Mais vous êtes fous

Semaine 44
du 1er au 7 novembre 2019

 

EN QUELQUES MOTS
Depuis des années, Roman consomme de la cocaïne à l’insu de ses proches, inconscient des possibles conséquences.

Primeur
Le Film
de la semaine
Élie Castiel

★★★ ½

LA CONFIANCE RETROUVÉE

Premier long métrage de l’écrivaine franco-libanaise Audrey Diwan, Mais vous êtes fous (titre emprunté à des paroles d’une chanson qu’on entend dans la séquence au club de nuit) emprunte autant au mélodrame qu’au drame vécu. La réalisatrice, sans aucun doute inspirée par son expérience de l’écrit, utilise les codes des deux genres narratifs avec un sens de la retenue que l’on doit à une mise en scène elliptique, faite parfois de non-dits, de paroles sourdes ou à peine suggérées.

Issue de la méditerranée, ou du moins en esprit, en dépit de la gravité du propos, Diwan savoure les quelques moments de grâce avec une luminosité incroyable, au sens propre comme au figuré. Elle bénéficie, bien entendu, d’un casting dont la symbiose se manifeste dès les premiers instants. Pio Marmaï, plus habitué aux comédies, plonge à corps perdu dans le personnage de Romain, totalement déboussolé, perdu dans les arcanes de la drogue, inconscient des dommages causés à sa petite famille. Face à lui, Camille, magnifique Francine Sallette, incapable de renoncer à l’idylle des débuts de son union avec son compagnon. Forte et frêle en même temps, réagissant tout de même de façon logique aux vraies situations, mais dans le même temps, essayant de sauver cet amour et sa famille. Intègre, magnifique.

Ou peut-être bien que les nouveaux temps, semble dire une Audrey Diwan éclairée, quasi résignée, fortement réaliste, philosophe, sont ceux qui cachent dans leurs entrailles, une société qui s’annonce, malgré ce qu’on observe, quelle que soit l’issue, les premiers balbutiements d’une confiance retrouvée.

Mais ce qui frappe le plus dans Mais vous êtes fous, c’est bel et bien le rapport que la réalisatrice entretient avec l’intime, une sorte de huis clos où le spectateur se sent voyeur comme l’intrus dans un lieu qui n’est pas le sien. C’est là aussi le vrai drame de ce film intense qui refuse les lois du pathos et de la pitié. Plus que tous, ce premier essai de fiction est un film sur le déni, la résignation ensuite, et la possibilité d’envisager la rupture comme seul moyen de s’en sortir.

C’est dans un sens le lot des sociétés occidentales du nouveau siècle. Nous avons sûrement perdu quelque chose d’humain de l’époque qui nous a précédée, quelque chose qui a à voir avec l’humanité, le rapport à l’autre, aux autres.

Ou peut-être bien que les nouveaux temps, semble dire une Audrey Diwan éclairée, quasi résignée, fortement réaliste, philosophe, sont ceux qui cachent dans leurs entrailles, une société qui s’annonce, malgré ce qu’on observe, quelle que soit l’issue, les premiers balbutiements d’une confiance retrouvée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Vendredi 1er novembre 2019

Réal.
Audrey Diwan

Genre(s) : Drame

Origine(s) : France

Année : 2019 – Durée : 1 h 35

Langue(s)
V.o. : français
Mais vous êtes fous

Dist. @
K-Films Amérique

Classement
Tous publics

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cineplex

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]