Mad Max,
au-delà de la radicalité

RECENSION.
[ Essais-Cinéma ]

★★★ ½

texte
Élie Castiel

Une obsession 

de la finalité

De ses origines helléniques, puisque nombreux sont ceux qui savaient déjà que son vrai nom est George Miliotis (Yorgos Miliotis en grec), le réalisateur iconoclaste australien conserve cette tendance vers le tragique, comme une malédiction des Dieux portée sur les Hommes et qu’on retrouve dans cette série d’essais autour du personnage de Mad Max.

   Entre l’œuvre originale, Mad Max (1979) – au Québec, Bolides hurlants, et le quatrième épisode, Mad Max: Fury Road (2015) – Au Québec : Mad Max : La route du chaos), des années de pauses pour tourner d’autres films, sans rapport avec la franchise, sauf sans doute dans le cas de Babe, dû sans doute à son discours social. Un fait à remarquer, dans ce dernier chapitre de Mad Max, il propose à sa compatriote Eleni Karaindrou de collaborer à la partition musicale, s’ajoutant à celle de Junkie XL. Karaindrou, une habituée des films du regretté Theo Angelopoulos, comme vous le devinez, lui aussi Grec.

Un dénominateur commun aux textes des cinq intervenants et Lloyd Chéry, rédacteur de la préface : la présence non pas d’une dystopie, mais d’un (dés)ordre anarchique qui résiste à toutes tentatives de réhabilitation.

   Plus que tout, les auteur(es) de ces essais revendiquent ouvertement leur admiration envers un cinéaste qui assument son côté mainstream (action, violence, héros solitaire comme dans les westerns américains de l’âge d’or, propos intentionnellement manichéen dans la présentation du combat pérenne entre le Bien et le Mal) en même temps qu’il alimente ces films d’une aura d’originalité philosophique (fin de la civilisation occidentale, déclin des valeurs et des traditions) et esthétiques (multiplication des formes du plan et du cadrage). Sans oublier les métaphores visuelles dont les objets, les carcasses de ferrailles, les véhicules mastodontes qui ressemblent à des humains.

   Assez bizarrement, dans Mad Max: Beyond Thunderdome (1985) – au Québec, Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre… « Trocpolis évoque directement la Sodome et Gomorrhe de l’Ancien Testament, ville maudite, détruite par la puissance d’un Dieu vengeur qui accuse ses habitants d’avoir été inhospitaliers, violents, cupides et de s’être livrés aux abus sexuels et à l’homosexualité – l’homophobie, consciente ou inconsciente, de George Miller, trouve ici un écho empreint de religiosité… » (p. 86) Consciente ou inconsciente, cette homophobie? – Je n’ose me prononcer davantage sur le sujet; d’une part, il ne s’agit que d’un thème abordé parmi tant d’autres. Mais surtout, et je souligne bien surtout, que la perception des spectateurs à ce sujet peut varier d’une personne à l’autre, bien que de manière illustrative, Miller paraît plutôt ostensible.

   Mais bon! À travers les essais, on a recours aux relations père/fils, comme un sorte d’apprentissage du père vers les valeurs viriles de la masculinité. Autrement dit, l’affirmation nette d’un patriarcat fondateur qui se perd dans la nuit des temps. D’où le peu de présence de la femme qui finissent par mourir et souvent violées. Même si force est de souligner que la présence de Charlie Theron et de Tina Turner, selon le film, ouvre la brèche vers une certaine, et je dis bien certaine, parité héroïque.

Mad Max: Fury Road. Un partage égalitaire de la violence.

   À la lecture de Mad Max, au-delà de la radicalité, nous ne pouvons pas revoir les films de la série de la même façon. Chaque intervenant y va de ses théories, preuves à l’appui, s’en donnant à cœur joie dans cet exercice intellectuel transmis dans une langue accessible, évitant les poncifs des textes académiques et surtout, échappant judicieusement aux écueils qu’on trouve souvent dans ces textes universitaires qui prennent toujours des tangentes s’écartant du sujet.

   Un dénominateur commun aux textes des cinq intervenants et Lloyd Chéry, rédacteur de la préface : la présence non pas d’une dystopie, mais d’un (dés)ordre anarchique qui résiste à toutes tentatives de réhabilitation.

On soulignera que dans la filmographie, les titres français sont suivis des originaux.

Mad Max, au-delà de la radicalité
Textes de Nanouk Borzakhian, Erwan Desbois
Elise Lépine, Alexandre Mathis,
& Nico Prat
Préface de Lloyd Chéry
Levallois-Perret : Playlist Society, 01-2022
128 pages
[ Non illustré ]
ISBN : 979-1-0960-9851-4
Prix suggéré : 14,00 €
[ Commandes locales : 24,95 $ – À paraître en février ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]