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Elemental

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 16 juin 2023

SUCCINCTEMENT.
Dans une métropole, une jeune femme rencontre un jeune homme d’un autre milieu.

CRITIQUE

★★ ½

texte
Luc Chaput

 

Rencontre d’un autre type

 

Une jeune femme, employée d’un dépanneur, connaît
des accès de colère quand elle sert certains clients.

Venue d’une île volcanique, les parents Lumen ont pu rénover et ouvrir un dépanneur dans une section plus pauvre de cette conurbation qu’est Element City. Y vivent des représentants des quatre éléments, le feu, l’eau, l’air et la terre. Le scénario de John Hoberg, Kat Likkel et Brenda Hsueh, mu par les souvenirs du réalisateur, est pourtant inégal.

L’enquête technique qui suit la rencontre chaotique entre Ember et Wade est trop rapidement résolue. Les végétaux représentant la terre font tapisserie alors qu’on aurait pu leur attribuer un rôle souterrain dans cette histoire. Seule la patronne de Wade, Gale, avec son caractère expansif et sa grosse voix, a un poids conséquent et pourrait être une variation réussie des personnages de Partly Cloudy (Passages nuageux), le court métrage ingénieux sur la naissance qui lança la carrière de Sohn.

Dans un stade de l’histoire.

Pour donner vie à cette comédie romantique prévisible sur les contraires qui s’attirent, la production Pixar a mis le paquet pour l’enchâsser dans un écrin rutilant. Le gratte-ciel dans lequel demeure la famille de Wade ressemble bien évidemment à Marina City à Chicago, aux édifices évoquant des épis de maïs. L’irruption des vaisseaux monstrueux peut faire penser à leur arrivée à Venise décrite dans certains documentaires sur le tourisme de masse.

Après la production d’une Little Mermaid (La petite sirène) insatisfaisante, ce nouveau produit Disney plaira surtout aux enfants alors que le sujet sur le vivre ensemble dans une société multiculturelle méritait un approche qui intriguerait également les autres membres de ces familles

La partie à l’intérieur du stade de rollerball aérien donne lieu à une vague attendue et bien exécutée. La visite subaquatique d’une exposition florale constitue un des plus beaux moments de ce film qui égrène ses perles dans un canevas plutôt ténu. La musique de Thomas Newman aux accents indiens amène à plusieurs reprises un accord tonique enveloppant à ces aventures.

Après la production d’une Little Mermaid (La petite sirène) insatisfaisante, ce nouveau produit Disney plaira surtout aux enfants alors que le sujet sur le vivre ensemble dans une société multiculturelle méritait un approche qui intriguerait également les autres membres de ces familles.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Peter Sohn

Scénario
John Hoberg, Kat Likkel, Brenda Hsueh.
D’après un récit de Peter Sohn, John Horberg
Kat Likkel et Brenda Hsueh
Direction photo
David Juan Bianchi

Jean-Claude Kalache
Montage
Stephen Schaffer
Musique
Thomas Newman

Genre
Animation

Origine
États-Unis
Année : 2023 – Durée : 1 h 41 min
Langue(s)
V.o. : anglais & Version française

Élémentaire

Dist. [ Contact ] @
Walt Disney Pictures

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

L’envol

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 16 juin 2023

SUCCINCTEMENT.
Quelque part dans le Nord de la France, Juliette grandit seule avec son père, Raphaël, un soldat rescapé de la Première Guerre mondiale. La jeune fille fait un été la rencontre d’une magicienne qui lui promet un riche avenir.

CRITIQUE

★★★ ½

texte
Élie Castiel

 

Un début dramatiquement nostalgique, en forme d’actualités des premières images du cinématographe; des soldats, des revenants de la Première grande guerre d’un 20e siècle qui s’annonce rugissant.  Silence que seule la pellicule en grain rend saisissant, irrévocable, transperçant.

 

Le destin

de Juliette

 

Le silence est de mise au cours des prochaines minutes. On apprendra, peu à peu, à connaître ce soldat au physique « phénoménale », imposant; au visage ravagé mais d’une beauté sauvage qui cache mal vulnérabilité, raffinement rural et humanisme.

Très librement inspiré par le Russe Alexandre Grine et son roman Les voies écarlates, écrit en 1923, le transalpin Pietro Marcello construit un film dont le romantisme lyrique s’empare de plusieurs genres cinématographiques : le film romantique, la fable humaniste, le film vaguement musical et ce on ne parle que peu par les temps qui courent, la trajectoire du destin.

Un rapport père-fille fait de silences résonnants.

Un lieu unique, rural, où rien ne semble se passer, sauf la vie, les hommes, les femmes, les bêtes, le travail et le temps. Et pourtant, des secrets, des choses non dites, des « princes charmants » qui passent par-là, par hasard – ou peut-être que non, car poussé sans doute par l’unique sorcière, pardon, magicienne des lieux (inépuisable Yolande Moreau). Et elle, Juliette, qu’on verra grandir, orpheline de mère, proche de son père, revenant du conflit 14-18. Il pratiquera le métier qu’il professe le plus, celui de travailler le bois, la sculpture – surtout celle qu’il consacrera à sa femme.

Si l’auteur du très beau Martin Eden succombe encore une fois à la tentation de conjuguer le corps à la nature, particulièrement celui de Juliette, lorsque devenue jeune femme, il le fait avec la grâce d’un peintre face à sa muse bien-aimée, naviguant entre le désir du corps féminin et sa représentation mythique. Marcello est en quelque sorte un cinéaste culturellement engagé. Il oscille entre le filmé social et la place que le physique prend dans ce parcours. Non seulement  dans le cas de Juliette, mais aussi en ce qui a trait aux personnes qui l’entourent, aspergées de ce parfum de vie qui garde nos sens en éveil.

Des séquences fortes, d’autres intentionnellement maladroites, comme si pris, comme on dit, par « le feu de l’action » ou des épreuves, Pietro Marcelle se laissait guider uniquement par cette étrange histoire d’amour où rêve et réalité se confondent pour refaire la vie.

Qu’il s’agisse de ceux de Mme Adeline (excellente Noémie Lvovsky, dans un rôle à contre-emploi qu’elle arrive parfaitement à soutenir), et bien entendu, notre Juliette (dans un premier rôle au grand écran brillamment tenu de grandes promesses). Elle fait des poses, affiche des regards magnifiquement cinégénique, chante à merveille des refrains de sirène et aime comme on respire.

Réfugié des films dits d’auteur, Louis Garrel semble se diriger vers une carrière, toujours d’acteur, beaucoup plus plurielle, accueillant les genres divers avec une réluctance insoupçonnée.
Finalement, Raphaël, comme Juliette, conservant le même prénom d’acteur, Raphaël Thiery, l’une des grandes surprises de ce film étonnant, lyrique, sans concessions quant à l’approche cinématographique. Thiéry bouscule l’art d’interprétation, justement par son absence presque totale de connivence avec le r Justement, il est dans plus de 30 films, mais il est de ces comédiens qui ne font pas beaucoup de bruit; en fait qui ne font pas du tout du bruit. Un film qui le place, sans son accord sans doute, dans lun piédestal. Un acteur qui nous surprend par son charme et sa persévérance antistar, antisystème.

Des séquences fortes, d’autres intentionnellement maladroites, comme si pris, comme on dit, par « le feu de l’action » ou des épreuves, Pietro Marcelle se laissait guider uniquement par cette étrange histoire d’amour où rêve et réalité se confondent pour refaire la vie.

Tout est forgé selon ce que sera le destin de Juliette.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Pietro Marcello

Scénario
Pietro Marcello, Maurizio Braucci, Maud Ameline.
Avec la collaboration de Grenevève Brissac.

D’après la nouvelle Les voiles écarlates, d’Alexandre Grin,
Direction photo
Marco Graziaplena

Montage
Carole La Page
Andrea Magudo
Musique
Gabriel Yared

Pietro Marcello.
Poétiser le réel.

Genre
Drame

Origine
Italie
France
Allemagne
Année : 2022 – Durée : 1 h 40 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Scarlet

Dist. [ Contact ] @
[ Kino Lorber ]

Diffusion @
Cinéma du Musée

Classement (suggéré)
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Les enfants des autres

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 16 juin 2023

SUCCINCTEMENT.
Rachel a 40 ans, pas d’enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, 4 ans, sa fille de ce dernier.

 

Le FILM
de la semaine

CRITIQUE

★★★★

Assumer entièrement sa féminité, c’est surtout se sentir également libre de ses actes, d’accepter de remettre en question ses opinions, ses préacquis,  même après un divorce et lorsqu’on a un amant, séparé de sa femme, et père d’une enfant.

 

texte
Élie Castiel

Le cœur qui chavire

 

Mais elle n’a plus le temps que lorsqu’on a 20 ans. En toute conscience, elle voudrait être la « maman » de substitut, non pas par orgueil ou posssession, mais vivre ce qu’elle n’a pas pu réaliser jusqu’ici. Et c’est une comédienne d’exception, Virginie Efira, qui endosse ce rôle. Elle y consacre tout son être à ce personnage exigeant, épuisant même, tel que construit dans le nouveau film de Rebecca Zlotowski

Plus que jamais, l’auteure, entre autres, du reluisant Grand Central (2013), puise dans les contours du drame romanesque, bien plus, de la tragédie des relations qui ne se réalisent pas tel qu’on le voudrait. Et cette approche n’est que plus gagnante, car permettant des dispositifs narratifs plus intraitables comme se faire « accepter comme nouvelle mère » par Leïla, la petite de son amant, celle-ci incarnée par la très attachante et adorable Callie Ferreira-Gonçalves, étonnante de nuances et de sobriété.

Mais avant tout, dans son récit, d’une grande simplicité, Les enfants des autres, titre on ne peut plus mélo, dissimule les aspects excentriques d’un genre désuet pour créer une sorte d’intensité, de parcours quasi initiatique, comme se voir grandir à partir de rudes épreuves quelles que soient les conséquences.

Rendre possible l’intégration.

Et l’Homme, dans ce jeu de sentiments souvent aléatoires et de caresses éparses? Ali est vraiment épris de Rachel. Les quelques brèves séquences intimes traduisent l’engouement partagé et sincère entre elle et lui. Mais au fond, inconsciemment peut-être, il aime encore Alice (convaincante Chiara Mastroianni), celle avec qui il ne vit plus et qui, chacun son tour, partagent la garde de l’enfant.

Entre les sentiments du départ et ceux qui se forment entre-temps, quelles sont les lois de l’amour, du possible retour, de l’éternité d’une vie amoureuse? Paradoxes du bonheur qui n’existe peut-être que dans notre imaginaire, nos fantasmes.

Entre ces jeux de l’amour et du hasard, Rachel, qui se trouve dans un engrenage entre le prise de possession d’un rôle qu’elle n’a jamais eu jusqu’ici – être mère, se crée un monde d’illusions, de rêves sans doute insensés. Et si c’était possible après tout? Elle fera tous les efforts même s’il s’agit de l’enfant d’un autre. Belle allocution de la part de la cinéaste, ouverte à un nouveau discours, très actuel, sur la parentalité.

Pourtant, Rachel est entourée des élèves (d’une certaine façon, enfants) à qui elle enseigne la littérature dans un lycée. Le roman à l’ordre du jour, Les liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos. Mais ce n’est pas la même chose. Autant elles qu’eux ne lisent plus, sauf les messages sur leurs cellulaires. Ces élèves, ça ne compte pas. Pourtant, le Laclos, ressemble à ce Rachel vit en privé.

Elle ira même consulter un gynéco pour voir si elle peut encore concevoir – le Dr. Wiseman, campé avec un calme rassurant par le grand documentariste Frederick Wiseman, plus de 90 printemps, une référence des plus inattendues et de la part de Zlotowski, ça ressemble à une sorte de discours sur les formes de la narration, sur les cinéastes qui comptent, sur ce que le cinéma peut transmettre comme images.

Un film admirable mené tambour battant comme les frémissements d’un cœur qui chavire ou au contraire, renaît patiemment pour se reconstruire.

Et puis, soudain, comme par magie, Alice, qui se (re)pointe à l’horizon, faisant basculer le récit à 360º. Que se passera-t-il dans cet imbroglio amoureux des plus redoutables?

Les enfants des autres est un film fait de regards, de caresses aussi intimes que passagères, de moments qui prennent le temps de se composer ou au contraire, rétrécissent à vue d’œil.

Elle, c’est Rachel Friedmann, lui, c’est Ali Ben Attia. On l’aura compris, elle est juive, il est musulman. Qu’importe le partage des confessions. La judaïcité n’est ici illustrée que dans le privé – séquences, d’une année à l’autre, du Choffar, à la synagogue, où malgré tout, pour la mouvance juive, le rituel de la tradition permet de conserver l’identité intacte; mais dans le social, l’intégration et l’assimilation aux préceptes laïcs de la République demeurent des principes de vie fondamentaux dans un Hexagone contemporain, notamment dans les milieux urbains. Zlotowski n’a jamais été aussi lucide dans sa façon d’élucider ou au contraire, de compromettre les élans du cœur. Surtout lorsque ce facteur se confond avec l’intime.

Un film admirable mené tambour battant comme les frémissements d’un cœur qui chavire ou au contraire, renaît patiemment pour se reconstruire.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Rebecca Zlotowski

Scénario
Rebecca Zlotowski
Direction photo
George Lechaptois

Montage
Géraldine Mangenot
Musique
Robin Coudart
Gael Rakotondrabe

Rebecca Zlotowski.
Et si c’était encore possible.

Genre
Drame

Origine
France
Année : 2021 – Durée : 1 h 44 min
Langue(s)
V.o. : français; s.-t.a.

Other People’s Children

Dist. [ Contact ] @
Sphère Films
[ Wild Bunch International ]

 

 

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL
[ Déconseillé aux jeunes enfants ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon.★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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