Presque

P R I M E U R
[ En Salle ]
Sortie
Vendredi 08 juillet 2022

Le FILM
de la semaine.

CRITIQUE.

★★★★ 

texte
Élie Castiel

La

meilleure

façon

de

marcher

Bernard Campan, l’acteur français qu’on aime toujours revoir, coréalisateur avec Didier Bourdon de quelques comédies, sauf pour l’inédit au Québec, en solo, La face cachée (2007). Aujourd’hui, en duo avec Alexandre Jollien (première coréalisation), pour un film qui affiche avec une grâce étonnante son côté grand public. Il n’est pas question d’éviter l’émotion, de s’empêcher d’exploiter des envolées lyriques dans les dialogues, d’inventer des principes philosophiques pour le droit à la différence, de discourir sur l’amitié entre Hommes sans préjugés, sans propos douteux ou antagonistes.

Plus que le « vivre-ensemble », c’est le « rester soi-même ensemble » que propose Presque, titre on ne peut plus générique pour ses diverses interprétations. Igor est handicapé, lit Nietzsche, s’abreuve de Spinoza, côtoie les penseurs Grecs de l’Antiquité par les livres et aurait voulu… il sait surtout comment se joindre aux communs des mortels en assumant sa différence. Il a le don pour la réplique suave et contre laquelle on n’y peut rien. Louis a suivi le même métier que son père, croquemort et directeur d’une société de pompes funèbres. Un mec comme tous les mecs.

Un rencontre fortuite. Quelques incidents de parcours entre le drame et la comédie. Un début de rapprochement, puis d’amitié. Entre ces étapes, des portraits de la nature humaine, ses défauts, ses faiblesses et parfois, sans qu’on s’y attende, des élans d’espoir, de possibilités d’envisager un meilleur futur.

La réalisation de Campan/Jollien fonctionne à merveille tant elle est faite une, l’un n’entravant pas les directives de l’autre, un duo qui manifeste haut et fort les moyens envisageables de la complémentarité.

Ce qui aurait pu engendrer un film plutôt lugubre (on parle après tout de pompes funèbres, de morts, de cimetières, d’urnes) se transforme comme par magie en une ode à la vie. Les lieux, les paysages, les intérieurs comme les extérieurs sont des endroits où tout devient possible, où s’affirmer n’est plus un tâche insurmontable, où le rapport aux autres est possible.

Cela se fait en inventant des textes où le ludique extrapole le moment poétique avec, comme résultat, un film qui dépasse la comédie dramatique habituelle. Apprendre à bouger, à marcher, à se rapprocher, à l’instar du dernier plan, d’une luminosité majestueuse. Plein de sens sur la machine humaine, sur ce qu’elle peut se permettre d’évacuer en ces temps où l’individualisme prime.

Leçon de morale, certes. En vérité, n’avons-nous pas vraiment besoin? C’est ce qui explique aussi que notre choix du « Film de la semaine » s’est porté sur Presque. Brillant!

Bernard Campan multiplie ici son registre avec une étonnante force de persuasion. Et Alexandre Jollien confirme sans efforts, muni de son talent inné, son charisme devant la caméra. Il réinvente le jeu d’interprétation que son handicap lui permet de valoriser en multipliant les diverses manipulations gestuelles. Il se permet ces envolées physiques par un simple moyen : être.

Leçon de morale, certes. En vérité, n’avons-nous pas vraiment besoin? C’est ce qui explique aussi que notre choix du « Film de la semaine » s’est porté sur Presque. Brillant!

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Réalisation
Bernard Campan
Alexandre Jollien

Scénario
Bernard Campan, Alexandre Jollien
Hélène Grémillon, Manuel Poirier

Direction photo
Christophe Offenstein

Montage
Annette Dutertre

Musique
Niklas Paschburg

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
France
Suisse

Année : 2021 – Durée : 1 h 32 min

Langue(s)
V.o. : français
Presque

Dist. [ Contact ] @
Les Films Opale

Classement
Visa GÉNÉRAL

Diffusion @
Cinéma Beaubien
Cineplex
[ Salles VIP : Interdit aux moins de 18 ans ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]