Seeker
@ CTD’A
| ARTS
de la Scène |
CRITIQUE
[ Théâtre ]
Élie Castiel
★★★★
Et si l’espace
détenait une part
philosophique?
Reprise d’une œuvre incontournable dans la salle intime du CTD’A, lieu où les effets miroirs en termes de créations scéniques québécoises se manifestent à un rythme ininterrompu. Seeker, après le succès en 2021, est reprise deux ans plus tard. Pièce de résistance par son contenu, inusité, et sa mise en scène, espace dramatique exigu oblige, épousant un minimalisme de circonstance.
L’épure et rien d’autre si l’on en juge par le travail effectué par Justin Laramée, au diapason avec le texte de Marie-Claude Verdier. Pour décor, située dans un futur éloigné, quelque chose comme un vaisseau spatial où le principal protagoniste, Lomond – brillant David Boutin qui mérite plus de présence sur scène comme au cinéma – interroge les devis techniques et intellectuels d’un tel mandat.
Et puis, avec la présence de son ex-femme, se livrent tous les deux à un discours sur la nécessité de partager une vie, même si un enfant est né de cette union. Sur ce plan, Karine Gonthier- Hyndman domine son personnage de Niamh avec un calme rassurant, dominant la situation, femme de son époque.
Tenir pendant une heure sans lâcher prise est un acte de contrition, non pas pour revenir à une quelconque divinité, mais à se reprendre soi-même, à se départir de ces multiples questionnements sur le travail qui les attend, notamment dans le cas de Lomond.
La première partie est faite de cris d’angoisses, de pulsions incontrôlables, de doutes passagers. D’incapacité de vivre dans un tel environnement.
Pour Marie-Claude Verdier, une odyssée dans un monde futuriste qui choisit le discours pour établir des idées de fond, qui nous échappent, certes, par leur caractère technique, le jargon lié à la science-fiction.
Et pourtant une idée simple : partager les souvenirs des autres que cette étrange météorite lilliputien proclame; étrange juxtaposition entre le terrestre et la planète rouge.
Seeker se penche surtout sur l’angoisse de l’inconnu, la peur du vide qu’il peut procurer. Ne pas savoir ce que cette mission tente de résoudre ou du moins ne pas saisir toutes les nuances.
Le jeu d’éclairages de Martin Labrecque participe de cet environnement particulier. Autant la scène que la disposition de la salle constituent un jumelage considérable. L’espace de jeu ressemble à une cage de verre et les spectateurs d’un côté ou de l’autre, des sortes de jurés habilités à mener un procès.
Moment de théâtre intellectuel, pièce sans concessions, expérimentale par sa forme, mais d’une étonnante énergie humaniste que le recours à la philosophie rend encore plus prenante.
L’amour est sans doute absent dans ce couple en rupture depuis quelque temps, mais indirectement, l’affectif qu’on peut encore ressentir, même froidement, se laisse découvrir à travers quelques simples gestes, expressions du visage, sans doute quelques mots jetés çà et là. Face ou face ou de dos, les deux protagonistes assistent activement à une joute existentielle qui ne peut prédire qu’elles seront les conséquences. Pendant ce temps, la mission doit rendre des comptes.
Moment de théâtre intellectuel, pièce sans concessions, expérimentale par sa forme, mais d’une étonnante énergie humaniste que le recours à la philosophie rend encore plus prenante.
FICHE ARTISTIQUE
Texte
Marie-Claude Verdier
Mise en scène
Justin Laramée
Assistance à la mise en scène
Jacinthe Nepveu
Interprètes
David Boutin
Karine Gonthier-Hyndman
Madeleine Péloquin
Scénographie & Accessoires
Odile Gamache
Éclairages
Martin Labrecque
Environnement sonore
Andréa Marsolais-Roy
Durée
1 h
[ Sans entracte ]
Diffusion & Billets @
Centre du Théâtre d’Aujourd’hui
[ Salle Jean-Claude-Germain ]
Jusqu’au 25 novembre 2023
ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. ★ Sans intérêt. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]