P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 23 septembre 2022
SUCCINCTEMENT. Une série de meurtres bizarres et inquiétants secouent la ville de Mumbai où les critiques de cinéma sont tués, semaine après semaine, au fil des sorties en salles.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 23 septembre 2022
SUCCINCTEMENT. Quelques gangsters s’évadent de prison et se cachent dans un appartement pour échapper à la police.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Pour
un
nouveau
genre
Pollywood
Est-ce que le temps des comédies
villageoises est révolu dans
l’industrie Pollywood (c’est bien un P, pour signifier Pendjab)?
Avec ce doué et perspicace premier
long métrage, Garinder Sidhu,après
quelques assistanats, dont le
sympathique Main Te Bapu (Me and My
Father) de Uday Pratap Singh en 2018,
risque le tout pour le tout avec un film de genre, le thriller psychologique.
Abreuvé sans doute de certaines réalisations occidentales, le cinéaste opte surtout pour ce que j’appelerais le « suspense ludique », là où l’action, contrairement à son caractère sérieux, se permet des tours de passe-passe où le pince-sans-rire a droit de cité.
On le constate bien entendu dans l’interprétation. Les « bad guys / mauvais garçons » exploitent leur côté ricaneur, presque caricatural, notamment le chef, surexposés avec un naturel désarmant (pour ne pas utiliser un cliché), surtout par un comédien presque parfait dans sa démesure, Prince Kanwaljit Singh. Plus que de surdimensionner son personnage, il en fait un à part, investissant l’espace du huis-clos, même lorsqu’il n’est pas, bien que rarement, dans le plan.
Le plan fixe pour attiser le regard.
Film d’acteurs, aussi, avec la participation neutre, mais efficace, de Dheeraj Kumar (Arjun), pris dans une affaire de couple mêlée à une action de survie dans un placard « inusité » avec sa femme Mahi (efficace Neeru Bajwa), qui, elle, nous accorde volontairement une grande surprise, évoquant l’importance que le réalisateur accorde à la femme. D’une lucidité conquérante.
Un premier essai réussi qui n’a rien à envier à Bollywood (avec un grand B) ni aux produits occidentaux, eux, bénéficiant de budgets plus imposants. Bravo, G. Sidhu.
Entre le drame conjugal (au début) et une deuxième partie où ça se corse, force est de souligner que la transition entre les deux actes, grâce aussi au montage de Krishna Rodge, relève d’une connaissance réfléchie de la narration cinématographique.
Le dialogue, sans aucune perte de mots, ne cessent de nous conduire vers de nouvelles avenues, des instants parallèles entre le suspense et le déjanté, entre une idée du cinéma et une envie de simplement déconner.
Un premier essai réussi qui n’a rien à envier à Bollywood (avec un grand B) ni aux produits occidentaux, eux, bénéficiant de budgets plus imposants.
Bravo, G. Sidhu.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 23 septembre 2022
SUCCINCTEMENT. Lorsqu’une femme au foyer délirante atteinte d’un trouble de la personnalité est prise en otage par un terroriste en liberté et qu’un mari accusé d’avoir trompé sa femme a sa propre version de la réalité, comment savoir qui dit la vérité?
CRITIQUE.
★ ★ ★
texte Élie Castiel
La suspension d’incrédulité
ou la faculté du regard indifférent
Les anglophones appellent cela « suspension of disbelieve ».
C’est ce qui caractérise Dhokha, le nouveau film de Kookie
Gulati (entre autres,The Big Bull / Bada Bail, 2021). Si on
adhère à cet anathème, puisque trichant avec la logique
du récit, on est pris par ce suspense qui évoque en
quelque sorte Criminal, également sorti cette semaine,
premier essai dans le long métrage de Garinder Sidhu.
Le dénominateur commun : un couple en instances de divorce dont la femme, en l’absence de son mari, est séquestrée par un soi-disant terroriste qui demande une grosse somme d’argent pour la laisser partir. Les choses se compliquent comme c’est toujours question dans le genre.
Mais entre les mains de Gulati, on assiste à un triple récit : le lieu de la séquestration où un étrange lien unit ou désunit les deux protagonistes – lui, plutôt naïf, elle le séduisant pour des raisons qui ne sont pas claires et que le réalisateur n’ose pas ou ne tient pas à élucider. D’autre part, le mari qui attend dans l’aire policière en bas de l’immeuble à plusieurs étages. L’homme paraît soucieux, mais nous ne sommes pas tout à fait convaincus. Il faut dire qu’en prémices à ce fait divers, le couple composé de Sanshi (Kushali Kumar, efficace en général, mais soudain appuyant la note) et de Yathaart Sinha (Madhava, plutôt bon).
Apakshakti Khurana, acteur. La meilleure façon de jouer.
Mais la surprise est celle émanant de l’inspecteur responsable de l’arrestation du terroriste, rôle tenu par Darshan Kumaar, très photogénique et conscient de la caméra.
Outre, le plus convaincant dans cette épreuve de force, Apakshakti Khurana, remarqué dans plusieurs Bollywood grand public, et qui mérite une plus grande attention. Il change ses expressions corporelles et du visage. Il s’offre à la caméra et emploie des tonalités dans l’interprétation qui honore le film et en quelque sorte, le protège de la banalité.
Avec son approche à la « suspension d’incrédulité», même si on n’est pas certain qu’il en est conscient, Gulati obtempère à sa propre logique. Le résultat, bien que parfois disjoncté, suscite un certain intérêt, sans grandes répercussions néanmoins.
Apakshakti Khurana, remarqué dans plusieurs Bollywood grand public, et qui mérite une plus grande attention. Il change ses expressions corporelles et du visage. Il s’offre à la caméra et emploie des tonalités dans l’interprétation qui honore le film et en quelque sorte, le protège de la banalité.