P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 11 mars 2022
SUCCINCTEMENT. L’histoire vraie du sergent américain Charles Monroe King, mort à Bagdad en octobre 2006, un mois avant la fin de son service militaire.
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 11 mars 2022
SUCCINCTEMENT. Lorsque le grand ami de sa fille en bas âge, l’androïde Yang, tombe en panne, Jake tente de le réparer. Il découvre alors des pans de sa vie qui lui échappent.
CRITIQUE.
★★★ ½
texte Élie Castiel
Les temps
nouveaux
À priori, le film ennuie par sa lenteur indomptablement cérébrale, son univers, vu le sujet, intentionnellement désincarné. Entre l’Humain et le Robotisé, un rapport discipliné que Kogonada (plusieurs courts et des documentaires) nous impose, sans toutefois exercer de la pression, dans ce premier long métrage aux allures incertaines; par petites doses, cherchant à nous apprivoiser à cet étrange film de science-fiction qui, rare fois, s’intéresse aux rapports humains.
Kogonada opte largement pour le conceptuel, pour ces univers qu’on fabrique de toutes pièces, selon son imagination, dans son cas, fertile. Une beauté plastique qui se manifeste tout au long du film, du générique au plan final.
Il y a une mise en scène, à la fois linéaire, se permettant de temps en temps des verticalités que le cinéaste s’emploie à démystifier. Il s’agit bel et bien d’un film d’auteur et c’est dans un esprit de continuité au genre que le réalisateur ose s’aventurer tout de même, paradoxalement, dans la simplicité, dans la mise en situation qui se rapproche du cinéma narratif traditionnel, tendrement, courageusement, mais avec assez de prudence pour ne pas se laisser avoir par ce geste parfois gênant et dangereux.
Le miroir d’une identité éprouvée.
Les enjeux narratifs présentent des personnages où il est parfois difficile de s’y perdre. Mais nous cédons à la proposition de Kogonada. Mais c’est surtout le côté formel qui impressionne nos sens, notre esprit, notre notion du temps et de l’espace; justement, un espace transformé pour la (les) circonstance(s).
Yang a disparu. Il faut le retrouver. La petit Mika (très à l’aise Malea Emma Tjandrawidjaja) tient à lui puisqu’un rapport d’amour fraternel avec le robot s’est installé depuis toujours. Bien sûr, elle n’est pas vraiment la fille de ses parents, Jake (Colin Farrell, efficace dans son détachement) et l’afro-britannique Jodie Turner-Smith (intemporelle; on se souviendra de son merveilleux apport dans Queen & Slim, 2019). La petite est assez grande pour s’en rendre compte, mais on lui fait savoir « officiellement ».
C’est en même temps fascinant et effrayant. Et si Yang était le représentant de cette nouvelle race de ce qu’on peut baptiser de « techno-sapienne » et que Kogonada semble rejeter pour, au contraire, proposer une réédification de notre humanité. Tristement mélancolique.
Qu’importe, le film parle d’un monde futuriste, sans doute pas si éloigné, ces lieux de vie où la réalité virtuelle remplace ce monde concret que nous connaissons, où ces endroits inventés vont remplacer l’appareil, mieux dit le système humain.
C’est en même temps fascinant et effrayant. Et si Yang était le représentant de cette nouvelle race de ce qu’on peut baptiser de « techno-sapienne » et que Kogonada semble rejeter pour, au contraire, proposer une réédification de notre humanité. Tristement mélancolique.
FICHE TECHNIQUE PARTIELLE Réalisation Kogonada
Scénario Kogonada D’après la nouvelle « Saying Goodbye to Yang », tirée de Children of the New World, d’Alexander Weinstein
P R I M E U R [ En salle ] Sortie Vendredi 11 mars 2022
SUCCINCTEMENT. Un couple de bouchers, presque en faillite, trouve accidentellement une nouvelle source d’approvisionnements.
CRITIQUE.
★★★ ½
texte Luc Chaput
À Melun, un boucher prépare avec une délicate attention un coupe de viande pour une cliente fidèle.
L’humoriste métis français Patrice Éboué, après ses prestations de monologuiste, s’est fait connaître en co-réalisant avec Thomas Ngijol, des longs métrages qui égratignaient la société française (Case Départ). Depuis, il fait cavalier seul et se lance ici dans une critique plus frontale avec cette comédie d’horreur. Le scénario du réalisateur et de son complice Vincent Solignac (Un village français) place tout d’abord le couple Pascal entre deux pôles. D’un côté, les végans radicaux qui attaquent leur commerce. De l’autre, leurs amis professionnels plutôt racistes qui sont propriétaires d’une boucherie industrielle qui sert donc aussi de la barbaque, cette viande de deuxième qualité. Un accident malencontreux donne une autre possibilité de réussite à Vincent et Sophie dont le commerce est près du dépôt de bilan.
Cochon
qui s’en dédit
Une sorte de dérive carnivore psychotronique.
Le récit avance lentement et sûrement dans le politiquement incorrect dans une montée d’hémoglobine. Des petits pas deviennent de plus en plus larges dans cette immersion dans le milieu végan qui en irritera plus d’un. Les mots d’esprit et les attaques verbales s’inscrivent dans une narration parodiant une émission de télé sur les tueurs en série d’ailleurs présentée dans le long métrage par son véritable animateur.
L’effet miroir court en arrière-plan tout au long de cette descente dans le crime où l’humour noir devient de plus en plus grand-guignolesque. L’épouse apparaît à plusieurs reprises comme la tête dirigeante et Marina Fois se meut dans ce costume avec délectation. L’ensemble de la distribution apporte au comédien Patrice Éboué de belles variations dans le jeu qui font de cet objet improbable un digne successeur francophone au Eating Raoul de Paul Bartel.
L’effet miroir court en arrière-plan tout au long de cette descente dans le crime où l’humour noir devient de plus en plus grand-guignolesque.