Le ciel rouge

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 14 juillet 2023

RÉSUMÉ SUCCINCT.
Une petite maison de vacances au bord de la mer Baltique. Les journées sont chaudes et il n’a pas plu depuis des semaines. Quatre jeunes gens se réunissent, des amis anciens et nouveaux. Les forêts desséchées qui les entourent commencent à s’enflammer, tout comme leurs émotions.


COUP de
❤️
de la semaine

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★ ½

Comme une

indéchiffrable

sensation

d’apesanteur

C’est à partir de cette sensation à la fois physique et psychique dont sont atteints les personnages que Christian Petzold construit le récit, deuxième partie d’une trilogie sur les éléments de la nature, cette fois-ci, le feu.

Suivant le constituant-eau avec l’exigeant Ondine (Undine). Le ciel rouge est avant tout un non-récit sur le vague à l’âme, sur la recherche de signification de l’existence et plus particulièrement du « moment », ou de ces moments où on se laisse entraîner par l’instinct, l’impulsion ou, encore, dans le cas de Leon (magnifique Thomas Schubert), naviguant entre le désir désavoué envers… et sa crise d’auteur inaccompli.

Sur ce point, le cinéaste propose des zones grises, ce que le spectateur doit entreprendre intellectuellement pour saisir les fils tendus des relations et de la structure interne des tel ou tel personnage. Sur ce point, peut-on affirmer que Christian Petzold est issue de cette École de Berlin, plus ou moins récente, procurant aux cinéastes la faculté, entre autres, de filmer l’inconscient, d’arriver à une sorte de compromis entre le cinéma narratif comme discipline première de la représentation et le contrat moral qu’on en fait suivant des règles et des codes esthétiques. En fin de compte, une sorte de « nouvelle » nouvelle-vague allemande qui, pudiquement, tient compte des influences des anciens maîtres de cette cinématographie nationale – Ulrich Seidl n’est pas si loin.

Et soudain, le quotidien est basculé.

Dans le concret, des rencontres inattendues (bien que), des ébats qui rappellent un certain cinéma hexagonal un peu à-la-Rohmer, des moments de quiétude où l’on se plaît à draguer (Felix – très convaincant Langston Uibel dans la séquence à la plage) ; ou à entreprendre des doubles jeux, comme c’est le cas de l’unique femme de l’intrigue – ici, Paula Beer, la « ondine » du film éponyme, magnifique dans une séquence où elle révèle sa véritable identité.

Et puis, enveloppant cet univers en forme de huis clos, une nature hostile à l’environnement. Une crise climatique actuelle qui risque de tout balayer sur son passage. Cette corrélation entre l’Être et la Nature est filmée par Petzold comme l’abandon d’un projet social qui atteint également le niveau de l’intime. Cette particularité permet la majestuosité diaphane de la mise en scène, bercée de silences interrogateurs, de signes avant-coureurs d’une catastrophe annoncée mais qu’on préfère ignorer, ou parce qu’impuissants.

Avec Le ciel rouge, nous sommes face à une grande œuvre cinématographique qui redonne au 7e art sa véritable identité.

Pour atténuer l’extraordinaire émotion du corps des deux amants (Devid/Felix) calcinés par la catastrophe naturelle, Petzold l’évoque comme ces trouvailles archéologiques récentes du site de Pompéi; la nature ne cessant de reproduire ses conséquences néfastes depuis la nuit des temps.

Plus rien ne se stabilise. Les effets de la « pesanteur » sont ainsi réduits à néant, ou tout au plus neutralisés pour, du coup, comme par miracle, offrir un signe de saine métamorphose qui explique une fin de film que nous ne révélerons pas.

Et tout cela traité avec une légèreté étonnante, une grâce des plus équilibrées, de Devid, le sauveteur de la plage (Enno Trebs, jouant assidûment la carte de la séduction) à Helmut, l’éditeur de Leon – Mathias Brandt, confirmant  avec ténacité sa présence dans le cinéma au cours des quelques dernières décennies.

Avec Le ciel rouge, nous sommes face à une grande œuvre cinématographique qui redonne au 7e art sa véritable identité.

 FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Christian Petzold

Scénario
Christian Petzold
Direction photo
Hans Fromm

Montage
Bettina Böhler
Musique
Tarwater
Ryuichi Sakamoto
Wallners

Genre
Drame

Christian Petzold.
Saisir l’inconcevable.

Origine
Allemagne
Année : 2023 – Durée : 1 h 42 min
Langue
V.o. : allemand; s.-t.a. ou s.-t.f.

Afire
Roter Himmel

Dist. [ Contact ] @
Enchanté Films
[ FilmsWeLike ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
 Cinéma du Parc
 Cinémathèque québécoise

 

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]