Les chatouilles

PRIMEUR
Semaine 06
du Ven 07 au Jeu 13 fév 2020

SUCCINCTEMENT
Danseuse professionnelle, Odette décide sur un coup de tête d’entrer dans le bureau d’une psychologue pour lui parler d’un secret qu’elle a toujours gardé pour elle. Sans détour, elle confie à la thérapeute les raisons de son comportement autodestructeur, conséquence des stigmates de son enfance volée.

Réalisation
Andréa Bescond
Éric Metayer

CRITIQUE

Luc Chaput

★★★

Recoller les morceaux

Une danseuse se rend sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris. Elle est joyeuse. Elle s’assoit ensuite assez loin comme spectatrice pour que son souvenir de son idole Rudolf Noureev dansant en solo dans ce grand espace prenne toute sa force. La mise en scène d’Andréa Bescond et d’Éric Métayer intègre ainsi aisément un extrait venant de l’INA dans cette recréation mi-réaliste mi-fantasmée d’un épisode de la vie d’une femme violée enfant.

Les coréalisateurs ont adapté la pièce autobiographique Les chatouilles ou la danse de la colère qui avait permis à Bescond de remporter le Molière de l’interprète seule-en- scène en 2016. Elle y jouait tous les rôles y compris son alter ego Odette jeune. Comme dans la séquence décrite plus haut, le scénario inclut moments réalistes et imaginés dans le même espace-temps servis par le montage inventif de Valérie Deseine. Les retours en arrière d’Odette enfant permettent à Cyrille Mairesse d’exprimer une fraîcheur dans le jeu et un entrain dans les cours de danse avec ses petits camarades qui contrastent avec son côté plus réservé avec l’ami de la famille.

Karine Viard mérite amplement le César qu’elle a remporté l’an dernier tant la mère qu’elle incarne est si peu empathique aux désirs des siens et tournée vers les qu’en-dira-t-on. Clovis Cornillac lui oppose le portrait nuancé d’un père aimant, dépassé par les événements mais prêt aux combats futurs.

La prise de contrôle par ces jeux pervers de Gilbert est menée avec un diabolique doigté par Pierre Deladonchamps qui table sur son habituelle image positive (Le fils de Jean) pour rendre sa perfidie plus difficile à détecter et à combattre. La mise en scène laisse à l’imagination du spectateur le soin de compléter ces moments vers une horreur glaciale.

La fuite en avant de l’adolescente et de l’adulte qui reconstruit une certaine estime de soi tant bien que mal par divers échappatoires est l’occasion pour Andréa dans le rôle d’Odette adulte de montrer ses talents de danseuse dans divers styles et le côté soupe au lait de son personnage. Carole Franck en psy amène alors une certaine pondération dans l’étude de ces croquis d’instants majeurs dans la vie de barreau de chaise que mène son interlocutrice. Karine Viard mérite amplement le César qu’elle a remporté l’an dernier tant la mère qu’elle incarne est si peu empathique aux désirs des siens et tournée vers les qu’en-dira-t-on. Clovis Cornillac lui oppose le portrait nuancé d’un père aimant, dépassé par les événements mais prêt aux combats futurs.

Le parcours en montagnes russes de cette Odette entraîne naturellement une libération de la parole d’autres victimes périphériques. Ce couple d’acteurs-scénaristes-réalisateurs apporte ainsi une autre pierre bienvenue au combat contre ce crime majeur aux côtés du récent Grâce à Dieu de François Ozon et ce bien après The Boys of St Vincent (1992), du Canadien John N. Smith.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 07 fév 2020

Genre(s)
Drame

Origine(s)
France

Année : 2018 – Durée : 1 h 43 min

Langue(s)
V.o. : français
Les chatouilles

Dist. @
A-Z Films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]