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The Silent Twins

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 16 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Retour sur les vies des jumelles June et Jennifer Gibbons.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Luc Chaput

 

Le

silence

n’est pas

toujours

d’or

Dans une chambre proprette, deux jeunes filles animent une émission de radio. Leurs échanges sont amusés. La porte s’ouvre, le décor change quand la mère les invite à descendre pour le repas.

Le cas des jumelles June et Jennifer Gibbons a déjà fait l’objet de documentaires et téléfilms britanniques. À partir de l’œuvre éponyme de la journaliste Marjorie Wallace, ce long métrage de la cinéaste polonaise Agnieszka Smoczyńska (Fugue / Fuga) se signale par une opposition de mise en scène entre la réalité tournée dans des bruns, de gris et autres couleurs ternes et les épisodes de fantaisie aux couleurs pastel. Les deux jumelles, filles d’immigrants de La Barbade, parlaient tout d’abord un créole régional et étaient jeunes ostracisés par les autres élèves puis étudiants de leurs écoles galloises dans lesquelles elles étaient les deux seules personnes noires.

Surtout, ne rien dire.

Letitia Wright et Tamara Lawrance incarnent pleinement les deux sœurs adolescentes puis adultes dans une partition de tous les moments dans laquelle colères, rires et silences forment un ensemble contrasté qui redonne vie à ces deux artistes trop peu connues.

À la maison et à l’extérieur, elles refusèrent de parler aux autres réservant leurs paroles pour l’autre jumelle. On les qualifia alors de jumelles silencieuses. Le scénario d’Andrea Seigel retrace ces divers épisodes tout en insérant des moments plus étonnants montrant leurs désirs les plus fous. L’animation en volume de Barbara Rupik, les angles biscornus de prise de vues de Jakub Kijowski et les décors de Jagna Dobesz permettent d’entrer dans cet univers duopole qui a donné lieu entre autres à la publication d’un roman, Pepsi-Cola Addict. Les actions de June et Jennifer qui tentent d’incarner certains de leurs désirs mènent à leur judiciarisation et elles sont envoyées en hôpital psychiatrique.

Letitia Wright (Suri dans The Black Panther) et Tamara Lawrance incarnent pleinement les deux sœurs adolescentes puis adultes dans une partition de tous les moments dans laquelle colères, rires et silences forment un ensemble contrasté qui redonne vie à ces deux artistes trop peu connues.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Agnieszka Smoczyńska

Scénario
Andrea Seigel
D’après le roman de Marjorie Wallace

Direction photo
Jakub Kijowski

Montage
Agnieszka Glinska

Musique
Marcin Macuk
Zuzanna Wronska

Faire vibrer ce dont on ne parle pas.

Genre(s)
Drame biographique

Origine(s)
Grande-Bretagne

Pologne

Année : 2022 – Durée : 1 h 53 min

Langue(s)
V.o. : anglais

The Silent Twins

Dist. [ Contact ] @
Universal Pictures

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

Diffusion @
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

The Woman King

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 16 septembre 2022

SUCCINCTEMENT.
Inspiré de faits réels. On suit le destin épique de la Générale Nanisca, qui entraîne une nouvelle génération de recrues et les prépare à la bataille contre un ennemi déterminé à détruire leur mode de vie.

CRITIQUE.

★★★ ½

texte
Pascal Grenier

Nous

étions

guerrières

The Woman King a le grand mérite de
s’intéresser à une part d’histoire
rarement abordée au cinéma.Inspirée de
faits vécus,l’action se situe il y a
deux cents ans dans le royaume
de Dahomey en Afrique de l’Ouest
.

Apparaissant auparavant que dans de nombreux contes et légendes en éwé et fon (deux langues majoritaires africaines et ancestrales), mais aussi en français (la bande dessinée Les passagers du vent de François Bourgeon), c’est rafraîchissant de voir ce pan d’histoire plutôt méconnu dans la culture populaire. Réalisé par Gina Prince-Bythewood (Love & Basketball) qui a fait un retour au cinéma en 2020 après douze ans d’absence avec le drame d’action The Old Guard pour Netflix, The Woman King est un drame historique passionnant qui marie action et émotion avec beaucoup de doigté.

Mené par l’impériale Viola Davis qui sous la gouverne sous du roi Ghézo (John Boyega) incarne avec fermeté la Générale Nanisca dont la mission est d’entraîner une nouvelle génération de recrues (surnommée les Agojie) et les prépare à une éventuelle bataille contre l’empire d’Oyo afin de mettre fin à son statut de tributaire.

Le gros plan, comme valider sa majestuosité.

Pour ce qui est de la véracité historique, le film peut paraître contradictoire alors que si l’on y creuse un peu, on dénote que le commerce des esclaves s’est poursuivi sous le règne de Ghézo même après sa victoire contre l’empire d’Oyo et ce n’est qu’avec le blocus naval des Britanniques quelques décennies plus tard que le roi Ghézo va mettre fin à ce commerce. Mais toujours est-il que le film fonctionne malgré tout grâce à sa structure dramatique solide, son souffle épique et le lien étroit (propre au cinéma d’action) qui se noue entre les personnages féminins.

Un lien palpable renforcé par une interprétation d’ensemble fort convaincante où se démarque la nouvelle venue (Thuso Mbedu) qui possède une présence naturelle et un charisme fou. Si l’on ajoute une facture soignée, The Woman King s’impose comme une superproduction haute en couleur et en intensité qui s’inspire des modèles des meilleurs films de Mel Gibson (Braveheart / Cœur vaillant et Apocalypto) sans toutefois le même degré de violence et de brutalité graphique; la production ayant opté pour une approche moins sanglante  et un certificat moins sévère avec ce PG 13.

… le film fonctionne malgré tout grâce à sa structure dramatique solide, son souffle épique et le lien étroit (propre au cinéma d’action) qui se noue entre les personnages féminins.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Gina Prince-Bythewood

Scénario
Maria Bello, Dana Stevens
D’après un récit de Danna Steven

Direction photo
Polly Morgan

Montage
Terilyn A. Shropshire

Musique
Terence Blanchard
Lebo M.

Genre(s)
Drame historique

Origine(s)
États-Unis

Canada

Année : 2022 – Durée : 2 h 15 min

Langue(s)
V.o. : anglais / Version française

La femme roi

Dist. [ Contact ] @
Columbia Pictures

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

[ Violence ]

Diffusion @
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Jean-Luc Godard.
1930-2022

Jean-Luc Godard

Au total, 131 réalisations, toutes expérimentations, durées et modes d’expression confondu(es). Un cinéma des modernités, pour certains, « de la modernité » puisqu’avec À bout de souffle, les codes de la narration bouleversent le cinéma, non seulement français, mais universel. On a tant publié sur lui qu’un hommage pourrait paraître superflu. On l’a tant enseigné que sa mort peut-être vue comme un voyage au loin, sans retour, mais son idée du cinéma si présente dans cette mémoire cinématographique qui croit encore qu’il s’agit d’un Art.

HOMMAGE.
texte
Élie Castiel

Un

cinéma

des

altérités

Même sa mort a été orchestrée. La Suisse lui permet le « suicide », comme pour en finir avec ces incessantes pathologies. Audace de l’Homme, mais également, à bien y penser, une sorte de mise en scène, une mise en abyme entre sa propre finitude et son parcours prodigieux.

Force est de souligner que Adieu au langage (2014) est une sorte de mort annoncée, les quelques bribes qui suivront ne seront qu’alimentaires à son esprit imaginatif. Il reste tout à fait conscient que bientôt, ce sera fini.

Brigitte Bardot.
Le mépris

Certes, plusieurs périodes-Godard, dont celle des années 60, me semble la plus intéressante. Sans trop de pressions sur les modes narratifs, il invente toutefois des façons de raconter; il tourne en extérieur, la rue, Paris le jour et la nuit, les intérieurs de ces minuscules appartements où Belmondo et Seberg s’adonnent à leur aventure sentimental tout en refaisant le monde (et le cinéma).

Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg.
À bout de souffle

Nous éviterons les listes interminables. Les périodes qui suivent les années 60 marquent un cinéma des altérités des discours et des rapports formels. Expérimenter avec le cinéma comme appui à un monde qui ne se comprend plus. Dans son esprit, est-ce la fin du discours intellectuel? L’hégémonie de la pensée unique? Il se radicalise aux yeux de certains, mais peut rejoindre ses partisans de longue et « nouvelle » dates.

Anna Karina
Vivre sa vie

Pour le souvenir : bien entendu, Bébel et Seberg. Anna Karina pour Vivre sa vie et, personnellement, la Bardot du Mépris, dont il n’en voulait pas, mais qu’il a réussi à rendre, grâce à des procédés techniques, notamment en ce qui a trait à la couleur et à la lumière, resplendissante, d’une modernité hallucinante et quasi éternelle dans sa féminité. Non pas féministe, pas le moins du monde, mais libre face à sa physicalité et à sa sexualité.

Même si son cinéma des deux dernières décennies m’a semblé barbant, une profond désir de continuer à expérimenter, un immense respect envers cet incontournable mode d’expression. Godard, le récalcitrant intempestif des normes et codes cinématographiques bien ordonné(es). Une vision du monde et de sa profession uniques. Son temps lui appartient.

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