P R I M E U R [ En Salle ] Sortie Vendredi 24 juin 2022
SUCCINCTEMENT. Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
La nouvelle est de Joe Hill, le fils du cultissime Stephen King, sans doute tenté de reproduire à sa façon les ficelles de son paternel. En ce qui nous concerne, la nouvelle, pas lue, donc aucune comparaison entre le film et sa source littéraire.
Signataire, entre autres, du bien accueilli Doctor Strange / Docteur Strange (2016), Scott Derrickson déçoit un tant soit peu, pour d’aucuns, un peu plus même, avec en main une proposition assez intéressante mais qui se retrouve ici charcutée à toutes les sauces.
Ligne en dérangement
Qu’a-t-il voulu faire? Un film d’horreur tout simplement? Un pastiche du film à suspense? Une satire des peurs transmises dans un certain cinéma de la fin des années 70, très avide dans le film de genre? Les éternels adolescents demeurent les principaux héros (hier, tous des jeunes hommes; aujourd’hui, des jeunes filles aussi même si l’action se passe il y a presque 35 ans) et les adultes, en dehors des enquêteurs, nous semblent peut impressionnants (tel le père de Finney).
Se cacher du monde pour justifier ses faiblesses.
Un lieu, un sous-sol où tout et rien ne se passe. Un coupable dont on ne saura nulle chose de son passé, de ses pérégrinations sanguinaires, à moins que ça nous ait échappé. Un téléphone qui n’est pas censé sonner selon le maître diabolique des lieux. Mais il sonne et les intervenants au bout du fil apparaissent à tour de rôle auprès du prisonnier, sans qu’il s’en rende compte.
Nous sommes dans le cinéma du rêve, de l’imaginaire issu de notre cerveau qui ne cesse de composer des images et des sensations. Comment répondre à ce jeu de puzzle en plusieurs morceaux qui se présente à nos yeux.
Pourtant, un intérêt constant à voir tout ce qui se déroule. Un début typiquement teen movie qu’on voudrait oublier, mais une suite plus intéressante, qui, cependant, dérape, pour reprendre une certaine logique, mais de courte durée.
Pour arriver en fin de compte à une conclusion qui ressemble beaucoup à tout ce qu’on a déjà vu depuis plusieurs années dans ce genre de cinéma.
Ethan Hawke, quant à lui, et tenant compte du rôle qu’il revêt, demeure d’une retenue exemplaire, sans démesures, caché dans un masque forteresse, presque « normal ». Mais le plaisir est constant malgré ces embûches impardonnables.
Banalement écrit par deux plumes, celle de Derrickson, soutenue par celle de Robert Cargill, également dans la scénarisation de Strange. Les discussions ont dû être assez bouillonnantes entre les deux acolytes pour un résultat, malheureusement, pas à la hauteur.
Ethan Hawke, quant à lui, et tenant compte du rôle qu’il revêt, demeure d’une retenue exemplaire, sans démesures, caché dans un masque forteresse, presque « normal ». Mais le plaisir est constant malgré ces embûches impardonnables.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Scott Derrickson
Scénario Scott Derrickson, Robert Cargill D’après la nouvelle de Joe Hill
Direction photo Brett Jutkiewicz
Montage Frédéric Thoraval
Musique Mark Korven
Genre(s) Suspense d’épouvante
Origine(s) États-Unis
Année : 2021– Durée : 1 h 44 min
Langue(s) V.o. : anglais / Version française Le téléphone noir
Dist. [ Contact ] @ Universal Pictures (Canada)
Classement Interdit aux moins de 13 ans [ Violence / Horreur ]
Diffusion @ Cineplex [ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES ★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★Mauvais. 0 Nul. ½ [ Entre-deux-cotes ]
P R I M E U R [ En Salle ] Sortie Vendredi 24 juin 2022
SUCCINCTEMENT.
Em et Jay, respectivement une réalisatrice et son actrice principale, toutes deux en mal de carrière, entreprennent un voyage entre Montréal, au Canada, et Durham, en Caroline du Nord, où un de leurs courts métrages est présenté au North Carolina Gay and Lesbian Film Festival. Parcours existentiel.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Changement de cap pour Marie-Hélène Panisset après l’élogieux Coming Home : Par-delà Une nuit sans lune. Plus décontracté, intime, jusqu’à en devenir parfois insistant. Mais peu importe ce que ces deux « filles » d’aujourd’hui nous racontent sur leur amitié, leurs petites angoisses, leurs amours imaginaires, celles qui ont été laissées de côté et, si le hasard le veut bien, celles à venir.
Le North Carolina Gay and Lesbian Film Festival n’est qu’un prétexte (dit-on encore le non inclusif Gay and Lesbian, et non pas LGBTQ?) un point de départ pour inscrire la féminitude au nouvel ordre social, notamment lorsqu’on fait partie de la mouvance culturelle ou du moins on tente d’y faire partie.
Panisset parle de la difficulté à produire, à réaliser et n’est pas toujours tendre envers les institutions culturelles gouvernementales, trop administratives, trop serrées dans leur façon de gérer les subventions et d’accorder des sous.
En cours de route, le ratio 16:9 HD que manipule ludiquement Panisset et Judith Baribeau devient une sorte de portrait à deux faces, complémentaire, s’agitant selon les situations, mais plus que tout, évitant de séduire à tout prix. Ce qui nous fait adhérer à leur proposition, c’est justement ce sens du naturel qu’exige tout documentaire qui se respecte, mais en même temps situant le réel dans une sorte de poésie magique qui ne s’affirme que par un tel ou tel plan qui ne ressemble à rien d’autre qu’au sublime.
Autothérapie(s)
Choisir de parler et de penser comme on veut, sans se soucier des idéologies.
Il peut s’agir d’un gros plan, d’un geste furtif, d’un rapprochement platonique des corps.
Voyage entre deux amies qui nous confirment que les relations affectueuses entre femmes ne suivent pas les mêmes codes qu’entre deux hommes. Elles, plus ouvertes, spontanées, directes. Eux, contrôlant chaque geste qui pourrait être mal interprété.
Comme de nombreux journalistes (incluant critiques de cinéma), on se demande si lors de leur couverture d’un festival, ils auront droit à des réceptions. Em (Panisset) et Jay (Baribeau) se le demandent. Non pas pour profiter, mais tout à fait conscientes qu’un événement cinématographique est également une fête quotidienne et non seulement une présentation de films.
Reste quand même un documentaire ludique, toujours attachant, passant de l’amusant au plus sérieux, mais sans aucune morale ni jugement de valeurs. Merveilleusement autonome.
Le film sort un 24 juin, notre Fête nationale. L’anglais domine dans Two Straight Girls at a Queer Fest (Deux filles hétéros à un festival Queer, ma propre traduction). Provocation? Coïncidence? Blague mise à part? Toujours est-il que force est de se réjouir face à ce léger (pour d’aucuns, probablement « énorme » retournement des valeurs) geste à contre-courant de la morale actuelle en matière de langues au Québec.
Mais cette intervention ne remet-elle pas en cause l’implication politique dans tout acte de création? À moins qu’il ne s’agisse d’une coïncidence maladroite.
Reste quand même un documentaire ludique, toujours attachant, passant de l’amusant au plus sérieux, mais sans aucune morale ni jugement de valeurs. Merveilleusement autonome.