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Vikram Vedha

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 30 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Face-à-face entre un policier coriace, Vikram, et un redoutable gangster, Vedha.

CRITIQUE.
[ En salle ]

★ ★ ★ ½

Un

exemple

brillant

de

mise

en scène

texte
Élie Castiel

Deux super-vedettes bollywoodiennes, Saif Ali Khan et Hritik Roshan,
celui-ci, qu’on n’avait pas vu, injustement, depuis deux ou trois ans.
Pushkar-Gayatri, un couple de cinéastes, probablement mari et femme
dans la vraie vie. Un remake de leur film éponyme de 2017 (en langue
tamoul), avec d’autres comédiens, apparemment un succès d’estime
de la part de la critique, et public également. Nous n’avons pas
visionné la première version.

L’édition 2022, en hindi, s’avère mémorable dans sa mise en scène, alerte, sans concessions, recherchant avidement des beautés formelles à la violence, elle, crue, organique, d’une exubérance troublante, substituant son aspect graphique abondamment illustré au plaisir, osant dire, pervers, du regard. L’œil voyeur est constamment séduit.

Le spectateur est ainsi convoqué, prêt à digérer ces images sensationnelles que seul Bollywood peut se permettre, sans censure lorsqu’il s’agit d’actes d’agression. Et comme toujours, ce message social pérenne que l’on retrouve dans la plupart des films indiens. Une question de culture. Le rachat, sans doute, mais à un prix? Le crime ne paie jamais.

Derrière ce maelström de séquences à la limite du récit surréaliste, des personnages équivoques, des faux coupables, des faux innocents; une galerie d’individus, particulièrement de la gent masculine qui osent représenter la corruption qui sévit dans la jungle urbaine, autant de la part des mafias locales que chez le corps policier. Trahison, pots-de-vin, combines, méthodes de travail douteuses. Et lorsqu’on a la mauvaise fortune d’être quelqu’un de droit… Pour Khan et Roshan, un projet en or. Idem pour le couple de réalisateurs. Deux vedettes dans un face-à-face extraordinairement filmé.

Saif Ali Khan (à gauche), Hritik Roshan (à droite).
Un face-à-face cinématographique ou rivalité entre stars?

Est-ce les parties adverses qui se confrontent ou les deux comédiens, tous deux puissants, qui évaluent leur propre travail face à la caméra? Rivalité entre deux stars? Un duel d’acteurs, comme on dit souvent, mais qui entre les mains du couple, deviennent tout d’un coup conscients de leurs conditions et se donnent complètement à cet exercice de style vigoureux, presque sensuel; les corps se battent, luttent, se blessent, tue sans aucune arrière-pensée, mais au contraire, heureux qu’ils puissent débarrasser la société des pommes pourries.

Et soudain, dans quelques brèves, voire même très brèves séquences, plus dans le cas de Vikram/Khan que Vedha/Roshan, leur faiblesses, leur vulnérabilités sont étalées au grand jour.

Encore une fois, les cinéastes indiens, caressés par certains films occidentaux de genre, prouvent jusqu’à quel point ils peuvent, eux aussi, leur emboîter le pas avec, souvent, plus d’originalité.

Une seule séquence chorégraphique dans ce film. Totalement obsédante, avec un Hritik Roshan possédé par le diable en personne. Enlevante, comme toujours sexuellement motivée, sur une musique aussi brillante. À l’instar des scènes de luttes, plus proches de la chorégraphie que de ces codes conventionnels.

Car le film est un labeur d’amour porté au cinéma de genre. Autant les cinéastes que les protagonistes l’ont parfaitement compris et se jettent avec toute la dévotion voulue dans ce projet ludiquement fou et admirablement visuel.

Encore une fois, les cinéastes indiens, caressés par certains films occidentaux de genre, prouvent jusqu’à quel point ils peuvent, eux aussi, leur emboîter le pas avec, souvent, plus d’originalité.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Pushkar-Gayatri

Scénario
Pushkar-Gayatri

Direction photo
P.S. Vinod

Montage
Richard Kevin

Musique
Sam C.S.
Vishal Dadlani
Schekhar Ravjiani

Pushkar-Gayatri, cinéastes.
Avoir l’œil de lynx.

Genre(s)
Action

Origine(s)
Inde

Année : 2022 – Durée : 2 h 30 min

Langue(s)
V.o. : hindi; s.-t.a.

Vikram & Vedha

Dist. [ Contact ] @
Imtiaz Mastan

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Blonde

P R I M E U R
[ En salle]
Sortie
Vendredi 23 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Relecture de la trajectoire de Marilyn Monroe, l’une des icônes hollywoodiennes les plus atemporelles. De son enfance tumultueuse à son ascension fulgurante et à ses histoires d’amour complexes.

CRITIQUE.

★ ★ ★ ★

texte
Élie Castiel

Mythe

et

variations

Nous n’avons pas lu le roman de Joyce Carol
Oates qui offre une vision inusitée de la star.
Nous nous en tenant donc au film d’Andrew
Dominik, dont on retiendra le fantasieux
Chopper / Chopper : Ennemi public (2000) et
un peu moins Killing Them Softly / Cogan :
La mort en douce
(2012).

Effectivement, Blonde, un film farouchement photographique, d’où ces changements de format de l’image, passages entre le noir et blanc et la couleur, une envie presque obsessive de saisir la corporalité cinématographique de Marilyn Monroe par le biais de la photographie. Clichés devenus vivants car le film ne cesse de bouger, de voyager dans le temps et les espaces, ces lieux mythiques d’une Amérique de huis-clos, un Hollywood tentaculaire où la misogynie est affaire courante.

Ou conservatrice, comme le mariage de Marilyn avec l’icône Joe DiMaggio, rêvant d’une femme au foyer, issue de la tradition italienne, de ses origines. Mais bien plus que ça, comment unir deux mondes aux traditions intimes opposées, celui du sport et l’autre de la célébrité?

Andrew Dominik se pose la question et nous somme de nous la poser.

Entre la fiction biographique et l’essai sur l’image en mouvement, Blonde opère par mouvements saccadés, soudain tâtant le mélodrame sans s’en rendre compte. Le rythme est incessant, le tournage par moments chaotique, comme il se doit, à l’instar de la Femme en question, entre la Lolita assumée, l’adulte en devenir et la sacrifiée.

Une première partie nous révélera sa relation triangulaire avec les fils aînés de Charlie Chaplin et de Edward G. Robinson. Ménage à trois qui n’occulte en aucune façon la possible relation homoérotique entre les deux. Mais l’étaient-ils vraiment?

Deux mondes qui tentent de se rapprocher.

L’américano-cubaine Alma (qui veut dire « âme », de l’espagnol) de Armas confère à ce personnage mythique, muse d’une certaine féminité à l’américaine, une sorte d’hommage posthume. Bien entendu, comme Dominik, elle n’a pas connu l’époque-Monroe. Elle ne peut avoir comme références que des livres, des documentaires ou de ce qu’elle a pu entendre par-ci, par-là de la star. Et bien entendu, ses films. Elle illumine l’écran, se plaît à concrétiser une image autre, voulue presque surréaliste.

Blonde est un pot-pourri d’extraits très très courts de certains de ses films, de vérités (tiré du roman de Oates) sur le comportement (et emportements) souvent excessifs de Monroe.

L’américano-cubaine Alma (qui veut dire « âme », de l’espagnol) de Armas confère à ce personnage mythique, muse d’une certaine féminité à l’américaine, une sorte d’hommage posthume.

On s’attend à sa relation avec un certain Kennedy – on y a droit, et on a une autre version des faits. La fin de Marilyn Monroe est illustrée de manière poignante, particulièrement dans sa stratégie de l’image, entre l’émoi d’une mort annoncée et la magnificence du plan.

Bien entendu, l’épisode Arthur Miller suit une trajectoire plus conventionnelle et ne dérange dans aucune façon le déroulement du récit. Miller, l’auteur, qui découvre que Marilyn est non seulement une femme sensible, mais possède une certaine culture (elle a lu Tchekhov, quand même)

Ses amants, ses maris, Marilyn les appelle « Daddy », une sorte de relation incestueuse avec un père qu’elle n’a jamais connu. Sauf en photo. Une image qui ressemble à la parfaite image masculine du héros hollywoodien.

L’accueil de Blonde est mitigé. Comme si on n’avait plus le droit de refaire les mythes à sa façon.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Andrew Dominik

Scénario
Andrew Dominik
D’après le roman de Joyce Carol Oates

Direction photo
Chayse Irwin

Montage
Adam Robinson

Musique
Nick Cave
Warren Ellis

Andrew Dominik, réalisateur.
Percer la dualité du mythe.

Genre(s)
Drame biographique

Origine(s)
États-Unis

Année : 2022 – Durée : 2 h 47 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f.

Blonde

Dist. [ Contact ] @
[ Equinoxe Films ]
Netflix

Classement
Interdit aux moins de 16 ans

Diffusion @
Cinémathèque québécoise
[ Dès le 28 sept. sur Netflix ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

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