RÉSUMÉ SUCCINCT À la suite du décès d’un parent, une réunion familiale provoque plusieurs chamboulements..
CRITIQUE Luc Chaput
★★★ ½
Déguster l’horreur
Fuyant une cérémonie mortuaire, l’adolescente Astrid se promène à vélo dans un pittoresque village avant l’Halloween et fait une rencontre inopinée.
Le cinéaste Tim Burton retourne ainsi dans un de ses terrains de jeux préférés, les communautés de la Nouvelle-Angleterre comme dans Sleepy Hollow ou les banlieues comme dans Edward Scissorhands qui abritent d’autres univers sous-jacents. Le changement de perspective passe à la fois par les maquettes et la mise en œuvre de diverses techniques de cinéma comme l’animation en volume, les maquillages réalistes et les effets spéciaux bien fignolés loin de la pacotille.Suite
RÉSUMÉ SUCCINCT Julio Arenas, un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d’un film. Son corps n’est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard…
COUP de ❤️
de la semaine
CRITIQUE Élie Castiel
★★★★ ½
Le regard
éclipsé
de l’esprit
À l’instar d’un Theo Angelopoulos, dont le film fait souvent référence quant à sa forme contemplative, Víctor Erice serait-il une sorte de démiurge du cinéma ? : trente ans à réaliser ce film, à 83 piges, et toujours en forme, lucide, pariant constamment avec l’art qu’il professe à coup de références, entrefilets, puis, sans avertir, grandes idées cinématographiques ou philosophiques qui jaillissent de partout.
Déjà, le titre organise notre conscient intellectuel sur l’état du cinéma. Il faut fermer les yeux parce que cet art est peut-être déjà mort – le sublime dernier plan, d’une durée quasi imperceptible confirme une certaine forme de résilience face à cette proposition.
Cet acteur réputé, un certain Julio Arenas, décide de disparaître lors du tournage d’un film intitulé Le regard de l’adieu, titre on ne peut plus angelopoulossien sur l’idée du voyage, et surtout de la fuite vers un néant habitable.
Toutes ces pensées reviennent dans l’esprit du spectateur intéressé par le cinéma des grands maîtres. Et entrant dans leur monde teinté de nostalgie, mélancolie, tristesse, envie soudaine de s’en aller, d’en finir avec le social organisé, quitte à quitter les siens, ne plus les revoir. Une sorte de spleen impossible qui opère sans qu’on s’en aperçoive.
Et Fermer les yeux devient une enquête, où le cinéaste ibérique se permet de jongler avec des codes traditionnels, mêlés quand même à des sophistications formelles qui ont toujours été du cinéma des innovateurs.
Comme des gouttes d’eau qui finissent par disparaître.
L’esprit de la ruche (El espíritu de la colmena, 1973) demeure le dernier film de Erice à être distribué en salle ici, donc il y a de cela cinq décennies – Une parenthèse : que s’est-il passé pour que Montréal perde son statut de capitale canadienne du cinéma remplacée par une Toronto, plus économiquement portée, en délire. Les réponses sont sociales, et politiques quant à la nouvelle cinéphilie québécoise qui manque parfois d’engagement.
Bref, avec Fermer les yeux, la première séquence qui est une scène d’un film en tournage met en relief le récit d’un vieux et riche sépharade, apparemment né à Tanger, et qui aurait une fille eurasienne que le personnage joué par Arenas (l’acteur dans le film) est chargé de retrouver.
Une suite admirable de mises en abyme s’ensuit, dressant le portrait subliminal entre la vie et les images en mouvement. Mais avec ceci de particulier que Erice, fidèle à sa « profession de foi », choisit le cinéma comme principal idéologie.
Le choix d’un Juif dont les ancêtres seraient de Tolède… n’est pas un hasard, j’en conviens, mais surgit de cette inébranlable constatation que ceux et celles expulsés par le régime de l’Inquisition se sont établis dans des ailleurs plus auspicieux et qu’au-delà de cinq siècles auraient conservé la langue espagnole. Cet état d’esprit de la part de Erice constitue une part non négligeable de sa pensée intellectuelle.
Chant du cygne pour Víctor Erice ? Nous ne le souhaitons certainement pas, mais dans le même temps, la salle de cinéma devient, avec, encore une fois, ce plan final majestueux, l’endroit sacré où les âmes apaisées trouvent refuge pour redéfinir la vie.
Un film brillamment rédigé, une œuvre pieuse, mais non pas dans sa sainteté, mais plutôt dans l’édification d’une idée réfléchie sur la résonance des images en mouvement, ce qu’elles projettent, ce qu’elles cachent mais qu’on peut deviner.
Il sera question de littérature, de pensées à d’autres cinéastes qui ont marqué le cinéma, du rapport et des liens que nous entretenons ave la toile blanche, soudainement remplies d’images de nos vies.
Chant du cygne pour Víctor Erice ? Nous ne le souhaitons certainement pas, mais dans le même temps, la salle de cinéma devient, avec, encore une fois, ce plan final majestueux, l’endroit sacré où les âmes apaisées trouvent refuge pour redéfinir la vie.
Dans cette catégorie de film, nous ne disons rien sur la qualité de l’interprétation des uns et des autres. Comme il se doit, le film demeure le principal hémicycle de représentation, même si dans l’ensemble, tout de même, les protagonistes affichent une conviction souveraine. Effectivement, comment résister à Manolo Solo, José Coronado et surtout à Ana Torrent.