Pieces of a Woman

PRIMEUR
[ Netflix ]
Sortie
Vendredi 22 janvier 2021

CRITIQUE.

texte
Élie Castiel

★★★

La longue séquence du début laisse envisager le plus beau, l’inattendu, ce que l’on voit rarement au cinéma. Il y a une tension, une idée nouvelle sur le (mélo)drame, une interprétation déchirante de la part des comédiens, qu’il s’agisse de Vanessa Kirby, étonnante, entière, d’une beauté radieuse même dans l’enfantement; mais surtout Shia LaBeouf, qu’on avait perdu de vue ces derniers temps; grandiose, prenant entre ses mains toutes le nuances du jeu d’interprétation, engagé dans sa classe sociale avec un extraordinaire sens de la répartie, virilité et sensibilité s’enchevêtrant l’une dans l’autre. Mais il y a surtout l’élégance de la photographie de Benjamin Loeb qui, dans des couleurs chaudes, invite à ces parcelles de vie en suspension.

Et puis, Kornél Mundruczó – dont certains se souviendront, entre autres, du LGBT This I Wish and Nothing More / Nincsen nekem vágyam semmi (2000) – change radicalement de cap, thème oblige; nous sommes presque dans un récit à part même si celui-ci est lié à l’original.

La mise en scène est moins intimiste, le huis clos disparaît par magie pour laisser la place à un rapport collectif, un regard vers l’autre, même si parfois troublant.

SUCCINCTEMENT
Anéantie à la suite d’un deuil, une jeune femme décide de se lancer dans un voyage intérieur. 

États d’âme

Intentionnellement, à l’image du drame qui se joue, le réalisateur s’invente un tournant chaotique, une façon pour nous d’entrer dans sa tête et essayer de comprendre ce qui se cache dans sa lecture du scénario de Kata Wéber, Hongroise comme lui et de la même génération, celle née au milieu des années 1970 et imprégnée d’un cinéma national hautement intellectuel, héritage des grands maîtres de l’âge d’or des cinémas de l’Est.

Puis, un coup que peu de réalisateurs se permettent : la présence de la grande Ellen Burstyn (entre autres, Cri de femmes / Kravyi Yinekón / A Dream of Passion (1978) de Jules Dassin, pour éviter le cliché de The Exorcist / L’exorciste (1973) de William Friedkin (… Cruising, 1980).

Intentionnellement, à l’image du drame qui se joue, le réalisateur s’invente un tournant chaotique, une façon pour nous d’entrer dans sa tête et essayer de comprendre ce qui se cache dans sa lecture du scénario de Kata Wéber, Hongroise comme lui et de la même génération, celle née au milieu des années 1970 et imprégnée d’un cinéma national hautement intellectuel, héritage des grands maîtres de l’âge d’or des cinémas de l’Est.

Un film aux multiples possibilités, mais dont Mundruczó choisit les origines théâtrales, signées par la scénariste. D’où cette brillante séquences au tribunal où Molly Parker, dans le rôle de la sage-femme accusée de négligence, réussit une partition riche en subtilités pourtant tues. Qu’ajouter d’autres sur Kirby et Burstyn, toutes deux impeccables. En revanche, on peut regretter le départ du personnage de LaBeouf, trop vite évacué, alors qu’il domine, de loin, la distribution.

Certains spectateurs, habitués aux récits éclatés, voire gigognes, trouveront bon compte dans cette production aux allures internationales; les autres émettront des réserves. Je me classe dans la première catégorie.

Une précision : le film a été tourné en grande partie à Montréal. On le sent à chaque quart de seconde.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Kornél Mundruczó

Scénario
Kata Wéber

Direction photo
Benjamin Loeb

Montage
Dávid Jancsó

Musique
Howard Shore

Genre(s)
Drame

Origine(s)
Canada / Hongrie

États-Unis
Année : 2020 – Durée : 2 h 06 min

Langue(s)
V.o. : anglais / s.-t.f. et autres
Fragments de femme

Dist. @
Netflix

Diffusion @
Netflix

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]