Le partage.
@ La Chapelle

CRITIQUE.
[ Scène ]

★★★★

 

Le décor de Camille Barrantès ressemble au sous-sol d’une usine désaffectée où le métal et le béton se frôlent intimement comme pour présager l’ampleur du spectacle sur scène.

 

Le saut dans le vide

texte
Élie Castiel

Un solo en forme de monologue créé par Emmanuel Schwartz, qui assure également la mise en scène. Comme si la confier à quelqu’un d’autre serait un affront envers lui-même. Car il s’agit d’une confession, d’un désir insoutenable de partager avec les spectateurs le côté « destroy » de l’autobiographie.

Parler de soi, de son métier d’acteur, de comédien qui a eu un certain succès et continue de l’avoir, de son époque et des replis, ces labyrinthes qu’elle impose au métier.

Comme une sensation d’inconfort assumé,
Crédit : David Ospina

Comment rester soi-même lorsqu’on ne cesse d’être les autres, les nombreux autres, ces personnages qu’on invente, soit soi-même ou la plupart du temps, les imaginés par les dramaturges qui parlent surtout de la vie.

Le cinéma, le théâtre, la vie, la famille, le retour aux sources de tout, la mère tout simplement. Une finale symboliquement bouleversante qui s’accomplit dans un fondu au noir magistral.

Le partage est en quelque sorte une double mise en abyme. Le comédien et son sosie – que des images vidéographiques sublimes ne cesse de le rappeler sur un écran en tissu d’un gris acariâtre qui change parfois de forme; d’autre part, la corrélation, cette sorte de correspondance entre le spectacle sur scène et la réalité, celle de faire face aux spectateurs en lui avouant des intimités.

Se confondre à l’image de soi.
Crédit : @ David Ospina

Mais Le partage, encore une fois, c’est aussi la présence d’un immense comédien qui vit en ce moment les plus belles pages de sa carrière. Il s’immole, se vide le cœur et l’esprit, profite des bienfaits et des parjures de l’espace dramatique, vend son âme au diable et, mine de rien, sent ce besoin impondérable qui est une source ouverte à tous les possibles. Quitte à s’avouer vaincu.

Un tour de force puisque le texte est aussi de lui; une écriture folle, déroutante; une plume aussi controversée car s’en allant de tout côté. D’où ces tangentes qu’il entreprend pour nous désorienter, pour ensuite, comme par miracle, nous ramener en lieu sûr.

En fait, du coup, une autre mise en abyme entre le comédien et les spectateurs, malgré leur passivité face à la scène, travaillant leur esprit de découverte, de relation avec l’artiste.

Le cinéma, le théâtre, la vie, la famille, le retour aux sources de tout, la mère tout simplement. Une finale symboliquement bouleversante qui s’accomplit dans un fondu au noir magistral. Et une musique et un son qui vibrent comme l’annonce d’un renouvellement.

ÉQUIPE PARTIELLE DE CRÉATION
Texte
Emmanuel Schwartz

Mise en scène
Emmanuel Schwartz

Collaboration à la mise en scène
Alice Ronfard

Interprète
Emmanuel Schwartz

Décor
Camille Barrantès
Éclairage
Étienne Boucher
Vidéographie
Transversal
Son
François Thibault
Concept musical
Cédric Dind-Lavoie

 

 

Durée
1 h 20 min
[ Sans entracte ]

Diffusion & Billets @
La Chapelle
Jusqu’au 09 mai 2023

Auditoire (suggéré)
Tout public
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]