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P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 20 mai 2022

SUCCINCTEMENT.
Après avoir vécu un drame personnel, Harper décide de s’isoler dans la campagne anglaise, en espérant pouvoir s’y reconstruire. Mais une étrange présence dans les bois environnants semble la traquer.

CRITIQUE.

★★★

texte
Luc Chaput

Un cycle de

la vie déréglé

Une jeune femme entre dans l’église du village ou elle séjourne. Pas de décorations ou de tableaux sur les murs seuls les fonts baptismaux l’intriguent. D’un côté la tête sculptée dans le roc d’un homme-feuilles, de l’autre le corps également sculpté d’une femme nue.

Harper prend quelques jours dans une belle propriété de la campagne anglaise qu’elle a louée par Internet. Elle en décrit et en photographie par téléphone les principales caractéristiques à sa meilleure amie. Le travail a pris une pause car son mari à qui elle avait annoncé qu’elle divorçait est mort par suicide ou par accident. Plusieurs retours en arrière mémoriels souvent courts complexifient le vécu de cet événement. Ces épisodes instillent un malaise chez madame Marlowe qui s’installe dans la belle demeure et commence à en explorer les environs.

La mise en scène de Garland (Ex Machina) compose des variations intrigantes sur l’accueil et l’installation dans un nouvel endroit. La population du village semble clairsemée et tous les hommes se ressemblent interprétés en des prototypes plus ou moins incongrus par un Roy Kinnear qui gardent un air de famille en dépit des maquillages ou prothèses utilisées.

La forêt adjacente contient des parcelles de hyacinthes des bois (bluebells) et des pistils virevoltent dans cet agencement de sous-bois, de chemins, de prairies et de tunnels que la visiteuse parcourt. Le jeu de l’écho dans un tunnel se lézarde quand un être inconnu semble répondre en plus de la structure du tube.

Métaphore en quelque sorte d’une masculinité toxique.

La mise en scène de Garland (Ex Machina) compose des variations intrigantes sur l’accueil et l’installation dans un nouvel endroit. La population du village semble clairsemée et tous les hommes se ressemblent interprétés en des prototypes plus ou moins incongrus par un Roy Kinnear qui gardent un air de famille en dépit des maquillages ou prothèses utilisées.

Jessie Buckley, découverte dans le rôle de Rose-Lynn, une admiratrice d’Elvis (Wild Rose, de Tom Harper), module son jeu de l’étonnement, au deuil, à la prise de conscience des risques et à la résistance. Cette fine progression constitue la colonne vertébrale de ce long métrage qui dérape vers des élucubrations grand-guignolesques dans la dernière partie. Le cinéaste laisse ensuite le spectateur en plan bosselé peut-être comme ce véhicule au sortir de cette nuit cauchemardesque. Les pistes du cycle de la vie avec fertilisation, naissance, mort et pourriture entraperçues dans la cinématographie de Rob Hardy se sont dispersées ou refermées comme cet autre tunnel clos dans cette contrée vallonnée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Alex Garland

Scénario
Alex Garland

Direction photo
Rob Hardy

Montage
Jake Roberts

Musique
Geoff Barrow
Ben Salisbury

Genre(s)
Suspense fantastique

Origine(s)
Grande-Bretagne

Année : 2022 – Durée : 1 h 40 min

Langue(s)
V.o. : anglais; s.-t.f. / Version français

Eux

Dist. [ Contact ] @
V V S films

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Violence / Horreur ]

Diffusion @
Cinéma du Parc
Cineplex

[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Pleasure

P R I M E U R
[ En salle ]
Sortie
Vendredi 20 mai 2022

SUCCINCTEMENT.
Une jeune suédoise de 19 ans arrive à Los Angeles dans le but de faire carrière dans l’industrie du porno. Sa détermination et son ambition la propulsent au sommet d’un monde où le plaisir cède vite la place au risque et à la toxicit
é.

CRITIQUE.

★★★ 

texte
Élie Castiel

Les risques

du métier

Tous les rêves sont permis. Pour Bella, une jeune suédoise de 19 ans, c’est devenir une vedette du porno en Amérique. Pour quelles raisons? Épanouissement personnel, rapport étroit avec sa propre sexualité, reconnaissance de ses pairs et des fans de cette industrie, c’est-à-dire la grande majorité de la population masculine.

Toujours est-il que pour la suédoise Ninja Thyberg, avec plusieurs courts à son actif et ce premier long métrage, aborder le sujet c’est se compromettre jusqu’à en devenir une obsession, c’est entrer dans le vif du sujet comme si d’une part les actes de violence et de sexualité (honnêtement, pas si explicite que cela car on sent de loin la mise en scène) débridée pouvaient faire désormais partie de la constante mainstream; de l’autre, c’est raconter le récit d’une femme qui tout en sachant plus ou moins ce qu’elle veut entreprendre, n’arrive pas à saisir les nuances, les chocs émotionnels, les états d’âme, les jalousies qui découlent de cet univers singulier.

L’étonnant c’est ce que Thyberg présente de ce monde faussement marginal : une industrie comme une autre, un bien qu’on consomme comme marchandise, négociable selon la qualité des produits offerts. Idem soit dit en passant pour la porno gaie. Mais ça, c’est une autre histoire régie par d’autres règles.

Pour elle, profiter du pouvoir indomptable de la séduction.
Pour lui, jouer le rôle qu’il croit, automatiquement, dû à son sexe.

Mark Spiegler, gourou de la production porno à Los Angeles, joue son propre rôle. Il a accepté de témoigner à sa propre façon, c’est-à-dire détachée de tout aspect psychologique, plutôt intéressé au fric que ça rapporte. D’autres agents de l’industrie sont présents et affirment une fierté indéniable. Idem pour les filles qui entourent Bella, des professionnelles de l’industrie.

On peut se demander qu’elle serait la réaction si le film avait été réalisé par un homme : sexiste? manipulateur? misogyne? profitant du moment? Une simple question tout à fait non accidentelle.

À l’heure où les incidents (accidents) d’ordre sexuel contaminent notre contemporanéité occidentale, comment réagir face à ce film qui ose s’affirmer dans sa proposition avec un énorme pouvoir de persuasion, sans céder au qu’en-dira-t-on , aux critiques néfastes, aux revendications des adeptes d’une certaine forme de féminisme.

Et les hommes dans tout cela. Dans ce métier, leurs attributs viriles sont ce qui compte le plus, sans oublier, plus que tout, leur pouvoir de domination. Car dans tout acte sexuel, en dépit du romantisme, de l’amour, de la symbiose entre les corps, du processus de synchronisation entre deux êtres, on ne peut nier qu’il y toujours un rapport de dominant et de dominé.

En attendant, Bella (excellente Sofia Kappel) se moque de toutes ces nouvelles règles de conduite, préférant arriver au top des stars. Ici, s’établit en quelque sorte un lien amical avec le All About Eve (Ève...) de Joseph L. Mankiewicz.

En attendant, cette nouvelle Ève saura-t-elle convaincre le producteur que c’est elle la «star » du moment?

Et les hommes dans tout cela. Dans ce métier, leurs attributs viriles sont ce qui compte le plus, sans oublier, plus que tout, leur pouvoir de domination. Car dans tout acte sexuel, en dépit du romantisme, de l’amour, de la symbiose entre les corps, du processus de synchronisation entre deux êtres, on ne peut nier qu’il y toujours un rapport de dominant et de dominé. Le principe est de définir jusqu’à quel point. Thyberg en parle plutôt à la dérobée.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Ninja Thyberg

Scénario
Ninja Thyberg
Peter Modestij

Direction photo
Sophie Winqvist

Montage
Olivia Neergaard-Holm
Amalie Westerlin Tjellesen

Musique
Karl Frid

Ninja Thyberg.
Démystifier le rapport au sexe qu’on vend.

Genre(s)
Drame de mœurs

Origine(s)
Suède

Pays-Bas
France

Année : 2021 – Durée : 1 h 48 min

Langue(s)
V.o. : anglais, suédois; s.-t.f.

Jessica

Dist. [ Contact ] @
Sphère Films

Classement
Interdit aux moins de 18 ans

Diffusion @
Cinéma du Parc

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Florent Siaud… Sophie Cadieux

ENTREVUE.
[ Scène ]

proposée par
Élie Castiel

En 2016, 4.48 Psychose est proposé à La Chapelle Scènes contemporaines. Le monologue est « joué » par Sophie Cadieux. Florent Siaud met en scène. Six ans plus tard, le Prospero confie au duo de reproduire cette pièce culte de la regrettée dramaturge britannique Sarah Kane. Que nous réservent-ils cette fois-ci? Rencontre avec deux artistes toujours aussi enthousiastes, mûris incontournablement de quelques années et conscients des multiples événements sociaux et politiques qui ont traversé notre époque.

Sarah Kane.
Crédit : Jane Brown

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