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Les graines du figuier sauvage

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 17 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des évènements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer.

 

CRITIQUE
Élie Castiel

★★★★


À bout

portant

Le décès de Mahsa Amini, probablement dû aux forces de l’ordre en Iran, établit le point central du nouveau Rasoulof, une œuvre dense, essentielle, provocatrice, encore une fois dénonciation du régime dans cette région du monde, depuis 1979.

Et pourtant, Les graines du figuier sauvage, titre français on ne peut plus évocateur, fidèle à une vision métaphorique du monde et plus particulièrement de la politique, propre au cinéma persan, ne partage pas cette amorce du film dans son parcours total.

Deux parties : d’une part, le soulèvement, non seulement en Iran, mais un peu partout dans le monde libre, et les réactions suite au décès tragique de Mahsa Amini, à l’intérieur d’un couple et leurs deux filles, dont le père, Iman (excellent Missagh Zareh) est finalement promu enquêteur au Tribunal révolutionnaire, à Téhéran. Pour les non-opposants au régime, un poste de rêve. Sauf que…

Les réactions de chacun des membres de la famille ne sont pas rapportées à ce pater familias plus tiède qu’autoritaire, bien que, et tout semble tout à fait normal. Repas, conversations sans grand fondement, anecdotes, longues journées de travail dues à la situation au pays. Et soudain, des problèmes au travail puisque Iman est chargé d’une mission aux aspects complexes dont il doute les conséquences.

Une sorte d’harmonie familiale.

Toute cette partie du film est maîtrisée tant sur la mise en scène, cérébrale, viscéralement apte à provoquer des comportements inattendus, comme la disparition du pistolet de l’enquêteur, point de départ de la deuxième partie du film, qu’il faut absolument comprendre dans toute son ambiguïté pour mieux apprécier la force du film.

Un second volet qui devient une course contre la montre entre le père de famille, la mère et les deux filles, du coup, devenues ennemies intimes contre le chef de famille. Pour le spectateur, une sorte de désorientation sur le plan de la continuité narrative du récit, dont fait preuve remarquablement (en plus de quelques moments d’archives pris à partir de cellulaires) le premier épisode du film.

Le dernier plan, magnifique, plus proche de l’art pictural que de la tragédie, et qu’on vous laisse le soin de découvrir, possède cette force de persuasion qui situe le cinéma iranien parmi les plus importants du monde. Mais cela, on le savait déjà depuis fort longtemps.

Un film intelligent, manipulateur en quelque sorte, mais d’une espèce de manœuvre dont les tours de magie se présentent comme parties tenantes de la même proposition.

À titre d’exemple, les parallèles exsangues entre la vision du père et celle du reste de la famille, la mère, elle, ne sachant vraiment où donner de la tête, car prise dans un engrenage de passion politique, de protection familiale et d’ambition professionnelle tant souhaitée pour le père.

Le dernier plan, magnifique, plus proche de l’art pictural que de la tragédie, et qu’on vous laisse le soin de découvrir, possède cette force de persuasion qui situe le cinéma iranien parmi les plus importants du monde. Mais cela, on le savait déjà depuis fort longtemps.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Mohammad Rasoulof

Scénario : Mohammad Rasoulof
Direction photo : Pooyan Aghababaei
Montage : Andrew Bird
Musique : Karzan Mahmoud

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
France / Iran
Allemagne
Année : 2024 – Durée : 2 h 48 min
Langue(s)
V.o. : persan; s.-t.f. / s.-t.a.
The Seed of the Sacred Fig
Dâne-ye anjir-e ma’âbed

Mohammad Rasoulof

Dist. [ Contact ] @
Entract Films
[ Elevation Pictures ]

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Parc
Cineplex

Classement
Interdit aux moins de 13 ans

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Nickel Boys

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 17 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
En Floride dans les années 1960,  un adolescent emprisonné se lie d’amitié avec un autre noir.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Jumeaux

dans

l’horreur

Dans une salle de l’infirmerie de l’institution dans laquelle ils sont tous deux détenus, un adolescent, assis dans une chaise roulante, parle avec un autre alité à la suite de mauvais traitements.

Les échanges sont en caméra subjective dans un format 4/3 ressemblant d’ailleurs à celui des appareils télé de la même époque. Les points de vue cinématographiques se passent naturellement de façon égalitaire entre ces deux individus qui ont fraternisé dans cet établissement carcéral pour jeunes, naguère appelé par calque de l’anglais, « École de réforme » au Québec. Le cinéaste RaMell Ross, par ailleurs photographe et professeur d’université, adapte ainsi avec Joslyn Barnes le roman éponyme de Colson Whitehead, gagnant du prix Pulitzer.

Élevé par sa grand-mère, Elwood grandit dans une Floride encore irriguée par une culture raciste. Il devient un étudiant reconnu au secondaire aidé par un professeur qui lui montre d’autres voies. Une erreur judiciaire décrite banalement le transporte rapidement dans cet établissement où les conditions de vie entre les Blancs et les Noirs incarcérés sont manifestement bien différentes. La plupart des séquences sont d’ailleurs courtes prenant l’allure par moments des rêves ou des souvenirs. Une rencontre à la cafétéria avec Turner est soulignée par la répétition d’une même scène du point de vue subjectif de ce nouvel interlocuteur. Se crée alors un binôme de visions verbalisées ensuite par les deux nouveaux collègues.

Ailleurs, l’herbe est plus verte.

L’Histoire s’immisce dans le déroulé de ce récit au moyen d’archives télévisuelles ou auditives. Un court passage d’animation dans un manuel d’histoire américaine et la présence incongrue d’un alligator dans cette région agricole participe à cette immersion dans un univers pas si éloigné de celui de The Color Purple (La couleur pourpre), le célèbre film de Spielberg.

Ethan Herisse et Brandon Wilson gardent une certaine retenue dans leurs interprétations, en accord avec les contraintes de vie de leurs personnages. L’émotion la plus soutenue vient d’Hattie, la grand-mère incarnée avec grandeur par Aunjanue Ellis-Taylor, soutien extérieur et perpétuel de ces laissés pour compte.

Allié à l’ingénieuse direction photo de Jomo Fray, le montage précis de Nicholas Monsour incruste des épisodes dans lesquels un des deux devenu adulte trouve sur Internet des informations sur cette Nickel Academy et rencontre un ancien. L’horreur imprimée dans ses chairs se conjugue ainsi avec des moments plus joyeux. Ethan Herisse et Brandon Wilson gardent une certaine retenue dans leurs interprétations, en accord avec les contraintes de vie de leurs personnages. L’émotion la plus soutenue vient d’Hattie, la grand-mère incarnée avec grandeur par Aunjanue Ellis-Taylor, soutien extérieur et perpétuel de ces laissés pour compte.

Le cinéaste confirme, par cette approche différente mais accomplie du long métrage sur la vie et la mort en prison, la promesse d’une nouvelle voix qu’avait apportée son documentaire Hale County This Morning, This Evening (2018).

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
RaMell Ross

Scénario : Ramell Ross; d’après le
roman éponyme de Colson Whitehead
Direction photo : Jomo Fray
Montage : Nicholas Monsour
Musique : Scott Alario, Alex Somers

Genre(s)
Drame social
Origine(s)
États-Unis
Année : 2024 – Durée : 2 h 20 min
Langue(s)
V.o. : anglais
Nickel Boys

RaMell Ross

Dist. [ Contact ] @
Cineplex Pictures
[ Amazon MGM Studios ]

Diffusion @
Cineplex

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

Okurimono

P R I M E U R
Sortie
Vendredi 17 janvier 2025

RÉSUMÉ SUCCINCT
Une Nippo-québécoise retourne dans sa ville natale pour vider sa maison familiale.

 

CRITIQUE
Luc Chaput

★★★ ½

Les

souvenirs

surprises

Dans un secteur surplombant la baie de Nagasaki, une femme prépare des boîtes pour un déménagement. Noriko est venue de Montréal pour se départir d’objets dans la maison qui l’a vue grandir en vue d’une vente immobilière.

Des membres de sa famille résidant plus ou moins loin, Noriko prépare avec ses sœurs les lots et regarde avec elles des photos de famille. Elle leur annonce avoir découvert, dans une boîte de maquillage, des lettres échangées pendant la guerre avec une femme de Tsushima. La narration de ses missives perçues comme un cadeau (titre en japonais du film) ramène la famille en été 1945 autour de la conflagration atomique du 9 août qui frappa cette agglomération secondaire japonaise.

Se rappeler du temps d’avant.

Les effets de cette bombe sur sa famille et sa région deviennent donc le fil central de ce long métrage. Les hibakushas n’ayant parlé que très peu à leurs proches de cette expérience horrible, la protagoniste, accompagnée de la réalisatrice, rencontre plusieurs de ces survivants de la bombe A filmés en 1:33 pour souligner le caractère intimiste de leurs propos.

La caméra de Sébastien Blais emploie un format plus large pour suivre Noriko dans ses travaux quotidiens, ses visites au cimetière et à divers lieux marquants et dans sa préparation d’un hommage familial pour un festival nocturne. Des plans de jardins ou de boisés alternent dans le montage ciselé de Marie-Pier Grignon avec des vues de cette ville construite en étages aux flancs de quelques montagnes.

Les effets de cette bombe sur sa famille et sa région deviennent donc le fil central de ce long métrage. Les hibakushas n’ayant parlé que très peu à leurs proches de cette expérience horrible, la protagoniste, accompagnée de la réalisatrice, rencontre plusieurs de ces survivants de la bombe A filmés en 1:33 pour souligner le caractère intimiste de leurs propos.

L’objectif garde ainsi une belle distance avec les divers interlocuteurs accumulant ainsi sans que cela ne paraisse pas trop de nombreuses informations pour ceux qui pourront les glaner. Le fameux poème de Noriko Ibaragi, Quand ma beauté rayonnait, sur l’adolescence en temps de guerre, s’immisce plus tard dans ce rappel du temps qui passe et des écheveaux familiaux.

La cinéaste a ainsi réussi un portrait intime sur les suites de cette tragédie si terriblement et magnifiquement décrite dans Pluie noire (Kuroi Ame), de Shohei Imamura.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Laurence Lévesque

Scénario : Laurence Lévesque; d’après
un poème de Noriko Ibaragi
Direction photo : Sébastien Blais
Montage : Marie-Pier Grignon
Musique : Wilhelm Brandl

Genre(s)
Documentaire
Origine(s)
Canada [Québec]
Année : 2024 – Durée : 1 h 37 min
Langue(s)
V.o. : multilingue; s.-t.f.
Okurimono

Laurence Lévesque

Dist. [ Contact ] @
SPIRA
[ Metafilms ]

Diffusion @
Cinéma du Musée
Cinémathèque québécoise

Classement
Visa GÉNÉRAL

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★
Bon. ★★ Moyen. Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]

1 47 48 49 50 51 861