Le club Vinland

PRIMEUR
Sortie
Vendredi 02 avril 2021

SUCCINCTEMENT
L’histoire d’un éducateur exceptionnel dans un collège de garçons de l’est du Québec.

LE FILM
de la semaine.

★★★★

texte
Élie Castiel

Habitué à un cinéma d’auteur humaniste, comme peuvent en témoigner ses documentaires et son premier long métrage de fiction, l’excellent et unificateur Ce qu’il faut pour vivre (2008), Benoît Pilon assume le caractère « grand public » de ses productions qu’il agrémente de notions à la fois intimes et sophistiquées sur les images en mouvement.

Pour la majorité des spectateurs, un cinéma idéal qui unit vision du cinéma et rapport au public. Mais un cinéma qui ne fait pas toujours la joie des jusqu’au-boutistes. Mais bon, cela est une autre histoire. Avec Le club Vinland, c’est à l’imaginaire du collectif québécois que Pilon s’attarde. Un rêve quasi utopique d’aborder son Histoire, de trouver des héros, des héroïnes, des hommes et des femmes qui ont marqué les plus de siècles de récits passionnants. Ramener des personnages simples en les plaçant dans des situations extraordinaires. Un défi de taille qui ne peut convaincre que par la présence de comédiens chevronnés et par une mise en scène adéquate.

Sébastien Ricard, osant le geste interdit dans L’acrobate, le controversé film de Rodrigue Jean, transgresse également ici, mais dans la liberté qu’il prend avec ses élèves, dans une institution mené par des Jésuites. Une transgression visant à éduquer les jeunes cerveaux, à les situer au diapason d’un monde qui change.

Force majeure ou

faute de conduite

Enfreindre les lois pour accéder au progrès.

En quelque sorte, Le club Vinland évoque, par moments, Les amitiés particulières (1964), le film français de Jean Delannoy, d’après le roman de Roger Peyrefitte. Dans les atmosphères, les liens qu’on entretient avec secret dans le huis clos d’une institution religieuse, les jalousies, les intrigues.

C’est en 1949 que se passe l’action. Un an avant la nouvelle décennie marquant le milieu du XXe siècle. Les progrès qui avancent à grands pas en Occident, un Québec qui commence son réveil tardif, lentement, mais sérieusement. Chez les intellectuels, comme c’est le cas en quelque sorte pour le Frère Jean (Ricard), le temps est à une vision du monde entre la spiritualité et la science.

Proposition déterminée, touchante, sincère et dignement accomplie, caressant adroitement le rêve d’une utopie réalisable.

Un beau film, un film serein qui se tourne contre l’obscurantisme d’une autre époque, mais sans trop faire de bruit. Entre la faute de conduite (transgresser les règles de l’institution) et la force majeure (enfreindre les lois pour défendre la vraie éducation et le progrès), c’est ce qu’aborde Le club Vinland, un très beau moment de cinéma québécois.

À souligner que dans le rôle d’Émile Lacombe, Arnaud Vachon signe sa première participation dans un long métrage. Un visage, un comportement, une attitude, entretenant avec la caméra un rapport aussi expressif qu’inséparable.

Outre les grosses pointures comme Rémy Girard, François Papineau et Guy Thauvette, tous les trois impeccables, un nouveau venu au grand écran, Xavier Huard, impose sa présence avec une bonhomie bienveillante. Proposition déterminée, touchante, sincère et dignement accomplie, caressant adroitement le rêve d’une utopie réalisable.

 

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Benoit Pilon

Scénario
Benoit Pilon
Normand Bergeron
Marc Robitaille

Images : François Gamache

Montage : Richard Comeau

Musique
Guido Del Fabrro

Pierre Lapointe

En tournage.

Genre(s)
Drame

Origine(s) : Canada [Québec]

Année : 2019 – Durée : 2 h 05 min

Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

The Vinland Club

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma Beaubie

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]