Synonymes

Semaine 02
du Ven 10 au Jeu 16 jan 2020

SUCCINCTEMENT
Ex-soldat d’élite israélien, Yoav part vivre à Paris, dans l’intention de tirer un trait sur son pays, et tout ce qu’il représente à ses yeux. Mais son installation dans la Ville-Lumière ne se fait pas sans heurts.

CRITIQUE

Élie Castiel

★★★ ½ 

Un Israélien à Paris

La critique spécialisée est divisée en ce qui a trait à Synonymes, le troisième long métrage de Nadav Lapid, auteur du Policier / Ha-shoter (2011) et de L’institutrice / Haganenet (2014) deux films annonçant un nouveau cinéma israélien, en quelque sorte damant le pion à celui, par exemple, d’Amos Gitaï, resté trop longtemps comme le représentant de cette cinématographie nationale.

Avec son moyen métrage La petite amie d’Émile / Ha-havera shel Emile (2006), Lapid portait un regard savoureux envers la francophonie et plus particulièrement la France. Ici, cette ouverture devient plus insistante car des choses se sont passées depuis ce temps en Israël, laissant le cinéaste encore plus déçu de son pays.

Avec le personnage alter-ego de Yoav (excellent Tom Mercier, comédien israélien), la rupture avec la mère patrie est d’autant plus virulente que le protagoniste insiste à ne plus parler hébreu lorsque l’occasion se présente. En toute connaissance de cause, Synonymes (jamais titre ne fut aussi catégorique – en déambulant, le protagoniste ne cesse de prononcer des mots qui signifient plus ou moins la même chose – présence des dictionnaires) est un film lent et long dont la caméra n’arrête pas de tourner autour de l’anti-héros, promenant son regard sur une Ville Lumière qu’il admire et qui l’accueille en revanche froidement. Sauf pour l’étrange couple que forment Émile (efficace Quentin Dolmaire) et Louise Chevillotte (pas toujours convaincante). Le premier qui nous donne l’impression qu’il tombe amoureux de l’étranger – la seconde qui finit par l’épouser pour qu’il obtienne la nationalité tant convoitée.

La froideur de la mise en scène repose essentiellement sur un questionnement sur le cinéma, sur la structure du plan, sa signification à l’intérieur d’un récit qui refuse la narration traditionnelle. Lapid se godardise dans certains de ces plans rapides et fragmentés et se permet également – ou est-ce mon imagination? – une légère attirance intellectuelle pour le Palestinien Elia Suleiman, tributaire d’un humour sophistiqué qui respire par la façon de présenter l’absurde et l’imaginaire.

L’image finale, d’une rigueur et d’une teneur extraordinaires, confirme jusqu’à quel point le cinéaste israélien met en évidence l’impossibilité de poétiser le réel en s’exilant vers un ailleurs. Le réel finit par nous rattraper.

La froideur de la mise en scène repose essentiellement sur un questionnement sur le cinéma, sur la structure du plan, sa signification à l’intérieur d’un récit qui refuse la narration traditionnelle.

FICHE TECHNIQUE PARTIELLE
Sortie
Ven 10 jan 2020

Réalisation
Nadav Lapid

Genre(s)
Comédie dramatique

Origine(s)
France – Israël
Allemagne

Année : 2019 – Durée : 2 h 04

Langue(s)
V.o. : anglais, français, hébreu ; s.-t.a. ou s.-t.f.
Synonyms
Milim Nirdafot

Dist. @
Cinéma du Parc
[ Kino Lorber ]

Classement
Interdit aux moins de 13 ans
[ Érotisme ]

En salle(s) @
Cinéma Beaubien
Cinéma du Musée
Cinéma du Parc
[ Cinéma Moderne / Horaire irrégulier ]

ÉTOILES FILANTES
★★★★★ Exceptionnel. ★★★★ Très Bon. ★★★ Bon.
★★ Moyen. Mauvais. 0 Nul.
½ [ Entre-deux-cotes ]