P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 18 mars 2022
SUCCINCTEMENT. Issus d’un quartier défavorisé, trois enfants deviennent amis et se débrouillent du mieux qu’ils peuvent dans un environnement parfois hostile.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 18 mars 2022
SUCCINCTEMENT. Leonard, un tailleur anglais, crée des costumes sur le célèbre Savile Row de Londres. Mais après une tragédie personnelle, il part à Chicago, où il tient une petite boutique dans un quartier difficile.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Du fil à
retordre
Il est British, trop British, de la vieille école. Les costumes pour hommes qu’il crée (bien que lui-même semble porter toujours les mêmes attirails) ceux qui seront toujours à la mode. Bref, Leonard est l’exemple même de la droiture, de l’excellence, du travail bien exécuté, mais peut-être trop bien.
Graham Moore, scénariste du brillant Imitation Game / Le jeu de l’imitation1 de Morten Tyldum, sur l’énigme Alan Turing, signe ici son premier long métrage, investi par les scénarii qu’il a pu conconcter auparavant, épris des tournures dramatiques alambiquées et pourtant menés par des récits simples, ou du moins qui le paraissent.
Les bons, les méchants, canevas classique mais qui dans The Outfit, titre intriguant qui ne fait pas seulement référence aux tailleurs de ce maître de la couture masculine, mais à des… Il a une assistante. Parmi ses clients, dont certains adulent sa doigté, des individus du monde interlope.
Tout le film ou presque repose sur les épaules du magnifique, lui aussi British, Mark Rylance, mélange de fausse paresse, acharnement indicible au travail, et des yeux mélancoliques, voire tristes qui cachent quelque chose qu’on ne dévoilera pas.
Et si après tout… !
Car tout repose sur la mise en scène agatha-christienne du « qui est le coupable ». Vu l’actualité en ce moment, les tables de découpe de ce vieil atelier, comme on aime les aime puisque chaleureux, rappellent cette table horizontale luxuriante du Kremlin où le Poutine de bonne réputation ordonne à ses sujets de faire le sale boulot. Actualité ukrainienne oblige, ces ais de travail dans le commerce de Leonard deviennent les lieux d’intrigues, de propositions hasardeuses et de décisions aux conséquences néfastes.
… de façon inattendue, on arrive à une conclusion digne des meilleures tragédies ou drames grecs, non pas ceux ensanglantées, familiaux, incestueux, mais munis de la rage des Dieux qui ordonnent aux Humains que tout doit être recommencé. Détruire pour (re)construire. Assez dit!
Peut-être bien que Moore est trop (é)pris par son sujet. Un peu plus de retenue l’aurait aidé à gérer davantage sa mise en situation(s).
Pour que finalement, de façon inattendue, on arrive à une conclusion digne des meilleures tragédies ou drames grecs, non pas ceux ensanglantées, familiaux, incestueux, mais munis de la rage des Dieux qui ordonnent aux Humains que tout doit être recommencé. Détruire pour (re)construire. Assez dit!
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Graham Moore
Scénario Graham Moore Jhonathan McClain
Direction photo Dick Pope
Montage William Goldenberg
Musique Alexandre Desplat
Genre(s) Suspense
Origine(s) États-Unis Grande-Bretagne
Année : 2021 – Durée : 1 h 45 min
Langue(s) V.o. : anglais / Version française Le tailleur
Dist. [ Contact ] @ Universal Films
Classement Interdit aux moins de 13 ans [ Violence ]
Diffusion @ Cineplex [ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]
ÉTOILES FILANTES ★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon. ★★ Moyen. ★Mauvais. 0 Nul. ½ [ Entre-deux-cotes ]
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 18 mars 2022
SUCCINCTEMENT. Brindille, Casquette et La Flèche vivent au jour le jour. Mais leur situation précaire devrait changer du tout au tout le jour où ils gagnent au Loto. Encore faut-il pouvoir l’encaisser.
CRITIQUE.
★★★
texte Élie Castiel
Un court, Le locataire (2013) et un premier long, une adaptation du précédent, Le petit locataire (2016) où l’on remarquait Philippe Rebbot et Antoine Bertrand, qu’on retrouve dans Trois fois rien. Trois mousquetaires sans nul besoin d’un d’Artagnan, des SDF, « sans domicile fixe », comme on dit dans l’Hexagone – ici, on dira « sans-abri » et autres petites variations. Le troisième c’est Francis, tel qu’incarné avec une féroce délectation, une révélation dans l’art de l’absurde post-moderne, Côme Levin, je-m’en-foutiste jusqu’à en devenir bouleversant.
Ils gagnent à la loterie. Le reste, même scénario que toujours. Il faut se débrouiller pour que ces « sans-papiers » ou presque prouvent qu’ils sont eux-mêmes.
Satire de la bureaucratie moderne, quelle que soit le pays en question, paperasse administrative qui ne finit jamais de s’accumuler. Mais une chose est certaine, les SDF savent bien se débrouiller selon les codes de la rue, libre, sans conditions, prenant tous les risques sans vraiment les prendre puisque pour eux, les gageures sont des routines du quotidien.
Pierrots
lunaires
Le bon, le très bon et l'(in)coriace
Pour Nadège Loiseau, l’occasion donnée pour une mise en scène qui ressemble plus à un hommage fait de tendre câlins envers les oubliés, les indicibles car on ne les voit pas, on ne fait que les apercevoir, comme ça, par instinct. Ils font partie du portrait urbain.
Mais la caméra de Julien Meurice (plusieurs courts, quelques télés et des longs) n’a d’objectif que pour eux, faisant fi de faire attention aux autres, eux, elles filmé(es) selon un critère bien simple et efficace : le jeu de la caricature et de l’excès.
Dans un monde sans pitié (sans vraiment être trop dramatique), Loiseau propose un univers de la débrouille comme moyen de s’en sortir.
Et lorsque la vérité s’apprend au sujet d’un des trois copains, Trois fois rien virevolte vers le drame intime, maintes fois vu. Nicolas (excellent, comme d’habitude, Antoine Bertrand) a déjà été un homme parmi les autres, c’est-à-dire…
Et comme bonne fable qui finit bien, tout est bien qui finit bien.
La satire du début se transforme alors en comédie dramatique, succombant aux attentes d’un certain public. Et dans ce trio, Casquette (brillant Philippe Rebbot – il assure avec magnitude son élan aux origines casablancaises) avoue par contre son homosexualité, détail qui n’ajoute absolument rien au récit. Pourquoi cet interstice narratif?
Mais chacun à sa façon, par impulsion, ces trois Pierrots lunaires s’en tirent avec très peu de dégâts dans un monde devenu fou.