Les Rendez-vous
Québec Cinéma 2023

ÉVÉNEMENT
Festival. ]

texte
Luc Chaput

Des

histoires

à

raconter

 

Après une édition reportée l’an dernier en avril dû à la pandémie, cette rencontre annuelle attendue de notre cinéma a eu lieu cette fois-ci fin février en même temps que la Nuit blanche et la semaine de relâche montréalaise.

Cela a permis à plusieurs de voir en salle dans un cadre festif des longs métrages qui avaient connu une carrière plus ou moins longue en salle durant les mois précédents. Beaucoup de ces films de divers formats présentés dans cette rétrospective ont fait l’objet d’une critique sur ce site. Des premières attendues comme celle du Plongeur en ouverture ont permis un accueil médiatique qui a favorisé un lancement sérieux.

Jacques.
Crédit : Makila

Le documentaire Jacques sur Jacques Duhoux, ce pionnier local des expéditions nordiques trouva sa place parmi les Tapis bleus. Ce Québécois d’origine belge continue à plus de 80 ans à vivre simplement dans les monts Groulx ou Uapishka en Innu qu’il a contribué à faire connaître dans les années 70. La réalisatrice Lysandre Leduc-Boudreau le visite dans sa petite maison, partie de son campement Nomade d’accueil pour la découverte de sentiers de longue haleine dans cette région située près du fameux lac formé dans le cratère Manicouagan.

Un rappel biographique imagé de son enfance au Congo belge et de son travail comme éducateur dans ces contrées africaines se conjugue harmonieusement avec une rencontre en Savoie avec des participants européens de ses randonnées à la dure en hiver qu’il organisait et dirigeait dans ces lieux où il continue de vivre. On trouve sur YouTube, une portion importante de La Trace, un moyen métrage d‘Alain de Halleux qui présente son compatriote Duhoux en 1998 et qui permet d’apprécier encore plus cette vie atypique.

Ce portrait empathique, malgré ses qualités évidentes, n’a pas remporté le prix Pierre-et-Yolande-Perrault du documentaire qui est allé à Geographies of Solitude de Jacquelyn Mills, également lauréat du prix Luc-Perreault du long métrage décerné par l’association des critiques québécois.

Le volet francophone canadien comprenait L’Ordre secret de Phil Comeau. Dans une salle complètement remplie, ce long métrage, produit par l’ONF à Moncton, met en scène le cinéaste découvrant l’histoire de l’Ordre de Jacques-Cartier, société secrète fondée dans les années 20 à Ottawa pour promouvoir le fait français au Canada. Les actions des Orangistes, des Francs-maçons et du Ku Klux Klan contre les catholiques ou les francophones sont trop rapidement évoquées. À partir de son histoire familiale, le réalisateur détaille ses recherches aux archives, interviewe des historiens et des membres de l’Ordre qui s’est dissous en 1965.

L’Ordre secret.
Crédit : ONF

Les témoignages de ces personnes âgées alternent avec une recréation volontairement théâtrale de la cérémonie d’initiation des postulants. L’hommage rendu à certaines personnalités du Nouveau-Brunswick pour leur travail fondateur d’institutions économiques ou culturelles est bien intégré dans ce film. Toutefois, les actions de l’Ordre en Ontario, et dans les autres provinces prennent alors une plus petite place. La montée du nationalisme québécois durant la Révolution tranquille constitue un des facteurs qui amène la fin de l’OJC.

On trouve d’ailleurs sur YouTube un moyen métrage de la télésérie Le signe secret sur Historia; il s’agit de L’Ordre de Jacques-Cartier (La patente), sorti en 2012, qui donne un éclairage plus québécois.

Les courts sujets Invincible de Vincent René-Lortie et Simo d’Aziz Zoromba ont été les grands gagnants du gala Prends Ça Court qui a encore eu lieu pendant cette manifestation. Invincible a aussi remporté le prix du court de fiction décerné par un jury des RVQC. Certains de ces cinéastes reconnus ou non nous reviendront assurément avec d’autres œuvres dans les éditions subséquentes de ce festival toujours renouvelé.