Le jeune Ahmed
PRIMEUR
Sortie
Vendredi 10 juillet 2020
SYNOPSIS SUCCINCT
Depuis peu, Ahmed, un jeune adolescent belge, a laissé tomber les jeux vidéo et autres plaisirs typiques des garçons de son âge. Sous l’influence de l’imam Youssouf, dont il fréquente la mosquée, il consacre tous ses temps libres à la prière et à l’étude du Coran. À l’école des devoirs, Ahmed refuse même de serrer la main de son enseignante, Mme Inès.
< CHOIX
de la semaine >
texte
Luc Chaput
★★★ ½
Chronique d’une mort annoncée
Un adolescent, parce qu’on ne lui permet pas de dire sa prière musulmane à une heure précise, s’enfuit de la salle de réunion et est rattrapé par les éducateurs du centre pour jeunes délinquants en Belgique. Cela pourrait être une scène d’un film sur la réinsertion de ces adolescents coupables de crimes ou de délits (10½ de Daniel Grou avec Robert Naylor) qui s’insère dans le cursus cinématographique depuis très longtemps. Ahmed est là car, à 13 ans, il a commis par fanatisme une tentative d’assassinat.
Comme dans plusieurs de leurs films, La promesse, Le fils, Le gamin au vélo, cette dernière œuvre des frères Dardenne scrute les relations familiales et les place dans un contexte moral et social plus large. Ahmed, magnifiquement interprété par Idir Ben Addi, apparaît entier dans les premières images et peu d’éléments permettent de comprendre pourquoi il est devenu rapidement un prosélyte si fervent. Issu d’une famille fracturée, un de ses cousins plus âgés est mort membre d’une organisation intégriste musulmane violente. Il vénère sa mémoire et Youssouf, son iman voisin, l’emploie à diverses tâches et, tartufe, instille en lui une ferveur qui abreuve sa quête d’absolu.
La caméra du directeur photo Benoit Dervaux, auparavant caméraman habituel sur ces projets, suit de très près les actions de cet adolescent imberbe qui tente quelquefois de paraître plus adulte. Les conflits familiaux et sociaux par exemple dans les relations entre la professeure Inès et les parents d’élèves sur l’apprentissage de l’arabe moderne sont rendus dans une langue simple qui évoque les documentaires sur des sujets similaires.
L’acte étonnant, majeur, désarçonnant qu’Ahmed commet sur la personne d’Inès l’envoie dans le centre cité plus haut. S’y construit une tension entre Ahmed seul dans sa cellule qui accomplit sa Salat mais aussi prépare par divers stratagèmes une action hors les murs. Le cadrage y est encore plus oppressif contrairement à ceux des interactions avec l’éducateur ou la psychologue et surtout avec la famille d’agriculteurs dont la jeune Louise qui permettent à cet adolescent d’apprécier une autre manière de vivre. Ahmed, côté cellule et côté jardin, est si double que la tension, portée par le montage précis de Marie-Hélène Dozo, s’installe dans cette chronique d’une mort annoncée qui devient une course à multiples obstacles par bus et par vaux à l’issue incertaine. Jean-Pierre et Luc Dardenne, par ce cas d’espèce, jettent un regard complexe sur une possible radicalisation tournée vers une futile promesse.
Jean-Pierre et Luc Dardenne, par ce cas d’espèce, jettent un regard complexe sur une possible radicalisation tournée vers une futile promesse.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Jean-Pierre Dardenne
Luc Dardenne
Genre(s)
Drame psychologique
Origine(s)
France
Belgique ½
Année : 2019 – Durée : 1 h 24 min
Langue(s)
V.o. : français, arabe ; s.-t.f
Le jeune Ahmed
Dist. @
Maison 4tiers
Classement
Tous publics
En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]