car entre Rodrigue Jean et ces moments crus, pour certains juteux (et ce n’est pas un jeu de mots) ,une distanciation qui évite la musique et le son (aucune bande sonore dans les moments cruciaux, aucun gémissement dû au plaisir). Comme si le moment passé entre les deux hommes demeurait hors du temps. Dans cet espace fantomatique d’un immeuble à plusieurs étages encore en construction. Ces tours d’un centre-ville montréalais froid, distant, agglomérant une humanité qui se cherche sans se trouver.
Définitivement, un film d’auteur québécois où la morale ambiante s’en va au diable, et ça fait du bien!
C’est du moins la vision d’un Rodrigue Jean qui signe ici et fort probablement son meilleur film. Par sa radicalité, son je-m’en-foutisme exacerbé et plus que tout, en matière d’homosexualité masculine dans le cinéma québécois, mettant finalement les points sur les i.
Et deux comédiens formidables. Sébastien Ricard, traînant un visage-fantôme blanc au début et à mesure qu’une pseudo relation amoureuse s’installe, transforme son apparence faciale en quelque chose de plus affirmative et de chaleureusement humain. Dans son premier rôle à l’écran, le Biélorusse Yuri Paulau entre par la grande porte et soumet son corps d’athlète-acrobate à l’œil pourtant pudiquement voyeur de la caméra, même lorsqu’il porte des béquilles. Entre le trop ou pas assez, Rodrigue Jean propose sa propre morale dans ce superbe objet filmique sur la solitude urbaine. Définitivement, un film d’auteur québécois où la morale ambiante s’en va au diable, et ça fait du bien!
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 07 fév 2020
Genre(s)
Drame existentiel
Origine(s)
Canada [ Québec ]
Année : 2019 – Durée : 2 h 14 min
Langue(s)
V.o. : anglais, français & russe; s.-t.a. ou s.-t.f.
The Acrobat
Dist. @
Fragments Distribution
Classement
Interdit aux moins de 18 ans
[ Érotisme ]
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
[ Cinémathèque québécoise / dès le ven 14 fév ]
[ Cinéma Moderne / dès le lun 17 fév – Horaire irrégulier ]
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]